Avec son projet dévoilé à la mi-mars, l’entreprise suisse S3 devrait entrer dans le club très fermé des acteurs capables de placer un satellite en orbite autour de la Terre. Un marché en pleine croissance et de plus en plus concurrentiel, qui dépassera les 50 milliards de dollars en 2020.
Aux temps héroïques de la course à la Lune, les choses étaient simples. Sur fond de Guerre froide, une fusée capable d’atteindre l’espace ne pouvait être que soviétique ou américaine. Les communistes avaient leurs engins spatiaux, le monde libre avait les siens, tous plus ou moins régentés par les militaires. Un demi-siècle plus tard, la prestigieuse Soyouz vole sous les couleurs de l’Europe, qui peut aussi confier ses satellites à un lanceur indien, voire chinois. Les équipages de la Station spatiale internationale (ISS) ne peuvent être relevés que par un engin russe et les opérateurs privés vendent la mise en orbite de leurs satellites de télécoms au plus offrant. ...
La guerre des tarifs
Prestige, certes, mais business aussi. L’exploitation commerciale de l’espace débute en 1965, avec Intelsat I, premier satellite de télécommunications privé. En 1979 s’envole la première fusée européenne Ariane et la décennie qui suit voit l’ouverture du marché. Même l’URSS déclinante se résout à lancer des satellites «capitalistes» dès 1985. Aujourd’hui, outre les américaines, les russes et les européennes, qui veut placer un satellite en orbite peut encore choisir une fusée indienne, japonaise, ukrainienne, sud-coréenne ou chinoise.
Ici, le drapeau n’a plus guère d’importance. Ce qui compte avant tout, ce sont «la capacité du lanceur à répondre aux besoins de la mission, sa fiabilité et le prix des services de lancement», résume Daniel Neuenschwander. Autrement dit, pas besoin de mobiliser les 700 tonnes d’Ariane V pour amener un satellite d’une tonne en orbite basse. Et autant choisir une fusée qui ne risque pas (trop) d’exploser au décollage.
La fiabilité, c’est ce qui fait la force des Européens d’Arianespace. Même si leurs trois fusées, Ariane, Soyouz et Vega, sont relativement chères, elles détiennent ensemble le leadership des lancements commerciaux. En 2012, la société a effectué 10 lancements, qui représentent 55% du marché ouvert à la concurrence. Et pour 2013, elle a raflé 60% des nouvelles commandes. ...
Par Marc-André Miserez, swissinfo.ch
08 mai 2013 - 11:00
Lire la suite http://www.swissinfo.ch/fre/sciences_technologies/Monter_en_orbite,_c_est_difficile_et_ca_coute_cher.html?cid=35701314
Annexes
Trois orbites
Tout objet lancé en l’air tend à retomber sous l’effet de l’attraction terrestre. Pour amener un satellite à tourner autour de la Terre, il faut lui imprimer une vitesse d’au moins 28’000 km/h. En l’état actuel de notre technique, seule une fusée à étages est capable de le faire. Très lourde au décollage, elle devient de plus en plus légère au fur et à mesure qu’elle brûle son carburant et qu’elle largue ses étages. Selon sa puissance, elle peut placer le satellite en:
Orbite basse. De 300 à 2000 km. C’est la zone située entre l’atmosphère et la ceinture de radiations de Van Allen (qui protège la Terre des vents solaires). On y trouve la plupart des satellites de surveillance, météo, d’imagerie terrestre, ainsi que la Station spatiale internationale (ISS).
Orbite moyenne. De 2000 à 35'000 km. Elle sert surtout aux satellites de navigation, comme le GPS américain, le Glonass russe et bientôt le Galileo européen.
Orbite géostationnaire. A 35'786 km du sol, un objet satellisé tourne à la même vitesse que la Terre. Vu du sol, il paraît donc immobile. C’est l’orbite préférée des satellites de télécommunications et de télévision.
L’exemple d’Ariane V au décollage
Sur son pas de tir, la plus grosse fusée européenne pèse plus de 700 tonnes, masse constituée à près de 90% par le carburant.
Une minute après le lancement, la fusée est à 7500 mètres du sol et ne vole encore qu’à 720 km/h. A 2 minutes et 20 secondes de vol, elle a fait les deux tiers du trajet qui nous sépare de l’espace. A 66 km d’altitude, elle file à 7400 km/h et largue ses propulseurs à poudre.
A 9 minutes et demi de vol, elle est à 147 km d’altitude. Sa vitesse est de 28’033 km/h. Elle a vaincu l’attraction terrestre et largue son premier étage.
A l’extinction du second étage, la vitesse peut dépasser les 33'000 km/h. En une demi-heure, Ariane a brûlé tout son carburant. Suivant l’orbite visée, la masse qu’elle a propulsé dans l’espace va de 2 à 20 tonnes.
Aux temps héroïques de la course à la Lune, les choses étaient simples. Sur fond de Guerre froide, une fusée capable d’atteindre l’espace ne pouvait être que soviétique ou américaine. Les communistes avaient leurs engins spatiaux, le monde libre avait les siens, tous plus ou moins régentés par les militaires. Un demi-siècle plus tard, la prestigieuse Soyouz vole sous les couleurs de l’Europe, qui peut aussi confier ses satellites à un lanceur indien, voire chinois. Les équipages de la Station spatiale internationale (ISS) ne peuvent être relevés que par un engin russe et les opérateurs privés vendent la mise en orbite de leurs satellites de télécoms au plus offrant. ...
La guerre des tarifs
Prestige, certes, mais business aussi. L’exploitation commerciale de l’espace débute en 1965, avec Intelsat I, premier satellite de télécommunications privé. En 1979 s’envole la première fusée européenne Ariane et la décennie qui suit voit l’ouverture du marché. Même l’URSS déclinante se résout à lancer des satellites «capitalistes» dès 1985. Aujourd’hui, outre les américaines, les russes et les européennes, qui veut placer un satellite en orbite peut encore choisir une fusée indienne, japonaise, ukrainienne, sud-coréenne ou chinoise.
Ici, le drapeau n’a plus guère d’importance. Ce qui compte avant tout, ce sont «la capacité du lanceur à répondre aux besoins de la mission, sa fiabilité et le prix des services de lancement», résume Daniel Neuenschwander. Autrement dit, pas besoin de mobiliser les 700 tonnes d’Ariane V pour amener un satellite d’une tonne en orbite basse. Et autant choisir une fusée qui ne risque pas (trop) d’exploser au décollage.
La fiabilité, c’est ce qui fait la force des Européens d’Arianespace. Même si leurs trois fusées, Ariane, Soyouz et Vega, sont relativement chères, elles détiennent ensemble le leadership des lancements commerciaux. En 2012, la société a effectué 10 lancements, qui représentent 55% du marché ouvert à la concurrence. Et pour 2013, elle a raflé 60% des nouvelles commandes. ...
Par Marc-André Miserez, swissinfo.ch
08 mai 2013 - 11:00
Lire la suite http://www.swissinfo.ch/fre/sciences_technologies/Monter_en_orbite,_c_est_difficile_et_ca_coute_cher.html?cid=35701314
Annexes
Trois orbites
Tout objet lancé en l’air tend à retomber sous l’effet de l’attraction terrestre. Pour amener un satellite à tourner autour de la Terre, il faut lui imprimer une vitesse d’au moins 28’000 km/h. En l’état actuel de notre technique, seule une fusée à étages est capable de le faire. Très lourde au décollage, elle devient de plus en plus légère au fur et à mesure qu’elle brûle son carburant et qu’elle largue ses étages. Selon sa puissance, elle peut placer le satellite en:
Orbite basse. De 300 à 2000 km. C’est la zone située entre l’atmosphère et la ceinture de radiations de Van Allen (qui protège la Terre des vents solaires). On y trouve la plupart des satellites de surveillance, météo, d’imagerie terrestre, ainsi que la Station spatiale internationale (ISS).
Orbite moyenne. De 2000 à 35'000 km. Elle sert surtout aux satellites de navigation, comme le GPS américain, le Glonass russe et bientôt le Galileo européen.
Orbite géostationnaire. A 35'786 km du sol, un objet satellisé tourne à la même vitesse que la Terre. Vu du sol, il paraît donc immobile. C’est l’orbite préférée des satellites de télécommunications et de télévision.
L’exemple d’Ariane V au décollage
Sur son pas de tir, la plus grosse fusée européenne pèse plus de 700 tonnes, masse constituée à près de 90% par le carburant.
Une minute après le lancement, la fusée est à 7500 mètres du sol et ne vole encore qu’à 720 km/h. A 2 minutes et 20 secondes de vol, elle a fait les deux tiers du trajet qui nous sépare de l’espace. A 66 km d’altitude, elle file à 7400 km/h et largue ses propulseurs à poudre.
A 9 minutes et demi de vol, elle est à 147 km d’altitude. Sa vitesse est de 28’033 km/h. Elle a vaincu l’attraction terrestre et largue son premier étage.
A l’extinction du second étage, la vitesse peut dépasser les 33'000 km/h. En une demi-heure, Ariane a brûlé tout son carburant. Suivant l’orbite visée, la masse qu’elle a propulsé dans l’espace va de 2 à 20 tonnes.
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