dimanche 14 juillet 2013

140 ans de mondialisation



Pour retracer l’histoire de la mondialisation commerciale, Subramanian et Kessler (2013) ont réalisé le graphique ci-dessus.

La logique est simple: chaque point sur une courbe représente un taux d’ouverture qui nous indique le poids des exportations de marchandises et/ou de services dans le PIB mondial.

Ex: en 2009, les exportations de biens et services représentaient 30% du PIB mondial.

On va s’intéresser au commerce de marchandises, non seulement parce qu’il court sur toute la période (1870-2010), mais aussi parce que les auteurs sont allés au delà des statistiques brutes.

En effet, afin d’exprimer les exportations de marchandises dans la même langue que le PIB mondial, c’est-à-dire en termes de richesse ou de valeur ajoutée, il faut recalculer la valeur des exportations en retirant les consommations intermédiaires utilisées pour leur fabrication.

Nous disposons donc de flux d’exportations bruts et nets (value added, dans le graphique).

Commençons par les exportations brutes de marchandises.

3 pics de mondialisation apparaissent:
  • 1913: les échanges mondiaux de marchandises représentent 16% du PIB mondial. Suite à la crise des années trente et aux deux conflits mondiaux, le taux d’ouverture retrouve ce niveau en 1974 (reglobalization).
  • 1980: 18% du PIB mondial.
  • 2008: 27% du PIB mondial. En 2010, les échanges de marchandises pèsent 3 fois qu’en 1870.

Passons aux exportations nettes de marchandises (en valeur ajoutée)
  • En termes de valeur ajoutée, les échanges de marchandises ne pèsent pas beaucoup en plus 2010 qu’en 1980 et 1913.
  • Plus l’histoire avance, plus le taux d’ouverture commercial exprimé en valeur ajoutée tend à s’écarter du taux d’ouverture exprimée en exportations brutes. En 2008, l’écart est de plus de 10 points. Ceci résulte de la fragmentation internationale des opérations de production, qui conduit à multiplier les flux de composants, enregistrés autant de fois qu’ils franchissent une frontière.

Echanges de services
  • Par eux mêmes, les services circulent beaucoup moins que les marchandises, puisque les exportations tertiaires ne représentent que 6% du PIB mondial en 2010. Leur mondialisation reste tributaire de celle des marchandises qui incorporent nombre de compétences tertiaires.
  • En revanche, parce que les services incorporent relativement peu de consommation intermédiaires, ils contribuent à amplifier la dynamique des flux commerciaux exprimés en valeur ajoutée.



L’article, d’une grande richesse, permet de zoomer sur les degré d’ouverture sectoriels (cf ci-dessus).
  • En 2010, 47% de la valeur ajoutée industrielle et agricole mondiale font l’objet d’une exportation, contre 33% en 1975.
  • L’internationalisation des services a progressé, mais reste modeste: 16% de la valeur ajoutée de ce secteur circulent à travers le monde, contre 9% en 1975.

Un regret: l’utilisation du terme "hyperglobalisation" pour désigner la période actuelle.

A trop sacrifier trop à la mode journalistique on ne prend pas en compte les limites de la mondialisation, relativement à celle du XIXième siècle, en particulier la moindre importance des flux migratoires.

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