Voici un curieux objet, fort intéressant et qui « renouvelle » le genre. Je mets les guillemets, car cela fait maintenant trente ans qu’Arno Peters, un professeur allemand, a mis au point sa « projection de Peters ». Et si j’avais entendu l’expression, si j’avais bien vu croisé des cartes dessinées selon son principe, je n’avais pas plus creusé que ça. Les circonstances me mettent en présence d’un atlas mondial reprenant l’ensemble de ces principes.
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Quels sont-ils ? de représenter toutes les portions du globe avec la même échelle, de façon à éviter les biais tendant à modifier les importances relatives : ainsi, certains atlas éducatifs de collège donnent plusieurs cartes sur la France (d’un seul tenant, puis parties par partie), et un peu plus loin, deux ou trois cartes sur l’Asie, forcément à une échelle plus petite : inconsciemment, le choix éditorial (la « place » donnée) suggère que la France a autant d’importance que l’Asie. L’atlas de Peters veut, lui, donner à voir « la terre dans ses véritables proportions », comme l’indique le sous-titre.
Le plus intéressant n’est donc pas dans le planisphère allongé qui « déforme » les contours. Le plus important est que chaque double-page détaillant telle ou telle zone (Europe du Nord, quart de l’Arctique, Papouasie) donne à voir exactement un carré qui a la même taille. Un centimètre carré de la carte donne à voir 6000 km² sur le terrain. Cette uniformité incite à la comparaison !
Autrement dit, vous êtes sans cesse avec deux pages ouvertes simultanément : celle que vous observez, et celle qui vous sert de référence. Vous vous apercevez alors que Madagascar est deux fois plus grande que l’Angleterre. Que le Venezuela est grand comme la France. Que celle-ci est plus « large » qu’on ne l’imagine habituellement, quand l’Espagne est plus « longue » qu’on ne le croit. Que Taiwan est aussi grande que la Sardaigne et la Corse réunies.
Autrement dit encore, les focalisations sont plus « justes » que la projection générale qui est déformante. Surtout, elles incitent à une comparaison permanente, qui amène à « relativiser » non seulement les cartes, mais surtout les représentations associées à ces représentations. Or, la plupart de ces représentations mentales (le souvenir des représentations imprimées que sont les cartes) donnent une part plus importantes aux pays européens : non seulement parce que nous voyons plus souvent ces cartes, mais aussi parce que ces cartes le sont à plus grande échelle, donc plus «grosses. Ainsi, le nombre et l’échelle sur valorisent habituellement les régions européennes, au détriment du reste du monde.
La deuxième partie, thématique, reprend (cette fois à l’échelle du planisphère) un certain nombre d’analyses transverses, permettant là aussi des comparaisons structurelles. Il peut s’agir de données géographiques (ensoleillement, risques naturels, végétations), économiques (agriculture, rendement agricole, élevage, pêche, industrie automobile, énergie, ), démographiques (structure démographique, espérance de vie, HIV Sida, urbanisation,… ) ou sociales (travail des enfants, prostitution, inégalités sociales, statut de la femme) sans oublier les classiques (langues, religions, puissance militaire,..) . Autant de cartes qui font l’objet par ailleurs d’atlas spécialisés, ou de focales régionales. L’intérêt est là encore d’avoir une collection de cartes à l’échelle mondiale, permettant des comparaisons, non seulement entre pays, mais aussi entre cartes pour essayer de trouver des régularités ou, le plus souvent, des irrégularités.
On l’aura compris : voici un atlas original, « différent ». Il ne peut constituer un premier atlas mais viendra compléter la bibliothèque de l’honnête homme qui ne peut se contenter d’un seul atlas : comme troisième ou quatrième atlas, il est parfaitement justifié car il apporte réellement des perceptions nouvelles, et surtout organisées méthodiquement.
Atlas mondial de Peters, Tandem Verlag GmbH pour l’édition française, 2010 (en coopération avec h.f. ullmann, voir www.ulmann-publishing.com)
Planisphère démographique :
Bon, et puisque on en est aux représentations déclarées, jetez un œil à ce planisphère démographique (merci Eric) : là encore, des réprésentations qui changent les perspectives. Où l'on s'aperçoit que l'Europe n'est pas si décatie qu'on le vit.
projection de Peters
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Par Olivier Kempf le jeudi, août 22 2013, 20:40
http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2013/08/22/Atlas-mondial-de-Peters
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Quels sont-ils ? de représenter toutes les portions du globe avec la même échelle, de façon à éviter les biais tendant à modifier les importances relatives : ainsi, certains atlas éducatifs de collège donnent plusieurs cartes sur la France (d’un seul tenant, puis parties par partie), et un peu plus loin, deux ou trois cartes sur l’Asie, forcément à une échelle plus petite : inconsciemment, le choix éditorial (la « place » donnée) suggère que la France a autant d’importance que l’Asie. L’atlas de Peters veut, lui, donner à voir « la terre dans ses véritables proportions », comme l’indique le sous-titre.
Le plus intéressant n’est donc pas dans le planisphère allongé qui « déforme » les contours. Le plus important est que chaque double-page détaillant telle ou telle zone (Europe du Nord, quart de l’Arctique, Papouasie) donne à voir exactement un carré qui a la même taille. Un centimètre carré de la carte donne à voir 6000 km² sur le terrain. Cette uniformité incite à la comparaison !
Autrement dit, vous êtes sans cesse avec deux pages ouvertes simultanément : celle que vous observez, et celle qui vous sert de référence. Vous vous apercevez alors que Madagascar est deux fois plus grande que l’Angleterre. Que le Venezuela est grand comme la France. Que celle-ci est plus « large » qu’on ne l’imagine habituellement, quand l’Espagne est plus « longue » qu’on ne le croit. Que Taiwan est aussi grande que la Sardaigne et la Corse réunies.
Autrement dit encore, les focalisations sont plus « justes » que la projection générale qui est déformante. Surtout, elles incitent à une comparaison permanente, qui amène à « relativiser » non seulement les cartes, mais surtout les représentations associées à ces représentations. Or, la plupart de ces représentations mentales (le souvenir des représentations imprimées que sont les cartes) donnent une part plus importantes aux pays européens : non seulement parce que nous voyons plus souvent ces cartes, mais aussi parce que ces cartes le sont à plus grande échelle, donc plus «grosses. Ainsi, le nombre et l’échelle sur valorisent habituellement les régions européennes, au détriment du reste du monde.
La deuxième partie, thématique, reprend (cette fois à l’échelle du planisphère) un certain nombre d’analyses transverses, permettant là aussi des comparaisons structurelles. Il peut s’agir de données géographiques (ensoleillement, risques naturels, végétations), économiques (agriculture, rendement agricole, élevage, pêche, industrie automobile, énergie, ), démographiques (structure démographique, espérance de vie, HIV Sida, urbanisation,… ) ou sociales (travail des enfants, prostitution, inégalités sociales, statut de la femme) sans oublier les classiques (langues, religions, puissance militaire,..) . Autant de cartes qui font l’objet par ailleurs d’atlas spécialisés, ou de focales régionales. L’intérêt est là encore d’avoir une collection de cartes à l’échelle mondiale, permettant des comparaisons, non seulement entre pays, mais aussi entre cartes pour essayer de trouver des régularités ou, le plus souvent, des irrégularités.
On l’aura compris : voici un atlas original, « différent ». Il ne peut constituer un premier atlas mais viendra compléter la bibliothèque de l’honnête homme qui ne peut se contenter d’un seul atlas : comme troisième ou quatrième atlas, il est parfaitement justifié car il apporte réellement des perceptions nouvelles, et surtout organisées méthodiquement.
Atlas mondial de Peters, Tandem Verlag GmbH pour l’édition française, 2010 (en coopération avec h.f. ullmann, voir www.ulmann-publishing.com)
Planisphère démographique :
Bon, et puisque on en est aux représentations déclarées, jetez un œil à ce planisphère démographique (merci Eric) : là encore, des réprésentations qui changent les perspectives. Où l'on s'aperçoit que l'Europe n'est pas si décatie qu'on le vit.
projection de Peters
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Par Olivier Kempf le jeudi, août 22 2013, 20:40
http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2013/08/22/Atlas-mondial-de-Peters
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