samedi 21 mai 2011

Pour une recherche fondamentale européenne

" L’innovation et l’économie de la connaissance sont au cœur de la stratégie européenne pour renouer avec une croissance durable. Cette approche doit être défendue, mais elle demeure incomplète tant que le rôle de la recherche fondamentale n’est pas pris en compte. Cette dernière reste en effet indispensable pour générer des sauts qualitatifs de connaissance à long terme, et son recul pourrait affecter significativement le potentiel d’innovation européen. ...

Pour conserver une position centrale, l’Union européenne s’est fixée comme objectif de promouvoir l’économie de la connaissance, afin de tourner son industrie et ses services vers la création de produits à forte valeur ajoutée, et de construire une nouvelle croissance fondée sur une volonté permanente d’innovation.

La croissance par l’innovation est une idée qui fait consensus, et les mécanismes proposés sont connus : promouvoir l’excellence dans les centres de recherche, favoriser les partenariats entre les universités et les entreprises, mettre en place des structures de valorisation et diffuser une culture d’innovation. ... Tous ces efforts devraient concourir à renforcer le fameux triangle de la connaissance, composé de l’éducation, la recherche et l’innovation. ...


Il est logique, en période de crise économique, de concentrer les efforts sur des projets technologiques susceptibles de produire de la valeur à court ou moyen terme. Sortir de la crise, et poser les fondements d’une croissance durable et respectueuse de l’environnement, sont des défis politiques immédiats. Mais il faut également considérer le long terme, l’évolution historique du progrès scientifique et technologique. En effet, les grandes révolutions techniques ne se construisent pas par une suite d’améliorations incrémentales, mais par des renversements de paradigme complets, fondés sur une meilleure compréhension de la nature et de ses lois. Ce sont les efforts entrepris dans la recherche fondamentale, dans le travail permanent de compréhension de l’univers, qui aboutissent aux véritables nouveautés, aux sauts qualitatifs qui ouvrent des marchés entièrement neufs, sur lesquels des pans entiers de l’industrie vont ensuite se construire. ...

Par ailleurs, l’innovation comme vecteur de croissance n’est ni une idée neuve, ni une stratégie spécifiquement européenne. Les puissances émergentes investissent massivement en recherche et développement, et leur concurrence dans les secteurs à forte valeur ajoutée sera bientôt très sérieuse. Il ne suffit donc pas d’innover : pour générer de la croissance sur le long terme, les sauts qualitatifs sont essentiels et ne peuvent apparaître que grâce à une recherche fondamentale de qualité. Ce n’est qu’en maintenant un réseau de recherche solide sur des questions théoriques pures que l’Europe pourra assurer sa place sur le long terme, en anticipant les grandes révolutions plutôt qu’en les accueillant a posteriori. ...

L’Europe a les moyens humains, technologiques et matériels pour mener une recherche de pointe dans l’ensemble des domaines scientifiques. Avec une spécialisation réfléchie, de grands clusters de laboratoires, d’universités et d’entreprises peuvent voir le jour et produire des progrès significatifs, que ce soit en termes de connaissances pures ou d’applications. Ce processus a déjà commencé, mais ces débuts sont timides. L’éclatement des structures de recherche dans l’Union européenne est un frein considérable à leur efficacité et à leur visibilité. Pour accélérer cette nécessaire transformation, il faut désormais une gouvernance européenne de la recherche plus forte. ...

L’innovation et la recherche fondamentale doivent donc avancer de front. L’Europe est le niveau d’organisation idéal pour mener une réflexion stratégique d’ensemble, qui intègre ces deux éléments pour favoriser le progrès scientifique et technologique."

Maël DONOSO
nonfiction.fr
samedi 21 mai 2011 - 20:00

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