mercredi 3 août 2011

Suisse : Accueil mitigé des étudiants étrangers

La Conférence universitaire suisse renonce à des règles nationales au sujet de la limitation du nombre d'étudiants venant d'autres pays.

Certaines écoles supérieures veulent limiter leur accès aux étudiants étrangers de peur de mettre en danger leur réputation d'excellence. Jens-Ulrich KochLe fossé culturel entre Suisse latine et Suisse alémanique ne sera pas comblé de sitôt dans l'espace universitaire helvétique. Comme l'a révélé la Radio suisse alémanique, la Conférence universitaire suisse (CUS) a renoncé à édicter des règles nationales au sujet de la limitation du nombre d'étudiants étrangers dans les hautes écoles, et laisse donc libres les rectorats de fixer des conditions d'admission. Une décision qui sonne comme un aveu d'impuissance à concilier des approches très différentes entre les diverses régions du pays.

On pourrait même - pour une fois - parler d'une vraie barrière de rösti entre universités romandes et alémaniques. Outre-Sarine, plusieurs hautes écoles se sentent en effet sous la pression d'un afflux d'étudiants étrangers, principalement allemands, dont le niveau jugé plus faible mettrait en danger leur réputation internationale d'excellence.

Ainsi, l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a annoncé vouloir limiter, dans certaines filières, l'accès au master (le tronc supérieur de deux ans prévu dans le système européen de Bologne et qui suit le bachelor, obtenu après trois ans).

Plafond à 25% à St-Gall

Seule à déjà être passée à l'acte, l'Université de Saint-Gall plafonne pour sa part à 25% la part d'étudiants étrangers dans ses effectifs. Une mesure controversée mais parfaitement légale, selon un avis de droit demandé par la Conférence des recteurs des universités suisses et rendu public par la "NZZ am Sonntag". Ce document avalise l'introduction d'un numerus clausus pour les étrangers en cas de problème aigu de places. Quant à l'augmentation des taxes d'étudiants pour les non-Suisses (entendu par là, qui ne possèdent pas de maturité fédérale), elle ne contrevient à aucun accord international conclu par la Suisse, estiment les experts. Les universités, poursuit l'avis de droit, ne sont pas tenues "de former des étudiants étrangers contre des taxes se situant largement en dessous des coûts effectifs."

Le Grand conseil zurichois appréciera, lui qui a voté, sur proposition de l'UDC et du Parti démocrate-chrétien, une hausse des taxes d'étude pour les étrangers à l'Uni de Zurich, où ils forment 13% des inscrits. Bien que jugées conformes par cet avis de droit, les restrictions d'accès soulèvent des craintes. "Si nous discriminons les étudiants de l'Union européenne, nous envoyons un mauvais signal", déclare à la "NZZ am Sonntag" Antonio Loprieno, recteur de l'Université de Bâle et président de la Conférence des recteurs des universités suisses, qui redoute des mesures de représailles.

Le non des Romands

A nouveau, Bâle s'affiche aux côtés de la Suisse latine. Car de ce côté-ci de la Sarine, les quotas n'ont pas la cote. A Fribourg (18% d'étudiants étrangers), Neuchâtel (20%), Lausanne (22% en master), Genève (plus de 30%) ou à l'EPFL (plus de 50%).

Lors du dernier Dies academicus, le recteur de l'Université de Fribourg Guido Vergauwen avait ainsi clairement affirmé que pour lui, "il n'est pas judicieux de vouloir limiter l'accès des étudiants étrangers. Personnellement, j'y suis totalement opposé." A Neuchâtel, on estime que "cette diversité culturelle est une grande richesse".

2 août 2011 - SERGE GUMY

http://www.lenouvelliste.ch/fr/news/suisse/accueil-mitige-des-etudiants-etrangers-10-318151

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