Par Jean-François HaïtPublié le 13-07-2015 à 08h00
C'est l'avis de Ted Molczan, un membre du réseau mondial d'observation des satellites militaires. Un extrait de "Science et guerre", le hors-série 182 de Sciences et Avenir.
En 2011, un lancement de satellite d'observation pour le renseignement américain. © Bryan Walton/AP/SIPA
Cet entretien est un extrait du hors-série 182 de Sciences et Avenir "Science et guerre" (daté juillet/ août 2015, voir en bas de cette page). Il est tiré de l'article "Guerre froide sur orbite", signé Jean-François Haït.
Sciences et Avenir : Vous faites partie d’un groupe qui pense avoir découvert au moins un satellite furtif...
Ted Molczan : Nous sommes en effet une vingtaine d’amateurs de par le monde à observer les satellites militaires et publier les caractéristiques de leurs orbites. À partir de 1998, nous avons repéré dans le ciel des flashes très brillants, qui ne correspondaient à aucune orbite de satellite connue. Nous pensons qu’ils ont été émis par Prowler, un engin dont l’existence a filtré mais dont le lancement, en violation des traités internationaux, n’a jamais été déclaré par les États-Unis, et qui a sans doute été mis sur orbite par la navette spatiale Atlantis en 1990. Il devait être capable de se rapprocher des satellites géostationnaires militaires, notamment russes, afin de recueillir un maximum de renseignements sur leur activité.
Comment faisait-il pour passer inaperçu ?
Probablement grâce à un jeu de miroirs, une technologie testée dans les années 1970. Pointés précisément selon un certain angle vers le pays qui aurait cherché à détecter Prowler, en l’occurrence la Russie, ces miroirs auraient reflété… le noir de l’espace, et donc, on n’aurait rien vu ! Mais quand un satellite arrive en fin de vie, son orbite se modifie naturellement. Si le système de miroirs ne se replie pas, ceux-ci finissent par refléter le Soleil, et l’engin devient alors très visible.
Certains vous ont accusés de menacer la sécurité nationale. Que répondez-vous ?
L’espace n’appartient à personne ! Par ailleurs, révéler a posteriori l’existence de satellites furtifs comme celui-ci (1), ou l’orbite de satellites espions actifs dont l’existence est connue, ne menace en rien la sécurité nationale. De toute façon, il est aujourd’hui difficile de rester caché dans l’espace !
1. Un second exemplaire de Prowler aurait été lancé en 1999.
L'édito de Dominique Leglu pour "Science et guerre", le hors-série 182 de Sciences et Avenir
1 gramme d'antimatière = 3 Hiroshima
http://www.sciencesetavhttp://www.sciencesetavhttp://www.sciencesetavwww.sciencesetavenir.fr/espace/20150710.OBS2471/dans-l-espace-personne-ne-peut-rester-cache.html
C'est l'avis de Ted Molczan, un membre du réseau mondial d'observation des satellites militaires. Un extrait de "Science et guerre", le hors-série 182 de Sciences et Avenir.
En 2011, un lancement de satellite d'observation pour le renseignement américain. © Bryan Walton/AP/SIPA
Cet entretien est un extrait du hors-série 182 de Sciences et Avenir "Science et guerre" (daté juillet/ août 2015, voir en bas de cette page). Il est tiré de l'article "Guerre froide sur orbite", signé Jean-François Haït.
Sciences et Avenir : Vous faites partie d’un groupe qui pense avoir découvert au moins un satellite furtif...
Ted Molczan : Nous sommes en effet une vingtaine d’amateurs de par le monde à observer les satellites militaires et publier les caractéristiques de leurs orbites. À partir de 1998, nous avons repéré dans le ciel des flashes très brillants, qui ne correspondaient à aucune orbite de satellite connue. Nous pensons qu’ils ont été émis par Prowler, un engin dont l’existence a filtré mais dont le lancement, en violation des traités internationaux, n’a jamais été déclaré par les États-Unis, et qui a sans doute été mis sur orbite par la navette spatiale Atlantis en 1990. Il devait être capable de se rapprocher des satellites géostationnaires militaires, notamment russes, afin de recueillir un maximum de renseignements sur leur activité.
Comment faisait-il pour passer inaperçu ?
Probablement grâce à un jeu de miroirs, une technologie testée dans les années 1970. Pointés précisément selon un certain angle vers le pays qui aurait cherché à détecter Prowler, en l’occurrence la Russie, ces miroirs auraient reflété… le noir de l’espace, et donc, on n’aurait rien vu ! Mais quand un satellite arrive en fin de vie, son orbite se modifie naturellement. Si le système de miroirs ne se replie pas, ceux-ci finissent par refléter le Soleil, et l’engin devient alors très visible.
Certains vous ont accusés de menacer la sécurité nationale. Que répondez-vous ?
L’espace n’appartient à personne ! Par ailleurs, révéler a posteriori l’existence de satellites furtifs comme celui-ci (1), ou l’orbite de satellites espions actifs dont l’existence est connue, ne menace en rien la sécurité nationale. De toute façon, il est aujourd’hui difficile de rester caché dans l’espace !
1. Un second exemplaire de Prowler aurait été lancé en 1999.
L'édito de Dominique Leglu pour "Science et guerre", le hors-série 182 de Sciences et Avenir
1 gramme d'antimatière = 3 Hiroshima
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