Depuis la création des cellules photovoltaïques, des fous volants tentent de mettre au point des avions qui planeraient grâce au soleil.
« Les avions volent au-dessus des nuages, là où le soleil brille sans cesse. Quel dommage de ne pas utiliser cette ressource. »
Le jeune designer français Daphnis Fournier est parti de cette évidence pour imaginer un majestueux avion solaire.
La cabine des passagers est surmontée d'un ballon gonflé à l'hélium, dont la vaste surface est couverte de cellules photovoltaïques.
L'idée est séduisante, mais est-elle réalisable ? En tout cas, elle titille les chercheurs depuis l'apparition sur le marché des premières cellules photovoltaïques abordables, dans les années 1970.
Une histoire de pionniers passionnés, comme l'étaient les pères fondateurs de l'aviation il y a plus d'un siècle.
Ainsi, dès 1974, l'Américain Roland Boucher fait voler un prototype sans passager grâce à des cellules photovoltaïques.
En 1979, le Mauro Solar Riser est le premier coucou solaire à décoller avec son pilote, Larry Mauro. En 1981, le Gossamer Penguin survole vaillamment la Manche.
Et, en 1990, l'Américain Eric Raymond traverse les Etats-Unis à bord de son Sunseeker en 21 étapes et 121 heures de vol.
L'aventurier Bertrand Piccard aux manettes
Aujourd'hui, la star incontestée des avions solaires est le Solar Impulse. Bertrand Picard, psychiatre suisse, fils et petit-fils d'explorateurs, en a eu l'idée à la suite de son tour du monde en ballon sans escale en 1999.
Associé à André Borschberg, un compatriote ingénieur et pilote professionnel, il veut prouver avec son projet le potentiel des énergies renouvelables.
Leur premier exploit date de 2010 : après sept ans de recherche, le Solar Impulse vole pour la première fois, pendant 87 minutes, autour de l'aérodrome de Payerne, en Suisse.
En juillet de la même année, le prototype effectue un vol de 26 heures, utilisant la nuit l'énergie solaire accumulée le jour.
En 2011, Solar Impulse relie la Suisse avec la Belgique et la France. L'année suivante, Bertrand Piccard est aux commandes et rejoint, en sept étapes, le Maroc en partant de la Suisse.
En mai prochain, le Solar Impulse traversera les Etats-Unis d'ouest en est en quatre escales. Et le tour du monde ? Il est planifié pour 2015.
Des modèles de plus en plus efficaces
Cet oiseau gigantesque a les ailes couvertes par 200 m2 de cellules solaires. Son envergure équivaut à celle d'un Boeing 747 (63,4 m). Son poids est celui d'une voiture (1,6 tonne). Et sa cabine contient tout juste le pilote…
Préfigure-t-il les avions de demain ? « Solar Impulse n'a pas été construit pour transporter des passagers, mais pour faire passer un message, martèle Bertrand Piccard.
Nous voulons démontrer ce qu'il est aujourd'hui possible de faire avec les technologies propres pour réduire la dépendance de notre société aux énergies fossiles. Ce que nous réussissons dans les airs, tout le monde peut le faire sur terre, dans sa vie de tous les jours. »
Faire voler des voyageurs grâce au soleil, Eric Raymond, le pilote du Sunseeker, lui, y croit. « Pour les vols avec passagers, des avions lents et des dirigeables fonctionnant au solaire sont tout à fait envisageables. »
Lui-même a conçu, sur le papier seulement, faute de financement, une sorte de zeppelin baptisé Sunship. En attendant, au sein de sa société Solar Flight, il développe avec passion des avions solaires de plus en plus efficaces.
« Ils sont plus rapides que Solar Impulse, explique-t-il, et conçus pour être utilisés dans des conditions météo variées, pour un usage sportif, mais pas pour rester dans les airs toute la nuit. »
Sunseeker II, construit en 2006, a un moteur deux fois plus puissant que Sunseeker I. Et Sunseeker Duo, « le premier avion solaire deux places », sort tout juste du hangar et sera testé dans les prochains mois.
La révolution solaire avance doucement
Les avions solaires individuels, de loisir, sont donc à portée de main. Pour les vols au long cours transportant les touristes à travers le monde, il faudra patienter encore un bout de temps.
« Aujourd'hui, il n'existe aucun projet industriel d'avion solaire, admet Eric Dautriat, directeur de Clean Sky, un programme de recherche aéronautique européen lancé en 2008. Et les concepts futuristes sont regardés avec condescendance dans le milieu. »
Rainer Von Wrede, qui dirige le pôle environnement chez Airbus, confirme : « Il existe des énergies alternatives. Mais le kérosène, utilisé aujourd'hui, a une densité énergétique très élevée, sans équivalent.
N'importe quelle batterie pèse beaucoup plus lourd. Il faudrait par ailleurs une envergure de plusieurs kilomètres de panneaux solaires pour produire l'électricité nécessaire à un Airbus. Impossible ! »
« Cependant, poursuit Rainer Von Wrede, je suis convaincu que, dans l'avenir, les avions utiliseront l'énergie solaire. De façon accessoire, pas pour alimenter le moteur, mais pour la climatisation, la cuisine, les systèmes à bord… »
Alors qu'attend-on pour installer des cellules sur tous les avions existants ? Impossible aussi. « Il faut qu'ils soient intégrés au moment de la conception de l'engin. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. »
Cela n'empêche pas la révolution solaire d'avancer. « Un jour, assure Eric Dautriat, les cellules photovoltaïques auront un meilleur rendement et la masse des batteries sera considérablement réduite, ce qui rendra leur utilisation possible.
Mais dans l'aéronautique, il faut dix ans pour mûrir une technologie et autant pour la développer. Puis il faut attendre le retour sur investissement. Les cycles dans notre industrie durent une cinquantaine d'années. »
Patience, les fous volants, pionniers du solaire, auront un jour raison.
source : http://www.leparisien.fr
Écrit par Administrator
Vendredi, 23 Août 2013 00:00
http://www.laterredufutur.com/accueil/index.php/category-table/508-futur--fendre-lair-a-lenergie-solaire.html
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