mardi 27 mars 2012

Nous avons à nouveau un futur


Le prospectiviste Jeremy Rifkin (Wikipédia, @jeremyrifkin), directeur de la Fondation des tendances économiques est un penseur important de notre modernité. Nombre de ses livres se sont révélés prophétiques comme La fin du travail (1996) ou L’âge de l’accès (2000). Son dernier livre, la Troisième révolution industrielle (voir également le site dédié), est certainement l’un de ses plus ambitieux, car il nous livre – rien de moins – qu’un futur de rechange par rapport à celui qu’on abandonne.

La seconde révolution industrielle (1880-2006) n’est plus notre futur

Rifkin dresse un double constat. D’une part, celui de la fin de la seconde révolution industrielle, fondée sur le pétrole et les énergies fossiles. Plus que le pic pétrolier, nous avons atteint “le pic de la mondialisation”, estime-t-il. Nous ne pouvons plus fonder notre croissance sur un système qui va générer par définition des crises à mesure que les énergies fossiles vont se raréfier. Même la perspective de trouver de nouveaux secteurs d’extractions ne suffira pas à combler notre appétit insatiable d’énergie. Pour lui,“la crise c’est le pétrole !” et les conséquences organisationnelles que notre pétrodépendance a eues sur la société tout entière. “Les régimes énergétiques déterminent la nature des civilisations – leur façon de s’organiser, de répartir les fruits de l’activité économique et des échanges, d’exercer le pouvoir politique et de structurer les relations sociales.” ...

Notre futur, c’est d’appliquer le modèle distribué de l’internet à l’énergie – et à la société tout entière

“Nous sommes aujourd’hui à la veille d’une nouvelle convergence entre technologie des communications et régime énergétique. La jonction de la communication par Internet et des énergies renouvelables engendre une troisième révolution industrielle. Au XXIe siècle, des centaines de millions d’êtres humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux et leurs usines et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d’électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd’hui leur propre information et la partagent sur Internet.”
Rifkin s’appuie sur sa connaissance des caractéristiques de la révolution des nouvelles technos et sur celle des énergies renouvelables pour nous proposer un nouveau défi : celui de l’énergie distribuée. “Le partage entre les gens d’une énergie distribuée dans un espace commun ouvert aura des conséquences encore plus vastes [que celles du partage de l'information].”

Pour Rifkin, la stratégie pour y parvenir est assez simple. Le plan de bataille repose sur 5 grands principes :

  1. Le passage aux énergies renouvelables : nous n’avons pas le choix, l’épuisement des énergies fossiles nous conduit à terme à devoir faire entièrement reposer notre économie sur les énergies renouvelables (dont il exclut le nucléaire, qu’il considère comme trop dangereux et trop centralisé et qui, rappelons-le, pour l’instant ne produit que 6 % de l’énergie mondiale avec 440 centrales de par le monde).
  2. La transformation du parc immobilier de tous les continents en ensemble de microcentrales énergétiques qui collectent sur site des énergies renouvelables ; c’est-à-dire passer d’une production d’énergie centralisée à une production totalement distribuée, que se soit en utilisant des éoliennes personnelles, le biogaz, le solaire voir même l’action de la force humaine, comme le montre notamment les plans stratégiques établis par ses équipes pour quatre villes européennes afin de les accompagner dans cette évolution. Le modèle énergétique que combat Rifkin n’est pas tant celui des énergies fossiles, que le modèle centralisé qui en découle. En insistant sur une stratégie de production d’électricité distribuée et diversifiée, Rifkin prône un autre modèle d’organisation économique qui fonde la nature même de sa stratégie.
  3. Le déploiement de la technologie de l’hydrogène et d’autres techniques de stockage dans chaque immeuble et dans l’ensemble de l’infrastructure, pour stocker les énergies intermittentes. C’est certainement à ce jour l’un des points faibles du modèle proposé par Rifkin : notre incapacité à stocker l’électricité doit devenir un enjeu de recherche majeur, explique l’économiste, qui avait déjà consacré un livre en 2002 à ce sujet L’économie hydrogène.
  4. L’utilisation de la technologie d’internet pour transformer le réseau électrique de tous les continents en inter-réseau de partage de l’énergie fonctionnant exactement comme internet (quand des millions d’immeubles produisent localement, sur site, une petite quantité d’énergie, ils peuvent vendre leurs excédents au réseau et partager de l’électricité avec leurs voisins continentaux). Rifkin critique ici vivement la stratégie des acteurs de l’électricité, qui imaginent trop souvent un réseau intelligent du futur centralisé, plutôt que distribué. C’est l’inverse que nous devons faire, explique le prospectiviste. L’énergie distribuée permettrait notamment de nous faire faire un bond en avant dans le taux d’efficacité de production et de transmission électrique, qui demeure très bas depuis les années 60. Une grande part de l’énergie que nous produisons étant dépensée durant son acheminement même.
  5. Le changement de moyens de transport par le passage aux véhicules électriques branchables ou à pile à combustible, capables d’acheter et de vendre de l’électricité sur un réseau électrique interactif continental intelligent.

Cette transition, selon Rifkin, porte en elle l’opportunité d’un nouveau développement économique. ...

Hubert Guillaud

le 27/03/12

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