« Réinventer » la Tunisie, c’est faire passer notre pays de la société d’aujourd’hui, plutôt basée sur une économie de la sous-traitance, à une société d'innovation basée sur le savoir. C’est aller au delà de l’investissement sur la connaissance à travers l’enseignement supérieur et la recherche scientifique vers l’utilisation rapide et efficace de cette connaissance au bénéfice de la société. Il en résulterait l’émergence d’une mentalité innovatrice qui peut déclencher des changements plus importants et systémiques tant au niveau de la société qu’au niveau de l'économie. Ceci exige une transformation systématique d’une approche fermée, fragmentée et individualiste à une approche en réseau souple et ouverte.
En quelques années, la globalisation de l’économie a modifié l’ordre économique mondial. Elle a apporté à la fois de nouveaux défis et de nouvelles opportunités pour tous les pays. La Tunisie ne peut pas être compétitive dans ce nouvel environnement à moins de devenir plus innovante et de réagir plus efficacement aux besoins de son développement et sa croissance.
Une véritable politique d’innovation en Tunisie est à imaginer et concevoir pour relever ces défis et saisir ces opportunités. La mise en œuvre de cette politique a besoin de tous les tunisiens et tunisiennes et fera participer beaucoup d'acteurs.
L’innovation
Moteur de croissance, de compétitivité et de valeur ajoutée, l'innovation est citée par tous les spécialistes comme un élément profitable aux nations et indispensable à la réussite des entreprises.
Les pays dotés d'industries innovantes offrent des revenus, une qualité et un niveau de vie élevés, ou plus élevés que ceux qui en ont moins. Pour rester compétitives, les entreprises doivent se différencier grâce à l'innovation et proposer de nouveaux produits et services, de nouvelles manières de travailler, de nouvelles façons de se positionner sur le marché.
L’innovation est l’élément vital de la société du savoir. Cependant, compte tenu de l’accroissement de la concurrence mondiale et des performances innovantes de certains pays, chaque pays se sent obliger de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne les enjeux de l’innovation. «L’innovation me passionne» (1), a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors du premier sommet de l’innovation tenu en octobre 2009. «C’est le seul moyen dont nous disposons pour relever les défis sociétaux majeurs qui nous sont posés […] Avant tout, elle nous permettra de créer un modèle de croissance fort et durable» (1). L’Institut européen pour l'innovation et la technologie a annoncé le 16 décembre 2009 la création de ses trois premières Communautés de la connaissance et de l’innovation (2). Ces communautés rassemblent des établissements d’enseignement supérieur, des instituts de recherche et des entreprises d’excellence de plusieurs pays européens dans trois domaines : l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ce phénomène («Climate KIC»), l’énergie durable («KIC InnoEnergy») et la future société de l’information et de la communication («EIT ICT Labs»). Chacun des trois projets a bénéficié d’une subvention de trois millions d’euros (2).
Différentes sortes d'innovation existent. Certaines constituent de véritables « ruptures technologiques », les plus difficiles à mettre en œuvre, d’autres sont plutôt amélioratives ou curatives et elles sont plus à la portée. Plusieurs d’entre elles sont de « fausses innovations » qui cherchent à réagir rapidement à des demandes exprimées dans le but de conserver des marges et des parts de marché ; la publicité contribue à les imposer à la société.
Dans le domaine technologique, l’innovation peut concerner un produit ou un procédé. L’innovation technologique de produit implique la mise au point et la commercialisation d’un produit plus performant que ceux qui existent sur le marché. L’innovation technologique de procédé propose la mise au point et/ou l’adoption de méthodes de production et de distribution nouvelles ou améliorées. L’innovation peut être qualifiée de sociale lorsque la nouvelle approche, la nouvelle pratique ou intervention, ou encore le nouveau produit est mis au point pour améliorer une situation ou solutionner un problème social et ayant trouvé preneur au niveau des institutions ou des organisations (3).
L’innovation devient ainsi le moyen privilégié de changement économique et sociétal.
Références
(1) Magazine en ligne Entreprises & Industries (2009). De la connaissance à l’innovation. CE, 16.12.09
(2) Techno-sciences.net (2009). EIT: les premières communautés de la connaissance et de l'innovation, 18.12.09
(3) Ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec (2001). Politique québécoise de la science et de l’innovation. Savoir changer le monde. Québec : MRST, 169 p.
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