Par Thibaut Cavaillès
Mis à jour le 29/07/2012 à 19:08 | publié le 29/07/2012 à 18:51
Houssine Dimassi, ministre des finances démissionnaire, dénonce la «politique électoraliste de la plupart des membres du gouvernement», qui a pour conséquence, selon lui, de faire «exploser les dépenses de l'État». Crédits photo : FETHI BELAID/AFP
La deuxième démission d'un ministre en moins d'un mois fragilise la coalition au pouvoir.
Le 13 juillet dernier, Moncef Marzouki ravalait sa fierté pour faire état de la «forte cohésion» régnant au sein de l'équipe au pouvoir composée du parti islamiste Ennahda et de deux partis de centre gauche, Ettakatol et le Congrès pour la république (CPR).
Fin juin, le président tunisien avait pourtant vertement critiqué la décision du chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali, d'extrader l'ex-premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi sans le consulter. Vendredi dernier, les tensions ont rebondi avec la démission du ministre des Finances, Houssine Dimassi (indépendant), le deuxième ministre à claquer la porte depuis l'entrée en fonction du gouvernement. Le 30 juin, Mohammed Abbou avait déjà jeté l'éponge. À la tête du ministère de la Réforme administrative, issu du CPR, le parti de Moncef Marzouki, Mohammed Abou reprochait au gouvernement une attitude trop laxiste dans la lutte contre la corruption.
Dans sa lettre de démission rendue publique, Houssine Dimassi explique sa démission par des «désaccords grandissants» avec le gouvernement en matière de politique économique, monétaire et sociale. M. Dimassi dénonce la «politique électoraliste de la plupart des membres du gouvernement», qui a pour conséquence, selon lui, de faire «exploser les dépenses de l'État». Ces «dérapages» ont, d'après lui, pour «objectif de gagner la sympathie de certaines catégories sociales dans la perspective des prochaines élections».
Autre reproche fait au gouvernement: un projet de loi visant à indemniser ou offrir des postes dans la fonction publique à d'anciens prisonniers islamistes. Selon Houssine Dimassi, cette loi «aura pour conséquence d'engager des dépenses additionnelles asphyxiantes pour les finances publiques». Le limogeage, qualifié d'«inique», du gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli, le 18 juillet, lui est également resté en travers de la gorge. De même que la nomination de son successeur, Chédli Ayari, sans que lui-même, ministre des Finances, soit consulté.
Tentation hégémonique
Dans un communiqué, le premier ministre, Hamadi Jebali, a accepté la démission de Houssine Dimassi, se défendant sur certains points et évoquant des divergences d'opinion. Ce nouvel incident au sein de la troïka prouve qu'il est difficile de siéger dans un gouvernement aux mains d'Ennahda. Le «mouvement de la renaissance» est d'autant plus réticent à partager le pouvoir qu'il a été interdit sous Ben Ali. Aussi, à la mi-juillet, lors du congrès d'Ennahda, l'annonce par son leader Rached Ghannouchi d'un remaniement gouvernemental imminent a surpris. Rached Ghannouchi n'occupe aucune fonction officielle au sein de l'exécutif.
Cette tendance du parti Ennahda à phagocyter l'appareil d'État n'est pas sans rappeler, selon certains observateurs, le comportement de l'ancien RCD de Ben Ali.
http://www.lefigaro.fr/international/2012/07/29/01003-20120729ARTFIG00163-bisbilles-au-sein-du-gouvernement-tunisien.php
Houssine Dimassi, ministre des finances démissionnaire, dénonce la «politique électoraliste de la plupart des membres du gouvernement», qui a pour conséquence, selon lui, de faire «exploser les dépenses de l'État». Crédits photo : FETHI BELAID/AFP
La deuxième démission d'un ministre en moins d'un mois fragilise la coalition au pouvoir.
Le 13 juillet dernier, Moncef Marzouki ravalait sa fierté pour faire état de la «forte cohésion» régnant au sein de l'équipe au pouvoir composée du parti islamiste Ennahda et de deux partis de centre gauche, Ettakatol et le Congrès pour la république (CPR).
Fin juin, le président tunisien avait pourtant vertement critiqué la décision du chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali, d'extrader l'ex-premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi sans le consulter. Vendredi dernier, les tensions ont rebondi avec la démission du ministre des Finances, Houssine Dimassi (indépendant), le deuxième ministre à claquer la porte depuis l'entrée en fonction du gouvernement. Le 30 juin, Mohammed Abbou avait déjà jeté l'éponge. À la tête du ministère de la Réforme administrative, issu du CPR, le parti de Moncef Marzouki, Mohammed Abou reprochait au gouvernement une attitude trop laxiste dans la lutte contre la corruption.
Dans sa lettre de démission rendue publique, Houssine Dimassi explique sa démission par des «désaccords grandissants» avec le gouvernement en matière de politique économique, monétaire et sociale. M. Dimassi dénonce la «politique électoraliste de la plupart des membres du gouvernement», qui a pour conséquence, selon lui, de faire «exploser les dépenses de l'État». Ces «dérapages» ont, d'après lui, pour «objectif de gagner la sympathie de certaines catégories sociales dans la perspective des prochaines élections».
Autre reproche fait au gouvernement: un projet de loi visant à indemniser ou offrir des postes dans la fonction publique à d'anciens prisonniers islamistes. Selon Houssine Dimassi, cette loi «aura pour conséquence d'engager des dépenses additionnelles asphyxiantes pour les finances publiques». Le limogeage, qualifié d'«inique», du gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli, le 18 juillet, lui est également resté en travers de la gorge. De même que la nomination de son successeur, Chédli Ayari, sans que lui-même, ministre des Finances, soit consulté.
Tentation hégémonique
Dans un communiqué, le premier ministre, Hamadi Jebali, a accepté la démission de Houssine Dimassi, se défendant sur certains points et évoquant des divergences d'opinion. Ce nouvel incident au sein de la troïka prouve qu'il est difficile de siéger dans un gouvernement aux mains d'Ennahda. Le «mouvement de la renaissance» est d'autant plus réticent à partager le pouvoir qu'il a été interdit sous Ben Ali. Aussi, à la mi-juillet, lors du congrès d'Ennahda, l'annonce par son leader Rached Ghannouchi d'un remaniement gouvernemental imminent a surpris. Rached Ghannouchi n'occupe aucune fonction officielle au sein de l'exécutif.
Cette tendance du parti Ennahda à phagocyter l'appareil d'État n'est pas sans rappeler, selon certains observateurs, le comportement de l'ancien RCD de Ben Ali.
http://www.lefigaro.fr/international/2012/07/29/01003-20120729ARTFIG00163-bisbilles-au-sein-du-gouvernement-tunisien.php
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