jeudi 4 août 2011

Les défis de l'industrialisation

Les plans de développement menés depuis 2005 ont permis de structurer les secteurs clés et d’attirer les investissements. Pour se maintenir dans la course et doper la croissance, des efforts restent à faire, notamment en matière de formation.

Tout un symbole : cette année, au Maroc, les Assises de l’industrie ont immédiatement succédé aux Assises de l’agriculture, comme si on passait d’une grande orientation à une autre. La grand-messe de l’agriculture s’est tenue le 26 avril à Meknès, qui l’accueille régulièrement depuis 2008. Meknès, autant dire la province, le bled… Quant aux Assises de l’industrie, dont c’était la deuxième édition, elles ont mobilisé, le 5 mai, près de 2 000 personnes à Casablanca, la capitale économique du pays, au cœur de l’action en somme.

Tournant décisif
L’élite du monde politique, les banquiers, les entrepreneurs, les patrons des grands groupes et des grands offices ­semi-étatiques, tous se pressaient autour du roi, qui avait tenu à présider lui-même l’événement, comme pour mieux souligner le tournant décisif qu’il entendait donner à son pays. Son père, Hassan II, avait accordé une attention constante à l’agriculture, martelant le slogan du « million d’hectares irrigués en l’an 2000 » – objectif atteint en 1997 – et devenant lui-même l’un des premiers producteurs du pays grâce aux Domaines Royaux. Hassan II avait mis en place une ambitieuse « politique des barrages », là où le voisin algérien s’était lancé dès l’indépendance dans une industrialisation peut-être mal conçue (les fameuses « industries industrialisantes ») et qui sera par la suite très décriée. Avec le recul, il était sans doute plus sage de commencer par le maintien et la modernisation de l’agriculture.

Changement de stratégie
Cependant, plusieurs facteurs ont incité le Maroc à changer de stratégie au cours de la décennie écoulée. Tout d’abord, l’agriculture ne peut pas absorber les centaines de milliers de jeunes qui entrent chaque année sur le marché de l’emploi. D’ailleurs, l’exode rural, qui n’a pas cessé depuis les années 1970, fait qu’il s’agit maintenant en majorité de citadins éduqués, au moins partiellement, et dont on voit mal comment ils pourraient « retourner à la terre ». Autre facteur déterminant, la mondialisation et les accords signés par le Maroc, de libre-échange avec les États-Unis, notamment, et d’association avec l’Union européenne, lui ont ouvert d’immenses marchés potentiels. Les success stories d’industrialisation, asiatiques ou latino-américaines, ont convaincu les plus sceptiques : après tout, Tanger est bien plus proche de l’Europe que Séoul ou Santiago…

Émergence

C’est ainsi qu’un plan ambitieux baptisé Émergence fut conçu, il y a une dizaine d’années, avec l’aide du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, et présenté en décembre 2005 par le Premier ministre de l’époque, Driss Jettou. Ce plan visait la mise à niveau de l’industrie, sa modernisation et l’amélioration de sa compétitivité. Surtout, il programmait l’entrée volontariste et ordonnée dans sept « métiers » prometteurs : l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, l’agroalimentaire, les produits de la mer et le textile – ces trois derniers secteurs n’étant d’ailleurs pas complètement inconnus au royaume. Cette stratégie fut complétée par un nouveau plan, dit Envol, présenté en 2008 et qui ajouta trois nouveaux secteurs à Émergence : la biotechnologie, la microélectronique et la nanotechnologie.

04/08/2011 à 15h:26 Par Fouad Laroui

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