mardi 16 juillet 2013

Quand l'exploitation du gaz de schiste fait trembler la terre...

Selon une étude publiée dans la revue Science, les fracturations hydrauliques liées à l'exploitation des ressources naturelles pourraient provoquer des tremblements de terre.

Les séismes d’une magnitude de 2 ou moins, qui peuvent difficilement être ressentis, sont souvent produits par la fracturation hydraulique. Crédit Reuters










Un tremblement de terre survenu à des milliers de kilomètres peut provoquer pendant des mois une multitude de secousses de faible ampleur dans les zones où est utilisée la fracturation hydraulique, au risque de provoquer l'effondrement de bâtiments. Le tremblement de terre de Maule, au Chili en février 2010, d'une magnitude de 8,8, a déclenché 16 heures plus tard une secousse de magnitude 4,4 à Prague, dans l'Oklahoma, site d'exploitation du champ gazier de Wilzetta, conclut une nouvelle étude scientifique américaine. 

Publiée le 11 juillet dans la revue Science, l'article coécrit par des chercheurs des laboratoires sismiques de Columbia ravive le débat sur les dangers de la fracturation hydraulique, déjà utilisée de manière intensive aux Etats-Unis mais interdite en France. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a d'ailleurs réaffirmé cette interdiction le même jour, après les propos de son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, suggérant la création d'une compagnie publique de prospection des gaz de schiste. 

Aux Etats-Unis, l'Agence de protection de l'environnement (EPA) réalise actuellement une étude sur les effets de cette technique qui nécessite d'injecter dans le sol des quantités massives d'eau pour fracturer la roche en sous-sol et permettre au gaz de s'échapper. Il se trouve que, par la suite, une fois que le gaz ou le pétrole sont récoltés, les eaux usées sont réinjectées ou restent dans le sous-sol. D'après les chercheurs, ces eaux pourraient alors avoir un lien avec une augmentation de l'activité sismique. 

Les séismes provoqués par les opérations de fracturation sont susceptibles d'atteindre une magnitude proche de 5,0. A ce niveau de l'échelle de Richter mesurant l'intensité des secousses, des bâtiments de mauvaise qualité ou anciens peuvent être endommagés, voire s'écrouler. Les séismes d’une magnitude de 2 ou moins, qui peuvent difficilement être ressentis, sont souvent produits par la fracturation hydraulique, d’après le géologue William Ellsworth de l’US Geological Survey, un expert des séismes qui n’a pas été impliqué dans l’étude. 

L'auteur principal de l'étude, Nicholas van der Elst, de l'Université de Columbia, constate une nette hausse de l'activité sismique bien que "chaque cas individuel puisse être une coïncidence". Quand on commence à observer de façon systématique, "on peut dire avec plus de certitude qu'il y a réellement une relation de cause à effet", a t-il ajouté. Selon ce scientifique et ses collègues, on constate une nette augmentation de l'activité sismique au centre des États-Unis avec 300 séismes de magnitude 3 ou plus entre 2010 et 2012 contre seulement 21 par an en moyenne entre 1967 et 2000. Or, cette augmentation coïnciderait avec le développement de l'exploitation du gaz de schiste et la très critiquée fracturation hydraulique.

Publié le 16 juillet 2013

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