mercredi 8 mai 2013

L'ESA ou l'Espace au pas de charge

À l'image d'ENVISAT, dont la mission d'observation
de la Terre doit s'achever cette année,
l'ESA consacre 90% de son budget à des applications
à l'impact immédiat sur la vie des citoyens.
Si cette politique se poursuivra dans les années futures,
 l'Agence spatiale européenne va également retourner
sur Mars. Avant 
d'y envoyer un homme? © photo news.
Les activités de l'Agence spatiale européenne couvrent l'ensemble du domaine spatial et ont des répercussions immédiates sur le quotidien de chacun. Une omniprésence résultant d'une politique audacieuse et coordonnée qui, en près d'un demi-siècle, a permis à l'Europe d'avoir un accès indépendant à l'Espace grâce à une gamme de lanceurs la plus complète au monde. Régie par la loi du juste retour, elle est un moteur économique pour chaque Etat membre, dont la Belgique. Le lancement de PROBA-V fut l'occasion d'en savoir davantage sur cet organisme hyperactif.

Si son acronyme est moins illustre que son alter-ego américain, l'ESA est pourtant devenue, en près de cinquante ans d'existence, l'un des acteurs majeurs de la science spatiale. Si aujourd'hui, nous téléphonons, naviguons, composons nos tenues vestimentaires en fonction des prévisions météo, nous le devons à ses développements permanents. Vecteur de compétitivité, celle qui emploie 1.900 personnes est source de croissance pour les vingt pays membres qui la composent, dont la Belgique. Mais n'entre pas qui veut.

Obligatoires et facultatifs
Car à l'instar de l'Union Européenne, l'octroi d'un siège suit un cheminement strict, qui peut durer plus de quatre ans. "La condition sine qua non pour intégrer l'ESA est de participer à un programme scientifique. Il est obligatoire", nous glisse Franck Bonacina, porte-parole du Directeur général de l'ESA. "Pour y adhérer, les candidats doivent comprendre notre fonctionnement et, surtout, avoir la capacité de participer à différents programmes. Si la science spatiale est obligatoire, chaque pays est libre de contribuer à la recherche et au développement de satellites de télécommunications, d'observations de la terre ou à la construction de lanceurs en fonction de leur intérêt et de leur capacité industrielle". La Belgique, par exemple, participe à tous les programmes. Cinquième contributeur de l'ESA, notre nation est considérée aujourd'hui comme un pilier de l'aérospatiale. Près de septante entreprises travaillent dans ce secteur, et la station au sol de Redu est active dans le contrôle de certains satellites, comme PROBA-V, lancé lundi dernier. "En proportion, chaque belge investit beaucoup plus que d'autres pays à l'intérieur de l'ESA en rapport du PIB", ajoute Franck Bonacina. ...

Un cinquième de la NASA
Avec un budget actuel de plus ou moins 4 milliards d'euros, soit un cinquième du budget "civil" de la NASA, l'agence a atteint le Graal. Celui d'un accès indépendant à l'Espace. "C'est un principe fondamental. Notre propre système de lanceurs nous permet de conduire nos programmes, de lancer des satellites en totale autonomie. Avant l'existence de l'ESA, nous répondions de la volonté des USA d'envoyer des satellites. On s'est rapidement rendu compte qu'il fallait développer un système de transport propre. Aujourd'huiavec ARIANE 5, le petit lanceur VEGA et Soyouz, nous avons un système de transport complet, pour tous types de charges".

VEGA est venu compléter la gamme de lanceurs de l'ESA
qui aujourd'hui peut transporter toutes charges utiles. © ESA.

Course aux étoiles
L'ESA est donc parée pour faire face à la concurrence des Etats-Unis, de la Russie, du Japon, de la Chine ou de l'Inde. Cependant, on est aujourd'hui bien loin de la course aux étoiles des années 50-60, les grandes puissances spatiales ont saisi l'intérêt d'une collaboration étroite. "Nous avons tous compris qu'une coopération permet de faire de grandes choses. La Station Spatiale Internationale (ISS) en est le parfait exemple. Elle est le fruit d'une coopération étroite depuis une vingtaine d'années. Nous y contribuons en implantant du hardware, comme le laboratoire Columbus (réservé à la recherche en micropesanteur, ndlr), qui est au coeur de l'ISS. Il permet aux astronautes européens, russes et américains de mener des expériences profitables à la communauté scientifique sur terre". Bien d'autres composants de l'ISS sont par ailleurs made in Europe. ...

Par: Loïc Struys
8/05/13 - 14h34

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