vendredi 27 mai 2011

Voler ou ne pas voler... dans les cendres

Un an après l'éruption de l'Eyjafjöll, un autre volcan islandais a perturbé le trafic aérien. Le pire a été évité, notamment grâce aux leçons tirées de la crise de 2010. Cependant définir des seuils de dangerosité pour les avions face aux nuages de cendres reste un exercice très difficile.


Ouf !! Voyageurs, tours opérateurs et compagnies aériennes, entre autres, sont soulagés : l’éruption du Grimsvötn n’a pas entraîné la fermeture complète de l’espace aérien comme en 2010 avec l’éruption de l’Eyjafjöll. Certes, cela s’explique par les différences entre les deux éruptions de ces volcans islandais, la nature même des cendres volcaniques, les conditions météorologiques… En 2010 se sont combinés des vents poussant le nuage de cendres vers l’Europe et des particules particulièrement abrasives et fines, qui se dispersent facilement.

Retour de (mauvaise) expérience

... Du côté des fabricants de moteurs d’avion, la limite de 2 milligrammes de cendres volcaniques par m3 est avancée. Mais ce n’est qu’une estimation obtenue par des calculs, entachés d’une part d’incertitude. ...

Abrasion et réacteurs à l'arrêt

Les particules volcaniques présentent un risque d’abrasion du cockpit et du fuselage. En pénétrant dans la chambre de combustion des moteurs d’avions, ces cendres volcaniques riches en silice fondent. Lorsqu’elles refroidissent au contact de la turbine, elles forment un dépôt vitrifié sur les ailettes et peuvent entraîner un arrêt brutal des réacteurs. Aucun appareil n’a été perdu à cause de ces cendres mais plusieurs incidents très sérieux se sont produits.

Modifier les moteurs pour qu’ils résistent mieux aux particules n’est guère envisageable, d’après le spécialiste de la Snecma : cela augmenterait leur coût et leur consommation sans éviter complètement que des cendres volcaniques s’engouffrent, sachant que les moteurs avalent de très grandes quantités d’air.

Validation des modèles de prévisions

Même s’il n’est pas aujourd’hui possible de dire quelle quantité de cendres volcaniques un moteur est capable de supporter, ni quelle concentration de particules par m3 un avion peut traverser, des seuils ont été définis par les centres de surveillance des nuages volcaniques (VAAC, Volcanic Ashes Advisory Centers). Ces centres établissent des cartes de prévision de la dispersion du nuage de cendres. Cette année, le nuage était dessiné en trois couleurs, correspondant à trois niveaux de concentrations des particules : faible (< à 2 milligrammes/m3), moyenne (entre 2mg et 4mg/m3) et haute (>4 mg/m3). Cependant ce ne sont là que des valeurs indicatives sur lesquelles peuvent s’appuyer les compagnies aériennes et les acteurs du contrôle aérien. ...


Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
26/05/11

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