Reproduction de la future Ariane 6 présentée le 9 juillet 2013 à Paris afp.com - D. Ducros |
"C'est une étape importante qui nous permet de nous concentrer sur une seule configuration", a déclaré Antonio Fabrizi, directeur des lanceurs à l'Agence spatiale européenne (ESA).
L'évolution vers Ariane 6 a été actée, non sans difficultés, le 21 novembre dernier lors du Conseil ministériel de l'ESA à Naples.
"C'est satisfaisant de voir un rêve se réaliser", a indiqué la ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso, qui a dû batailler ferme, en particulier face à l'Allemagne, pour faire accepter une nouvelle génération de lanceurs européens.
"Nous devons accélérer le processus d'ici la prochaine conférence ministérielle qui aura lieu en 2014", a affirmé la ministre.
L'architecture retenue est basée sur "une optimisation des coûts", avec quatre moteurs identiques de 125 tonnes de propergol solide (P135), qui sont une évolution du P80 du petit lanceur européen Vega, trois au premier étage et un au deuxième.
Le dernier étage cryotechnique sera propulsé par un moteur rallumable Vinci, commun avec Ariane 5ME, la version améliorée de l'actuelle Ariane 5 qui doit assurer la transition. Ses réservoirs seront remplis d'oxygène et d'hydrogène liquides.
Cette configuration conserve "l'ADN originel d'Ariane 6", a précisé M. Le Gall. Elle a été décidée par "un large consensus de tous les partenaires du programme", a-t-il souligné.
L'objectif est d'arriver avec un coût et un temps de développement minimum à un coût d'exploitation également minimum, sachant qu'Ariane 5, malgré ses 55 succès d'affilée, accuse aujourd'hui un déficit de 120 millions d'euros par an.
Au diapason du marché
Les premiers lancements d'Ariane 6 sont prévus à l'horizon 2021/2022. Le futur lanceur sera capable de mettre en orbite des satellites de 3 à 6,5 tonnes, à un prix très compétitif, 30% moins cher que le coût actuel d'un lancement par une Ariane 5 (100 millions d'euros pour un satellite de 6 tonnes), a indiqué M. Le Gall.
"Il fallait absolument se mettre au diapason du marché", a justifié Mme Fioraso, soulignant qu'"un emploi développé dans le spatial génère 20 emplois en amont et en aval".
La ministre a précisé que son objectif est "de garder 50% de retour industriel pour la France".
Ariane 6 sera plus "flexible" qu'Ariane 5, n'emportant qu'un seul satellite à la fois, alors qu'Ariane 5 peine aujourd'hui à gérer le lancement double de deux satellites, un gros et un plus petit.
Le lanceur européen doit faire face à l'évolution des satellites, qui tendent à devenir de moins en moins lourds, notamment en raison d'une montée en puissance de la propulsion électrique.
Mais il est aussi confronté à de nouveaux concurrents, en particulier la société américaine SpaceX, créée par le milliardaire Elon Musk.
"Space X a déjà emmagasiné 8 commandes alors qu'il n'a jamais réalisé un seul lancement", a souligné Mme Fioraso. C'est le futur lanceur de Space X qui doit lancer en 2014 le nouveau satellite 702SP de Boeing, le premier satellite commercial de télécommunications à propulsion uniquement électrique.
Des pays émergents comme l'Inde ou la Chine entrent aussi dans la compétition, tandis que la Russie reste très présente, même si elle connaît des difficultés avec ses fusées Proton.
M. Le Gall table sur un objectif de 10 à 15 lancements annuels avec une Ariane 6, contre 5 à 6 lancements par an pour Ariane 5.
Alain Charmeau, patron de la branche transport d’Astrium (EADS), maître d’œuvre des lanceurs, s'est quant à lui déclaré "très satisfait". "J'entends bien qu'Astrium soit le chef de file des adaptations industrielles", a-t-il affirmé.
Paris (AFP) - 09.07.2013 14:32
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