Naïo, un robot maraîcher pour veiller au grain (DR) |
D’ici dix ans, les exploitants agricoles n’auront plus besoin de mettre une botte dans la boue : l’agriculture sera numérique. Les nouvelles technologies cherchent déjà à se faire leur place dans les champs. En février, d’avant-gardistes tracteurs robotisés effectuaient quelques tours de piste au Mondial de l’équipement agricole de Villepinte (Seine-Saint-Denis). «C’est un satellite qui pilote le tracteur. Les agriculteurs n’ont plus besoin de conduire, on est là par sécurité. Comme un cadre dans une usine qui surveille les paramètres sur ses écrans», résumait Michel Masson, cultivateur à Beaune-La-Rolande (Loiret) et membre de la FNSEA, le premier syndicat agricole.
Mauvaises herbes. Une palette d’instruments technologiques (GPS, caméras, etc.) embarqués dans les engins, les semoirs ou les moissonneuses, permet d’améliorer la précision du travail. Plus d’excuse pour se louper : les semis sont effectués à 2 centimètres près. Ces machines agricoles du futur obéissent à la doctrine innovante de l’agriculture raisonnée : une manière d’aider les exploitants à faire des économies et de les empêcher de rejeter de grosses quantités de produits dans l’environnement. Pourtant, le prix - des dizaines de milliers d’euros - demeure dissuasif, et rares sont ceux qui investissent dans le matos.
La même logique bloque les amateurs de drones volants. Pourtant, les fermiers de demain pourraient faire appel à ces aéronefs suréquipés.«Delta Drone fabrique des outils qui diminuent les risques pour les professionnels, augmentent la productivité et protègent l’environnement. Nos aéronefs modernisent les outils agricoles et sont surtout utilisés dans le domaine céréalier», explique Frédéric Serre, président du directoire de cette start-up française.
Le Delta Y s’élève à 150 mètres d’altitude pour réaliser des prises de vue des champs et repérer, grâce à une caméra, le pourcentage de photosynthèse au sol. Il est ensuite aisé de repérer, puis de traiter, la parcelle abîmée. Pour affiner les recherches, le Delta H peut survoler la même zone à 20 mètres de hauteur afin de photographier les plantes et les hypothétiques insectes qui se posent dessus. Un outil pratique pour savoir où et quelle quantité de pesticides appliquer. Enfin, l’ensemble des données est envoyé sur du cloud computing afin qu’elles puissent être analysées ou archivées.
Autre piste d’évolution 2.0 à tendance écolo : une équipe de chercheurs de l’université Leibniz de Hanovre développe des robots-lasers exterminateurs de mauvaises herbes. Histoire de remplacer les herbicides chimiques lourdement critiqués. Une caméra couplée et un logiciel embarqué sur ce laser cloué au sol pourront bientôt capter et analyser les contours des plantes afin de déterminer s’il s’agit de bonnes ou de mauvaises herbes. Trouver l’intensité idéale du rayon laser n’est pas une mince affaire : si la dose est trop faible, elle peut encourager la croissance de ces herbes de malheur. Et la machine perdre son intérêt.
La disparition des abeilles, ravagées par les pesticides néonicotinoïdes, inquiète les agriculteurs et défenseurs de l’environnement. Qu’à cela ne tienne, des ingénieurs de l’université de Harvard sont en train de concevoir leurs remplaçantes automatisées : les robobees. Ces insectes métalliques dotés d’antennes, d’ailes, de capteurs optiques et d’appendices de polinisation possèdent un cerveau artificiel construit à l’image de celui des insectes rayés. Dans quelques années, les abeilles ne seront plus les uniques ouvrières nécessaires à la production de fleurs, fruits et légumes.
Ecrans. Le numérique pourrait éveiller des vocations dans le pré. Grâce au jeu Farm Defenders, les consultants qui travaillent à la gestion de projets agricoles dans les pays en développement, comme les fermiers, peuvent se former à gérer une exploitation avec moins de 2 euros par jour. Bien installés devant leur écran, les joueurs apprennent ainsi à faire pousser leurs récoltes, à les protéger des maladies, à irriguer et - hélas ! - à doser les pesticides et exploiter des OGM. L’outil, développé avec les financements de la fondation Bill et Melinda Gates, est basé sur des données réelles couvrant sept zones climatiques différentes sur le continent africain. Long à réaliser, il pourrait être adapté et généralisé afin de servir de support à la relève agricole. Dans le domaine pédagogique aussi, la graine numérique est en train de germer.
Par LÉA LEJEUNE
30 juin 2013 à 21:16 (Mis à jour: 4 juillet 2013 à 08:43)
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