Une équipe regroupant des chercheurs de l'IRD (Institut de recherche pour le développement), de Météo-France et du Legos (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiale) viennent de mettre en évidence un des moteurs d'El Niño, considéré comme le phénomène météorologique et océanographique ayant la plus grande influence sur le climat planétaire. Et qui permettra de mieux le prévoir.
El Niño, «l'Enfant-Jésus», identifié à l'origine par des pêcheurs péruviens et chiliens pour cause de mauvaise pêche, se traduit par des températures anormalement élevées dans le Pacifique central le long de l'équateur : il influe fortement sur les routes des cyclones tropicaux et agit sur les précipitations comme sur les sécheresses un peu partout dans le monde.
Publiés dans la revue japonaise «Scientific Letters of the Atmosphere», les travaux des chercheurs français permettent donc de mieux comprendre comment se déclenche cette anomalie climatique sur la base de deux éléments : la salinité et la couleur de l'eau. «El Niño prend naissance lorsque se déplace l'immense réservoir d'eau chaude situé dans le Pacifique tropical ouest et qui a été baptisé “warm pool”», expliquent les chercheurs. «Il s'agit d'une masse d'eau moins salée que le reste de l'océan car recevant beaucoup de pluie. Elle est de la taille de l'Europe occidentale et elle avance comme une grosse lentille poussée par les vents», précise Christophe Maes, chercheur de l'IRD au Legos. Cette warm pool repose en quelque sorte sur une couche d'eau à quelques dizaines de mètres de profondeur qui, du fait de sa forte concentration en sel, empêche que les masses d'eau se mélangent «et limite ainsi les échanges de chaleur entre les différentes couches océaniques» , précise l'étude. Cette «barrière de sel» joue donc un rôle important dans le déclenchement du phénomène El Niño .
La dérive de cette warm pool est relativement complexe à suivre sachant qu'elle peut se déplacer sur quelque 5 000 kilomètres. Or, la deuxième démonstration des chercheurs est qu'elle peut être détectée par satellite du simple fait de la différence de couleur entre les masses d'eau. À cause de la chaleur de l'eau, «la warm pool contient très peu de chlorophylle», commente Joël Sudre, ingénieur chercheur au Legos. «Les eaux adjacentes sont plus vertes que celles du réservoir du fait d'une forte concentration des eaux de surface en chlorophylle», confirme l'étude.
Aujourd'hui, les chercheurs savent anticiper El Niño de six mois à un an à l'avance. Des connaissances de plus en plus précieuses pour tenter de prévenir les conséquences de ce type d'événement climatique.
Source : IRD
Vendredi, 26 Août 2011 15:30
http://www.catnat.net/gestion-des-risques/gestion-risques-monde/connaissances-des-risques/12830-des-chercheurs-francais-mettent-en-lumiere-un-des-moteurs-du-phenomene-el-nino
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