dimanche 14 juillet 2013

Cours vidéo en ligne : "le MOOC ne remplace pas le travail en classe"

Les MOOCs, cours fil­més gra­tuits et ouverts à tous, comptent de plus en plus d'adeptes. Elodie Buronfosse, direc­trice des actions éduca­tives de France Télévisions, nous explique les prin­cipes du MOOC philo lancé cette année pour aider les lycéens à révi­ser le bac.

MOOC, com­ment ça se prononce ?

Doit-on dire un "mouc", un "moc", un "M-O-O-C" ? MOOC est l'acronyme de Massive Open Online Course (cours en ligne mas­sif et ouvert). En tant qu'expression anglo-saxonne, elle devrait donc se prononcer "mouc".

Pour les irré­duc­tibles du fran­çais, on trouve parmi les ten­ta­tives de fran­ci­sa­tion le roman­tique Apprentissage Massivement Ouvert en Réseau (AMOR), ou encore les COurs Ouverts Pour Tous (COOPT), qui tra­duit bien l'idée d'échange et de coopération.

Le MOOC est un mot à la mode dans le monde éduca­tif : com­ment définiriez-vous ce concept ?

La tra­duc­tion lit­té­rale de cet acro­nyme amé­ri­cain est : "cours en ligne ouvert à tous". Le prin­cipe est de pro­po­ser gra­tui­te­ment des cours fil­més sur des pla­te­formes web, donc enri­chis de textes, d'échanges...

Sur le site Francetv éduca­tion, un MOOC philo a été lancé en mai pour aider à révi­ser le bac. Pourquoi avoir choisi la phi­lo­so­phie, et pas un MOOC maths ou fran­çais par exemple ?

C'est un choix très ration­nel : la phi­lo­so­phie au bac est la matière qui a le tronc com­mun le plus vaste, avec 18 notions com­munes à toutes les filières. Nous avons donc pro­posé 18 séances de révi­sions, des vidéos de 28 minutes cha­cune, mises en ligne chaque soir vers 18h entre le 15 et le 27 mai. Les vidéos étaient accom­pa­gnées de texte, et sui­vies à 19h d'un chat avec un ensei­gnant pour appro­fon­dir. Ces vidéos sont tou­jours acces­sibles, et la pla­te­forme res­tera en ligne jusqu'en sep­tembre. Les vidéos seront ensuite reti­rées d'Internet pen­dant l'année sco­laire, car leur for­mat n'est adapté qu'aux révisions.

Qui a réa­lisé les cours en vidéo et assuré les chats d'approfondissement ?

La société de pro­duc­tion Pythagora, qui a élaboré le concept, nous a mis en rela­tion avec deux ensei­gnants de lycée prêts à se lan­cer dans cette aven­ture. L'un d'eux avait déjà fait une ten­ta­tive d'offre numé­rique orien­tée sur la philo. Ils ont été agréa­ble­ment sur­pris par la qua­lité des échanges sur le chat ; les retours d'autres pro­fes­seurs de phi­lo­so­phie ont aussi été très posi­tifs. Mais le dis­po­si­tif a néces­sité une forte impli­ca­tion des ensei­gnants et beau­coup de réflexion préa­lable : com­ment concen­trer en 28 minutes une notion abor­dée en 4 ou 5 heures au cours de l'année ?

Est-ce que l'avènement du MOOC pré­fi­gure pour vous "la mort des salles de classe", annon­cée par le pré­sident de l'université de Stanford, John L. Hennessy?

Je n'y crois pas du tout. Cela ne rem­place abso­lu­ment pas le tra­vail en classe, où l'activité est bien plus grande que der­rière un écran. A l'université, on trouve par­fois plu­sieurs cen­taines de per­sonnes dans un amphi, mal­gré tout la pré­sence phy­sique fait une grande dif­fé­rence. Et puis il n'y a pas de contrôle de connais­sances dans un MOOC.

Le prin­ci­pal avan­tage du MOOC est la vidéo : cela parle à la fois aux per­sonnes qui ont une mémoire audi­tive, et à ceux qui ont une mémoire visuelle grâce aux textes d'accompagnement. C'est un outil de plus mis à la dis­po­si­tion des ensei­gnants, n'importe qui peut le faire, il suf­fit d'avoir une web­cam. C'est juste une pra­tique péda­go­gique dif­fé­rente, com­plé­men­taire des cours tra­di­tion­nels. Autrement, ce ne serait plus que de l'enseignement à dis­tance, ce qui n'a rien de nouveau.

Combien d'élèves ont suivi le MOOC Philo de France Télévisions ?

Nous avons compté plus de 8.000 par­ti­ci­pants qui se sont ins­crits au fur et à mesure, avec un pic le der­nier jour – la veille du bac. Nous nous atten­dons à un autre pic de connexion avant les oraux de rat­tra­page.

Avec autant de can­di­dats inté­res­sés, allez-vous repro­duire l'expérience l'an prochain ?

Ce sont des résul­tats concluants pour une expé­ri­men­ta­tion, mais nous n'avons pas encore décidé ce que nous ferons l'an pro­chain. En tout cas, le bud­get néces­saire est trop impor­tant pour l'étendre à toutes les disciplines.

Est-ce que les par­ti­ci­pants ont le sen­ti­ment d'avoir mieux réussi l'épreuve de philosophie ?

Nous avons prévu de poser la ques­tion, de leur deman­der leur note. Mais nous nous atten­dons à ce que les résul­tats soient biai­sés : les élèves assi­dus au MOOC étaient pro­ba­ble­ment déjà assi­dus en classe...

Quentin Duverger
03.07.2013

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