L’idée que la dérive des continents n’est pas causée par la convection mantellique mais par une croissance continue de la taille de la Terre vient de recevoir une nouvelle réfutation par un groupe de géophysiciens américains, français et hollandais. La variation moyenne annuelle est si faible qu’elle peut être statistiquement considérée comme nulle.
La théorie de la dérive des continents d’Alfred Wegner a mis du temps à s’imposer. Bien avant qu’elle ne devienne la théorie de la tectonique des plaques, basée sur l’expansion des fonds océaniques, elle avait fait l’objet de vives critiques de l’un des papes de la géophysique de la première moitié du XXe siècle, le Britannique Harold Jeffreys, et de la majorité de la communauté des spécialistes des géosciences de l’époque. Toutefois, quelques géologues visionnaires, comme Haroun Tazieff et Samuel Warren Carey, avaient assez rapidement compris que Wegner avait fondamentalement raison.
Carey n’était cependant pas satisfait par l’hypothèse de son collègue Arthur Holmes, à savoir que la dérive des continents était causée par la présence de cellules de convection sous ces derniers. Pour lui, et d’autres, une meilleur explication était fournie par une dilatation continue de la Terre.
Dans les années 1950, cette théorie n’est pas absurde car des physiciens du calibre des fondateurs de la physique quantique, à savoir Paul Dirac et Pascual Jordan, spéculaient sur une variation séculaire des constantes de la physique, en particulier celle de la gravitation. Une lente variation de la constante de Newton, modifiant l’intensité de l’interaction gravitationnelle entre deux masses fixes, pouvait fort bien conduire à une augmentation constante de la taille de la Terre, entraînant la fracturation d’un continent primitif, la Pangée de Wegner, comme le montre l’animation ci-dessous.
La découverte de la théorie de la tectonique des plaques allait entraîner la mort de la théorie de l’expansion de la Terre. Enfin presque, car aujourd’hui encore il existe des géologues et géophysiciens qui la soutiennent.
Quelle va être leur attitude en réponse à un article que vient de publier un groupe de géophysiciens du JPL et de l’IGN dans Geophysical Research Letters (donné en lien ci-dessous) montrant que le rayon de la Terre ne varie quasiment pas en moyenne chaque année ?
Pourquoi la nécessité de gagner en précision pour le ITRF ?
Parce que sa détermination rigoureuse est capitale pour analyser bon nombre de phénomènes en géophysique interne et externe. En effet, des erreurs dans la détermination des mouvements de la croûte, des modifications de la répartition des masses océaniques ou de l’altitude des satellites ne permettent pas de modéliser correctement l’évolution du climat ou de faire fonctionner efficacement le GPS par exemple.
Les précédentes déterminations du rayon de la Terre reposaient, entre autres, sur de l’altimétrie laser par satellite ainsi que sur des mesures faites en utilisant des impulsions radio avec le satellite français Doppler Orbitography and Radiopositioning Integrated by Satellite (Doris).
Les chercheurs du Jet Propulsion Laboratory, de l’Institut géographique national (IGN, Champs-sur-Marne) et de l’université Delft (Hollande), menés par Xiaoping Wu du JPL, ont donc appliqué une nouvelle technique de calcul aux mesures précédemment obtenues en géodésie et ont aussi utilisé les résultats fournis par le satellite Gravity Recovery and Climate Experiment (Grace).
Le résultat est tombé. Le rayon moyen de la Terre ne change pas à une incertitude de mesure de 0,2 millimètre par an.
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Le 22 août 2011 à 17h26
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/geologie-1/d/non-la-terre-nest-pas-en-expansion_32959/#xtor=RSS-8
Une animation illustrant l'idée que c'est l'expansion de la Terre qui provoque la dérive des continents. © Michael Netzer-wikipedia |
La théorie de la dérive des continents d’Alfred Wegner a mis du temps à s’imposer. Bien avant qu’elle ne devienne la théorie de la tectonique des plaques, basée sur l’expansion des fonds océaniques, elle avait fait l’objet de vives critiques de l’un des papes de la géophysique de la première moitié du XXe siècle, le Britannique Harold Jeffreys, et de la majorité de la communauté des spécialistes des géosciences de l’époque. Toutefois, quelques géologues visionnaires, comme Haroun Tazieff et Samuel Warren Carey, avaient assez rapidement compris que Wegner avait fondamentalement raison.
Carey n’était cependant pas satisfait par l’hypothèse de son collègue Arthur Holmes, à savoir que la dérive des continents était causée par la présence de cellules de convection sous ces derniers. Pour lui, et d’autres, une meilleur explication était fournie par une dilatation continue de la Terre.
Dans les années 1950, cette théorie n’est pas absurde car des physiciens du calibre des fondateurs de la physique quantique, à savoir Paul Dirac et Pascual Jordan, spéculaient sur une variation séculaire des constantes de la physique, en particulier celle de la gravitation. Une lente variation de la constante de Newton, modifiant l’intensité de l’interaction gravitationnelle entre deux masses fixes, pouvait fort bien conduire à une augmentation constante de la taille de la Terre, entraînant la fracturation d’un continent primitif, la Pangée de Wegner, comme le montre l’animation ci-dessous.
La découverte de la théorie de la tectonique des plaques allait entraîner la mort de la théorie de l’expansion de la Terre. Enfin presque, car aujourd’hui encore il existe des géologues et géophysiciens qui la soutiennent.
Quelle va être leur attitude en réponse à un article que vient de publier un groupe de géophysiciens du JPL et de l’IGN dans Geophysical Research Letters (donné en lien ci-dessous) montrant que le rayon de la Terre ne varie quasiment pas en moyenne chaque année ?
Une précision de l’épaisseur d’un cheveu
En réalité, ces géophysiciens ne cherchaient pas à mettre un clou de plus dans le cercueil déjà bien fermé de la théorie de l’expansion de la Terre. Ce qui les intéressait c’était de gagner en précision pour la détermination de l'International Terrestrial Reference Frame (ITRF), le Système international de référence terrestre. C'est la réalisation numérique de l'ITRS qui possède :
- une origine géocentrique, centre des masses de la Terre incluant atmosphère et océans ;
- une orientation conventionnelle définie par celle du repère Bureau international de l'heure (BIH). Et une évolution temporelle de son orientation guidée par une condition dite de non rotation de la croûte ;
- une échelle définie par le mètre SI et cohérente avec le Temps-Coordonnée Géocentrique.
Pourquoi la nécessité de gagner en précision pour le ITRF ?
Parce que sa détermination rigoureuse est capitale pour analyser bon nombre de phénomènes en géophysique interne et externe. En effet, des erreurs dans la détermination des mouvements de la croûte, des modifications de la répartition des masses océaniques ou de l’altitude des satellites ne permettent pas de modéliser correctement l’évolution du climat ou de faire fonctionner efficacement le GPS par exemple.
Les précédentes déterminations du rayon de la Terre reposaient, entre autres, sur de l’altimétrie laser par satellite ainsi que sur des mesures faites en utilisant des impulsions radio avec le satellite français Doppler Orbitography and Radiopositioning Integrated by Satellite (Doris).
Les chercheurs du Jet Propulsion Laboratory, de l’Institut géographique national (IGN, Champs-sur-Marne) et de l’université Delft (Hollande), menés par Xiaoping Wu du JPL, ont donc appliqué une nouvelle technique de calcul aux mesures précédemment obtenues en géodésie et ont aussi utilisé les résultats fournis par le satellite Gravity Recovery and Climate Experiment (Grace).
Le résultat est tombé. Le rayon moyen de la Terre ne change pas à une incertitude de mesure de 0,2 millimètre par an.
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Le 22 août 2011 à 17h26
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/geologie-1/d/non-la-terre-nest-pas-en-expansion_32959/#xtor=RSS-8
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