L'épreuve est quelque peu humiliante, mais on s'y est habitué. Comme chaque année depuis 2003, le classement mondial des universités, dit « classement de Shanghai », confirme le rang médiocre de la France : seulement 20 de nos établissements d'enseignement supérieur figurent parmi les 500 premiers - ce qui nous place bien après les Etats-Unis, la Chine, l'Allemagne ou le Royaume-Uni - et 4 parmi les 100 premiers. Nos milieux universitaires se rassurent en contestant la méthode d'évaluation, et leurs arguments sont recevables, mais ils passent à côté de l'essentiel.
D'abord parce qu'un tel palmarès exerce à coup sûr une influence considérable sur le « marché » mondial de l'enseignement supérieur. Diffusé sur toute la planète, et resté sans véritable concurrent, il offre une boussole aux étudiants et aux enseignants, toujours plus nombreux, tentés par la migration. On peut le supposer « auto-réalisateur » : la place flatteuse d'une université dans le palmarès, même si elle n'est pas entièrement méritée, finit par l'être parce qu'elle attire les meilleurs…
Mais surtout, ce classement fournit l'occasion de nous interroger sur l'organisation de notre enseignement supérieur. Fondé sur l'importance et la qualité des activités de recherche, il valorise l'association de l'excellence et de la taille - deux facteurs que le système français dissocie systématiquement : l'excellence (grâce à la sélection des élèves) est du côté des grandes écoles, de dimensions modestes, la taille du côté des universités. Incohérence supplémentaire : alors que les meilleurs lycéens briguent les grandes écoles, c'est l'université qui offre les postes les plus prestigieux d'enseignants et de chercheurs. Sous le quinquennat Sarkozy ont été lancés des regroupements autour de « pôles d'excellence », mais les particularismes ont la vie dure.
Il y a dix ans, on croyait pouvoir relativiser l'importance des classements internationaux : la qualité de notre enseignement était une affaire strictement nationale. Les temps ont changé : l'enseignement supérieur est, plus que jamais, le terrain d'une âpre concurrence internationale aux enjeux culturels, économiques et politiques. Le classement est une arme. L'Union européenne devrait publier le sien en 2014. Avec dix ans de retard sur celui de Shanghai…
D'abord parce qu'un tel palmarès exerce à coup sûr une influence considérable sur le « marché » mondial de l'enseignement supérieur. Diffusé sur toute la planète, et resté sans véritable concurrent, il offre une boussole aux étudiants et aux enseignants, toujours plus nombreux, tentés par la migration. On peut le supposer « auto-réalisateur » : la place flatteuse d'une université dans le palmarès, même si elle n'est pas entièrement méritée, finit par l'être parce qu'elle attire les meilleurs…
Mais surtout, ce classement fournit l'occasion de nous interroger sur l'organisation de notre enseignement supérieur. Fondé sur l'importance et la qualité des activités de recherche, il valorise l'association de l'excellence et de la taille - deux facteurs que le système français dissocie systématiquement : l'excellence (grâce à la sélection des élèves) est du côté des grandes écoles, de dimensions modestes, la taille du côté des universités. Incohérence supplémentaire : alors que les meilleurs lycéens briguent les grandes écoles, c'est l'université qui offre les postes les plus prestigieux d'enseignants et de chercheurs. Sous le quinquennat Sarkozy ont été lancés des regroupements autour de « pôles d'excellence », mais les particularismes ont la vie dure.
Il y a dix ans, on croyait pouvoir relativiser l'importance des classements internationaux : la qualité de notre enseignement était une affaire strictement nationale. Les temps ont changé : l'enseignement supérieur est, plus que jamais, le terrain d'une âpre concurrence internationale aux enjeux culturels, économiques et politiques. Le classement est une arme. L'Union européenne devrait publier le sien en 2014. Avec dix ans de retard sur celui de Shanghai…
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