jeudi 27 juin 2013

Les villes européennes deviennent intelligentes

L’Union européenne a financé pour 365 millions d'euros de projets mettant en avant
l'interaction entre les citoyens et les outils numériques / John Minchillo/AP/SIPA

Les smart cities et autres quartiers numériques se développent en Europe. Chargées d'assurer la gestion des ressources énergétiques de demain, ces villes du futur risquent de changer rapidement nos modes de consommation. 

La ville de Nice s'est depuis peu convertie au TIC (technologies de l'information et de la communication). Près de 200 capteurs ont été installés sur la chaussée, les lampadaires ou les poubelles afin de collecter, en temps réel, un maximum d'information. La nuit, l'éclairage s'adapte aux mouvements des passants. Les poubelles numériques avertissent les éboueurs une fois pleines; l'automobiliste peut détecter avec son smartphone les places de stationnement encore libres.

Le cas Niçois est loin d'être isolé. Glasgow, Santander ou Bristol expérimentent aussi le quotidien du citadin de demain. Les smart cities s'imposent en Europe. Les prémices d'une transformation nécessaire? 

La ville est l'avenir de l'homme

D'après les prévisions de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques ), 70% de l'humanité habitera dans des villes à l'horizon 2050. De quoi s'interroger sur la gestion de l’énergie et des ressources naturelles dans les agglomérations.

Les métropoles occupent aujourd'hui 2% de la surface du globe et abritent près de 50% de la population mondiale. Elles consomment cependant jusqu’à 75% de l’énergie produite tout en étant à l'origine de 80% des émissions de CO2 dans le monde.

Face au défi énergétique à venir, les États souhaitent mettre en place un nombre croissant d'infrastructures intelligentes qui nous aiderons à réguler notre consommation. Un lampadaire intelligent permet, par exemple, de réduire de près de 30% les factures d’électricité. Selon la Commission européenne,

"chaque année, les embouteillages coûtent à l'Europe environ 1% de son PIB, en particulier dans les zones urbaines. Les technologies intelligentes appliquées au milieu urbain peuvent apporter des réponses efficaces à certains de ces problèmes."

Les pizzas livrées par drone

Dès 2011, l’Europe s'est intéressée à la mise en place des smart cities, et a lancé le projet "Villes et communautés intelligentes". En 2012, 81 millions d'euros ont été débloqués pour cette initiative. L'argent revient aux villes ayant proposé des projets tournés vers les transports et l’énergie.

Mais les gros chantiers n'ont démarré qu'en 2013. Cette année, l’Union européenne a financé pour 365 millions d'euros de projets.

Les métropoles européennes ont vite suivi le mouvement. Le Royaume-Uni a organisé, dès 2012, un grand appel à projet auprès d'une vingtaine de villes. Glasgow l'a emporté. La métropole bénéficiera d'une subvention de 25 millions de livres afin de devenir la premièresmart city britannique.

Une victoire qui n'a pas n'empêché les autres agglomérations d'innover en la matière. Bristolvient d'installer des boîtes aux lettres, lampadaires et arrêts de bus parlants. Un simple appel depuis votre smartphone vers le numéro gravé sur l'objet en question permet d'engager une conversation avec l'objet "intelligent" sur la vie de la ville.

La première livraison de pizza par drone a eu lieu en Angleterre ce 3 juin.



Toute l'Europe est contaminée par cette soif d'innovation (Amsterdam, Hambourg...). Genève teste de son côté un système de recharge partielle en 15 secondes pour ses autobus électriques.


Mais à ce jour, seul Santander, en Espagne, peut être considérée comme la première ville connectée d'Europe.

La ville au 12 000 capteurs

Santander compte 12.000 capteurs disposés sur les façades des murs, les lampadaires, les poubelles, les autobus et même sur le sol. Chacun possède une fonction qui lui est propre (mesurer le trafic routier, la pollution...). Toutes ces informations sont collectées sur une plate-forme informatique présente dans l'université de la ville.

L'utilisateur peut accéder à cette somme d'informations à tout moment en consultant son smartphone et en se connectant aux différentes applications proposées par la ville.


Parmi les plus populaires: "Pulso de la Ciudad", une application qui met le citoyen à contribution. Ce dernier est invité à prendre en photo tous les incidents ou problèmes qu'il aura constaté dans la ville. L'information est directement partagée sur une plate-forme en ligne, consultable par tous les citoyens.

La municipalité est immédiatement avertie afin de trouver une solution. Une journal numérique spécialement mis en place, El Diario Montañés, publie régulièrement les infos glanées par les citoyens. Participatif, sécurisant....mais délétère!

L'Union européenne aurait donné entre 6 et 9 millions d'euros pour financer le projet. Le reste vient des nombreuses entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies venues s'installer dans la métropole. Un moyen, pour ces sociétés, de bénéficier d'une vitrine internationale tout en profitant du marché florissant du numérique développé là-bas.

Big Brother is watching you

Mais ces nouveaux outils ne sont pas du goût de tous. De nombreux internautes s'inquiètent, à juste titre, pour leur vie privée.

La ville intelligente se veut participative mais elle est aussi intrusive, avec la multiplication du nombre des caméras de surveillance.

D'autres s'interrogent sur le rôle important que prennent les sociétés privées dans la conception de la ville. Chaque "city" est en partie construite par des entreprises en charge de la logistique de la métropole. Elles collectent des milliers de données personnelles sur les usagers. A l'heure où les scandales sur l'intrusion des géants du web dans nos vies privées (Google, notamment) explosent, l'utilisation de ces informations pose question.

Par Ludovic Clerima (Paris)

Jeu, 27/06/2013 - 15:30

Crédit photo : JS EVRARD/SIPA

http://fr.myeurop.info/2013/06/27/les-villes-europeennes-deviennent-intelligentes-10831

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