Écrire et publier sur Internet ? Un exercice motivant pour les élèves de seconde du lycée Alphonse-Benoît de l’Isle-sur-la-Sorgue que deux enseignants ont souhaité mettre en place. Retour sur cette expérience.
De l’atelier d’écriture en classe… à la publication en ligne
Dès la rentrée, les élèves d’une classe de seconde générale et technologique du lycée Alphonse-Benoît, de l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, participent en cours de français à des ateliers d'écriture. L’enseignant-documentaliste et l’enseignante de lettres ont en effet décidé de collaborer ensemble avec le projet de publier les créations des élèves sur Internet. Cet objectif est valorisant pour ces derniers qui voient ainsi leur travail mis en avant en devenant visible pour leurs proches. C’est un exercice motivant qui a montré que l’utilisation du numérique facilite l’adhésion des adolescents au projet, et permet d’utiliser dans le cadre scolaire les nouvelles possibilités induites par les évolutions technologiques du Web 2.0. C’est aussi pour les élèves une belle occasion de valider plusieurs items du B2I.
La Souris à Plumes, blog littéraire du projet
Pour publier les travaux des élèves, c’est l’outil « blog » qui a été choisi. En l'absence d'un site web d'établissement, il fallait mettre en place un support technique facile à administrer, capable d'accueillir plusieurs dizaines de textes. Le blog répond à cette exigence : ce type d’outil permet la publication aisée de textes courts qui peuvent être ensuite classés par catégories, en fonction des thématiques d’écriture. La majorité des productions littéraires à publier est autobiographique ou à la première personne, en phase avec l'esprit « journal intime » des premiers blogs. En outre, il reste l’un des médias les plus utilisés par les adolescents sur le Web (notamment au travers de la plate-forme Skyrock Blogs), même s’il a, depuis quelques années, perdu son hégémonie dans les pratiques, détrôné par le réseau social Facebook.Emblématique des nouvelles possibilités d’expression du Web, son utilisation scolaire peut donc être envisagée sous l'angle de l'éducation à l'information et du développement d'une publication adolescente éclairée. La création du blog a été négociée avec le proviseur, responsable juridique de tout contenu publié dans le cadre de l'établissement.
Sur le plan technique, choisir l’outil s’est fait en fonction de critères éducatifs : la gratuité, l'absence totale de publicité, le caractère non commercial de la plate-forme ; sans oublier les possibilités d'organisation de l'information (création d’un menu notamment) et le contrôle des commentaires ajoutés. L'aspect graphique, important pour les adolescents, n’a pas été oublié. La plate-forme d’hébergement de blogs Wordpress[1]remplit ces conditions, et permet en outre une gestion avancée des droits d'utilisation (les élèves mettent ainsi en ligne leurs textes en autonomie, bien que les enseignants valident ou non chaque publication), tout en offrant une prise en main facile.
Une nouvelle culture de l’écrit est nécessaire
Le blog, et plus généralement l’usage en classe des outils numériques, met en avant la question du rapport à l’écrit des élèves, dans un monde où le livre ne bénéficie plus de son aura passée. Doit-on en effet voir les pratiques numériques (associées dans l’imaginaire aux écrans, aux clics et aux icônes) comme opposées à l’écrit ? Ne faut-il pas plutôt envisager la fameuse « révolution numérique » avant tout comme une évolution de l’écrit ? En effet, le Net, depuis sa naissance, est marqué par l’usage de la langue écrite : courriel, messagerie instantanée (chat), blogs, réseaux sociaux… Même si la dimension multimédia est là, ces outils sont d’abord des médias où l’on lit, où l’on écrit. On sait que les pratiques de loisirs des adolescents sont de plus en plus liées au numérique.
Nos élèves, que certains qualifient de « natifs du numérique », ont toujours massivement recours à l’écrit pour communiquer (SMS, messages sur les « murs » Facebook, etc.). La question essentielle n’est-elle donc pas plutôt celle des registres et du niveau de langue utilisés, en même temps que celle de la maîtrise du contexte dans lequel l’élève lit ou écrit ? La culture de l’écrit transmise à l’école doit, selon nous, s’adapter à ces contextes nouveaux et complexes. L’écriture comme la lecture ne se limitent pas à l’émission ou à la réception d’informations via des signes graphiques.
Le message s’inscrit dans un contexte culturel où sont mobilisés des codes intériorisés, des pratiques, dont la maîtrise de la langue ne peut pas faire abstraction. De Wikipédia aux Skyblogs, en passant par Twitter, tous ces médias plébiscités par les jeunes passent par l’écrit mais en modifient les formes (blog, wiki, tweet…) et l’écriture devient alors interactive, collaborative… Mais si à l’heure où l’écrit a conquis le numérique, publier en ligne devient aussi facile que d’emprunter un livre au CDI, l’exigence de formation est primordiale.
Une séquence pédagogique pour former à ce qu’est publier aujourd’hui
En classe, on peut utiliser l’écrit numérique comme n’importe quelle forme d’écrit, les possibilités de valorisation du travail des élèves par la publication sur un intranet ou sur Internet en plus. Dans le cadre du projet mené, nous avons choisi d’en envisager les spécificités : qu’est-ce que l’écrit numérique change, en termes de publication, d’écriture, qu’est-ce qu’il conditionne dans notre façon d’écrire ou de lire ? Nos élèves vivent dans un univers hybride marqué à la fois par l’imprimé et le numérique. En effet, une fois déconnectés de leur réseau social favori, ils sortent de leur sac le roman étudié en classe, et iront bientôt avec leurs enseignants rencontrer auteurs et éditeurs au salon du livre local, d’où ils « tweeteront » leurs impressions. Il s'agit donc de partir des pratiques des élèves, et d'en extraire des éléments significatifs sur lesquels travailler : qu’est-ce qu’un auteur, un éditeur ? Est-ce la même chose dans l’univers de l’écrit imprimé que dans celui de l’écrit du Web ? Quel impact le choix de la technologie utilisée pour publier peut-il avoir sur le contenu et la façon d’écrire ? La finalité : que chaque élève puisse resituer la publication des textes sur le blog dans un contexte plus large et utiliser les possibilités offertes par le Web de façon plus éclairée.
Cyril BLANC,
professeur-documentaliste
Pour en savoir plus :
La séquence pédagogique est disponible sur :
http://eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/Transmettre-une-culture-de-l-ecrit.html?var_recherche=transmettre
Le blog réalisé est en ligne sur :
www.plumesdulab.wordpress.com
[1] Plusieurs académies mettent à disposition des équipes enseignantes des plates-formes de blogs pédagogiques.
http://www.cndp.fr/ecolenumerique/toutes-les-actualites/actualite/article/ecrire-et-publier-a-lheure-des-ecrans.html
De l’atelier d’écriture en classe… à la publication en ligne
Dès la rentrée, les élèves d’une classe de seconde générale et technologique du lycée Alphonse-Benoît, de l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, participent en cours de français à des ateliers d'écriture. L’enseignant-documentaliste et l’enseignante de lettres ont en effet décidé de collaborer ensemble avec le projet de publier les créations des élèves sur Internet. Cet objectif est valorisant pour ces derniers qui voient ainsi leur travail mis en avant en devenant visible pour leurs proches. C’est un exercice motivant qui a montré que l’utilisation du numérique facilite l’adhésion des adolescents au projet, et permet d’utiliser dans le cadre scolaire les nouvelles possibilités induites par les évolutions technologiques du Web 2.0. C’est aussi pour les élèves une belle occasion de valider plusieurs items du B2I.
La Souris à Plumes, blog littéraire du projet
Pour publier les travaux des élèves, c’est l’outil « blog » qui a été choisi. En l'absence d'un site web d'établissement, il fallait mettre en place un support technique facile à administrer, capable d'accueillir plusieurs dizaines de textes. Le blog répond à cette exigence : ce type d’outil permet la publication aisée de textes courts qui peuvent être ensuite classés par catégories, en fonction des thématiques d’écriture. La majorité des productions littéraires à publier est autobiographique ou à la première personne, en phase avec l'esprit « journal intime » des premiers blogs. En outre, il reste l’un des médias les plus utilisés par les adolescents sur le Web (notamment au travers de la plate-forme Skyrock Blogs), même s’il a, depuis quelques années, perdu son hégémonie dans les pratiques, détrôné par le réseau social Facebook.Emblématique des nouvelles possibilités d’expression du Web, son utilisation scolaire peut donc être envisagée sous l'angle de l'éducation à l'information et du développement d'une publication adolescente éclairée. La création du blog a été négociée avec le proviseur, responsable juridique de tout contenu publié dans le cadre de l'établissement.
Sur le plan technique, choisir l’outil s’est fait en fonction de critères éducatifs : la gratuité, l'absence totale de publicité, le caractère non commercial de la plate-forme ; sans oublier les possibilités d'organisation de l'information (création d’un menu notamment) et le contrôle des commentaires ajoutés. L'aspect graphique, important pour les adolescents, n’a pas été oublié. La plate-forme d’hébergement de blogs Wordpress[1]remplit ces conditions, et permet en outre une gestion avancée des droits d'utilisation (les élèves mettent ainsi en ligne leurs textes en autonomie, bien que les enseignants valident ou non chaque publication), tout en offrant une prise en main facile.
Une nouvelle culture de l’écrit est nécessaire
Le blog, et plus généralement l’usage en classe des outils numériques, met en avant la question du rapport à l’écrit des élèves, dans un monde où le livre ne bénéficie plus de son aura passée. Doit-on en effet voir les pratiques numériques (associées dans l’imaginaire aux écrans, aux clics et aux icônes) comme opposées à l’écrit ? Ne faut-il pas plutôt envisager la fameuse « révolution numérique » avant tout comme une évolution de l’écrit ? En effet, le Net, depuis sa naissance, est marqué par l’usage de la langue écrite : courriel, messagerie instantanée (chat), blogs, réseaux sociaux… Même si la dimension multimédia est là, ces outils sont d’abord des médias où l’on lit, où l’on écrit. On sait que les pratiques de loisirs des adolescents sont de plus en plus liées au numérique.
Nos élèves, que certains qualifient de « natifs du numérique », ont toujours massivement recours à l’écrit pour communiquer (SMS, messages sur les « murs » Facebook, etc.). La question essentielle n’est-elle donc pas plutôt celle des registres et du niveau de langue utilisés, en même temps que celle de la maîtrise du contexte dans lequel l’élève lit ou écrit ? La culture de l’écrit transmise à l’école doit, selon nous, s’adapter à ces contextes nouveaux et complexes. L’écriture comme la lecture ne se limitent pas à l’émission ou à la réception d’informations via des signes graphiques.
Le message s’inscrit dans un contexte culturel où sont mobilisés des codes intériorisés, des pratiques, dont la maîtrise de la langue ne peut pas faire abstraction. De Wikipédia aux Skyblogs, en passant par Twitter, tous ces médias plébiscités par les jeunes passent par l’écrit mais en modifient les formes (blog, wiki, tweet…) et l’écriture devient alors interactive, collaborative… Mais si à l’heure où l’écrit a conquis le numérique, publier en ligne devient aussi facile que d’emprunter un livre au CDI, l’exigence de formation est primordiale.
Une séquence pédagogique pour former à ce qu’est publier aujourd’hui
En classe, on peut utiliser l’écrit numérique comme n’importe quelle forme d’écrit, les possibilités de valorisation du travail des élèves par la publication sur un intranet ou sur Internet en plus. Dans le cadre du projet mené, nous avons choisi d’en envisager les spécificités : qu’est-ce que l’écrit numérique change, en termes de publication, d’écriture, qu’est-ce qu’il conditionne dans notre façon d’écrire ou de lire ? Nos élèves vivent dans un univers hybride marqué à la fois par l’imprimé et le numérique. En effet, une fois déconnectés de leur réseau social favori, ils sortent de leur sac le roman étudié en classe, et iront bientôt avec leurs enseignants rencontrer auteurs et éditeurs au salon du livre local, d’où ils « tweeteront » leurs impressions. Il s'agit donc de partir des pratiques des élèves, et d'en extraire des éléments significatifs sur lesquels travailler : qu’est-ce qu’un auteur, un éditeur ? Est-ce la même chose dans l’univers de l’écrit imprimé que dans celui de l’écrit du Web ? Quel impact le choix de la technologie utilisée pour publier peut-il avoir sur le contenu et la façon d’écrire ? La finalité : que chaque élève puisse resituer la publication des textes sur le blog dans un contexte plus large et utiliser les possibilités offertes par le Web de façon plus éclairée.
Cyril BLANC,
professeur-documentaliste
Pour en savoir plus :
La séquence pédagogique est disponible sur :
http://eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/Transmettre-une-culture-de-l-ecrit.html?var_recherche=transmettre
Le blog réalisé est en ligne sur :
www.plumesdulab.wordpress.com
[1] Plusieurs académies mettent à disposition des équipes enseignantes des plates-formes de blogs pédagogiques.
http://www.cndp.fr/ecolenumerique/toutes-les-actualites/actualite/article/ecrire-et-publier-a-lheure-des-ecrans.html
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