vendredi 20 mai 2011

La navigation en zone urbaine améliorée grâce à Michibiki

La JAXA (Japan Aerospace Exploration Agency) et Mitsubishi Electric ont présenté le 16 mai les résultats d'une expérience utilisant Michibiki, le premier satellite du système QZSS (Quasi-Zenith Satellite System). Les tests ont été réalisés entre le 18 janvier et le 31 mars avec pour objectif d'évaluer l'amélioration de la disponibilité du signal GPS, lorsqu'il est couplé avec Michibiki, dans des zones urbaines où la réception est habituellement mauvaise. En effet, les grands immeubles ont tendance à détériorer ou même bloquer le signal. Utilisant des satellites placés directement au dessus du Japon (au zénith), le QZSS devrait permettre d'améliorer la précision et d'étendre la couverture du signal GPS sur le Japon et l'Asie, ainsi que d'augmenter la durée pendant laquelle le service est disponible.

Pour cette expérience, la JAXA et Mitsubishi Electric ont équipé une voiture d'un terminal capable de recevoir les signaux émis par Michibiki et l'ont fait circuler à Tokyo dans les quartiers de Shinjuku, où se trouvent de nombreux gratte-ciels, et Ginza, où les rues sont étroites. Les scientifiques ont testé la réception de deux types de signaux différents : le signal de positionnement utilisé ordinairement pour la navigation (précision de 10m) et un signal de positionnement de haute précision employé notamment pour faire de la topographie (précision de 2 ou 3cm). Dans le premier cas, Michibiki a permis d'augmenter la couverture du signal par un facteur 2,5 à Shinjuku et 1,7 à Ginza. Dans le second cas, le taux de réception a été multiplié par 4 à Shinjuku et 2 à Ginza.



De plus, en ajoutant au terminal de réception un gyroscope, comme ceux que l'on trouve ordinairement dans les systèmes de navigation pour voiture, le taux de réception à Shinjuku passe de 70% à 100%. On constate donc une réelle amélioration de la fiabilité du signal grâce à l'utilisation de Michibiki.

La JAXA souhaite désormais multiplier ce genre d'expérience afin de tester différentes utilisations de son système dans divers lieux. Pour cela, elle voudrait obtenir la coopération d'universités, laboratoires de recherche et entreprises dans tout le Japon. L'agence spatiale espère ainsi pouvoir encore améliorer la précision et la fiabilité du signal émis par son satellite. Les résultats des expériences seront régulièrement rendus publics sur le site de présentation des données de Michibiki : "QZ-Vision" [1].

Pour sa part, Mitsubishi Electric étudie de nouvelles applications utilisant le QZSS. Par exemple, grâce à la meilleure précision des données, il sera possible de réaliser des cartes détaillées des différentes voies de circulation. Cela permettra aux systèmes de navigation de recommander le trajet le plus économique d'un point de vue énergétique pour les voitures hybrides ou électriques (passage par les routes en pente descendante pour tirer profit du freinage dynamique, etc.). Le QZSS pourra également être utilisé pour obtenir plus fréquemment des informations fiables sur l'état du trafic routier ou pour des activités de planification urbaine. Enfin, si une nouvelle catastrophe naturelle survenait, Michibiki permettrait de rapidement collecter des données géographiques précises et utiles pour la reconstruction.
Pour utiliser cette nouvelle technologie en tant que système de navigation, un récepteur adapté sera bien sûr nécessaire. Toutefois, la structure du signal et la fréquence utilisés étant les mêmes que pour le GPS, un simple changement de logiciel devrait suffire pour rendre compatible les récepteurs GPS actuellement commercialisés. La JAXA a d'ailleurs déjà commencé à démarcher les sociétés fabriquant ce type d'appareil afin qu'elles implémentent ce système dans leurs prochains produits.
Lancé en septembre 2010, Michibiki est pour l'instant le seul satellite du système QZSS, mais celui-ci pourrait en compter jusqu'à sept dans le futur. Deux scénarios sont en cours d'étude pour la suite : le lancement de trois satellites supplémentaires, ce qui assurerait une disponibilité continue du signal GPS amélioré, ou le lancement de six nouveaux satellites, ce qui permettrait l'indépendance du système vis-à-vis du GPS. La première option aurait un coût estimé à 150 milliards de yens (environ 1,3 milliards d'euros) et la deuxième un prix de 230 milliards de yens (presque 2 milliards d'euros). Le Japon traversant actuellement une période difficile sur le plan économique, il ne sera probablement pas aisé de trouver le financement pour une telle dépense.


Publié dans http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/66810.htm le 20/05/2011

Pour en savoir plus :

[1] Site officiel de présentation des données de Michibiki [japonais] : http://qz-vision.jaxa.jp 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire