Le milieu du travail évolue à un rythme effréné: on demande aux employés de plus en plus de performance, de polyvalence et de mobilité, et ce, dans un contexte d'instabilité et d'instantanéité. Pour survivre dans cette jungle, mieux vaut s'équiper en allant chercher des compétences d'appoint, estime Guy Mineau, directeur général de la formation continue à l'Université Laval.
Avec le départ à la retraite des baby-boomers, les jeunes accèdent plus rapidement à des postes de haut niveau laissés vacants par la génération précédente. Et pour être en mesure de remplir les conditions inhérentes à ces nouveaux défis, plusieurs font appel à la formation continue qui offre des cours crédités en version accélérée pour les adultes sur le marché du travail.
«Pour l'avancement de carrière, on doit rafraîchir nos con-naissances ou, dans la majorité des cas, aller chercher des compétences qui nous rendent aptes à atteindre des postes plus séniors dans les entreprises», explique Guy Mineau, de la Direction générale de la formation continue (DGFC).
Selon lui, la formation continue est en plein essor, car elle répond à un besoin pressant des individus qui doivent assumer de plus en plus de responsabilités dans le cadre de leurs fonctions professionnelles. «Les besoins changent dans la société. Avant, quand les gens postulaient, c'était pour un emploi qu'ils gardaient pour le restant de leur vie. Maintenant, les gens vont occuper en moyenne trois ou quatre emplois dans leur carrière et, quand on regarde le curriculum vitae des gens qui postulent aujourd'hui, on voit qu'ils ont beaucoup de diplômes, beaucoup d'expérience. Ce sont des gens qui ont pris conscience que, pour un cheminement de carrière, ils doivent ajouter des connaissances à leur portefeuille.»
Le directeur général estime que cela fait désormais partie des moeurs que d'être au fait de sa compétence et de travailler à la maintenir constamment à niveau. Et seuls ceux qui s'y emploieront pourront se frayer un chemin jusqu'au sommet.
«Les gens qui ont du succès dans leur carrière, ce sont des gens qui sont en avant de la vague. Ils voient où va leur carrière, où ils désirent l'amener et, selon les occasions d'emploi qu'ils voient passer, ils s'orientent tôt vers ces possibilités en travaillant sur leur propre C.V., en s'assurant qu'ils ont toutes les compétences nécessaires pour la continuation de leur carrière.»
Formation d'appoint en entreprise
À l'Université Laval, la majorité de la clientèle en formation continue est constituée de ces individus qui cherchent à faire valoir leur profil de carrière avec des cours crédités qui s'échelonnent sur des blocs de quelques jours. Mais l'autre volet, sur lequel la Direction générale de la formation continue mise actuellement, c'est la formation en entreprise avec des cours d'appoint non crédités. «Nous sommes présentement en train de réfléchir à la mise sur pied d'un service qui pourrait prendre directement les demandes des entreprises», se réjouit Guy Mineau.
La formation en entreprise se fait déjà, mais l'Université Laval souhaite développer et mettre en valeur ce service partout au Québec, et plus particulièrement dans la région de Montréal. «Selon les besoins, nous pouvons prendre des groupes qui viennent d'une même entreprise — des groupes homogènes — et, souvent, dans ces cas-là, nous adaptons la formation au contexte de l'entreprise. Nous offrons également des formules plus génériques pour des secteurs d'activité. Nous nous retrouvons alors avec des gens qui proviennent de différentes entreprises et qui sont mis en réseautage à travers la formation.»
Des programmes adaptés aux besoins
Les programmes de formation ont beau être limités par le bassin de compétence de l'université, Guy Mineau affirme bénéficier d'un large réseau de formateurs puisque la direction générale de la formation continue (DGFC) a accès à tous les professeurs de l'université, aux chargés de cours et à l'ensemble des consultants qui se retrouvent dans leurs réseaux de contacts. «Ce sont donc des milliers de personnes qui peuvent être mises à contribution pour venir en aide aux entreprises.»
Que ce soit dans la formation continue créditée — principalement pour les individus qui veulent améliorer leur curriculum vitae — ou pour répondre aux attentes spécifiques d'une entreprise, les besoins sont évalués avec beaucoup de soins, assure Guy Mineau.
«Pour choisir les programmes qui sont offerts, nous faisons du démarchage. De par nos réseaux de contacts et les activités que nous avons avec les différents milieux, nous sommes à l'écoute des besoins. Et nos 16 facultés sont très bien réseautées dans leurs domaines d'activité respectifs.»
Pour illustrer son propos, il donne l'exemple d'un colloque de la Chambre des notaires auquel assisterait la Faculté de droit de l'Université Laval. Celle-ci pourrait relever un besoin de formation pour les jeunes notaires travaillant depuis cinq ans sur un nouveau projet de loi et en faire part à la DGFC. «Quand nous pensons qu'il y a un besoin, nous faisons une validation avec le milieu, nous organisons des focus groups, nous distribuons des sondages; bref, nous nous tenons à l'affût des besoins. Mais je dois dire que le téléphone sonne tellement que nous peinons à répondre à toutes les demandes qu'on nous fait. Notre vigie n'est donc pas difficile à faire.»
Nouveaux défis
Guy Mineau est convaincu que la popularité de la formation continue va se poursuivre au fil du temps, d'autant plus que le Web est désormais mis à contribution pour laisser encore plus de souplesse aux étudiants adultes qui sont déjà sur le marché du travail. «Nous sommes en chantier présentement pour explorer les modes de prestation hybride pour notre formation continue, où une partie de la formation se fait en présentiel et l'autre partie, à distance.»
Selon lui, le plus grand défi pour les prochaines années est de convaincre les entreprises de l'importance de bien former leur personnel. En effet, le directeur général constate qu'il y a encore beaucoup de travail à faire en ce sens. Et ce, même si le gouvernement oblige désormais les grosses entreprises à dépenser 1 % de leur masse salariale en formation pour les employés ou à payer l'équivalent en impôts, versés par la suite dans un fonds national sur la main-d'oeuvre.
«Ce fonds, il croît d'année en année. Il y a donc une prise de conscience qui n'est pas complète de la part des employeurs sur l'importance de maintenir un potentiel de compétences assez large chez leurs employés. Et le défi va être de continuer notre "évangélisation" des entreprises, à savoir qu'il est essentiel pour la vitalité d'une entreprise de maintenir la compétence de son personnel.»
***
Collaboratrice du Devoir
Jessica Nadeau
24 septembre 2011
http://www.ledevoir.com/societe/education/332155/l-universite-repond-prendre-directement-en-compte-les-demandes-des-entreprises
Avec le départ à la retraite des baby-boomers, les jeunes accèdent plus rapidement à des postes de haut niveau laissés vacants par la génération précédente. Et pour être en mesure de remplir les conditions inhérentes à ces nouveaux défis, plusieurs font appel à la formation continue qui offre des cours crédités en version accélérée pour les adultes sur le marché du travail.
«Pour l'avancement de carrière, on doit rafraîchir nos con-naissances ou, dans la majorité des cas, aller chercher des compétences qui nous rendent aptes à atteindre des postes plus séniors dans les entreprises», explique Guy Mineau, de la Direction générale de la formation continue (DGFC).
Selon lui, la formation continue est en plein essor, car elle répond à un besoin pressant des individus qui doivent assumer de plus en plus de responsabilités dans le cadre de leurs fonctions professionnelles. «Les besoins changent dans la société. Avant, quand les gens postulaient, c'était pour un emploi qu'ils gardaient pour le restant de leur vie. Maintenant, les gens vont occuper en moyenne trois ou quatre emplois dans leur carrière et, quand on regarde le curriculum vitae des gens qui postulent aujourd'hui, on voit qu'ils ont beaucoup de diplômes, beaucoup d'expérience. Ce sont des gens qui ont pris conscience que, pour un cheminement de carrière, ils doivent ajouter des connaissances à leur portefeuille.»
Le directeur général estime que cela fait désormais partie des moeurs que d'être au fait de sa compétence et de travailler à la maintenir constamment à niveau. Et seuls ceux qui s'y emploieront pourront se frayer un chemin jusqu'au sommet.
«Les gens qui ont du succès dans leur carrière, ce sont des gens qui sont en avant de la vague. Ils voient où va leur carrière, où ils désirent l'amener et, selon les occasions d'emploi qu'ils voient passer, ils s'orientent tôt vers ces possibilités en travaillant sur leur propre C.V., en s'assurant qu'ils ont toutes les compétences nécessaires pour la continuation de leur carrière.»
Formation d'appoint en entreprise
À l'Université Laval, la majorité de la clientèle en formation continue est constituée de ces individus qui cherchent à faire valoir leur profil de carrière avec des cours crédités qui s'échelonnent sur des blocs de quelques jours. Mais l'autre volet, sur lequel la Direction générale de la formation continue mise actuellement, c'est la formation en entreprise avec des cours d'appoint non crédités. «Nous sommes présentement en train de réfléchir à la mise sur pied d'un service qui pourrait prendre directement les demandes des entreprises», se réjouit Guy Mineau.
La formation en entreprise se fait déjà, mais l'Université Laval souhaite développer et mettre en valeur ce service partout au Québec, et plus particulièrement dans la région de Montréal. «Selon les besoins, nous pouvons prendre des groupes qui viennent d'une même entreprise — des groupes homogènes — et, souvent, dans ces cas-là, nous adaptons la formation au contexte de l'entreprise. Nous offrons également des formules plus génériques pour des secteurs d'activité. Nous nous retrouvons alors avec des gens qui proviennent de différentes entreprises et qui sont mis en réseautage à travers la formation.»
Des programmes adaptés aux besoins
Les programmes de formation ont beau être limités par le bassin de compétence de l'université, Guy Mineau affirme bénéficier d'un large réseau de formateurs puisque la direction générale de la formation continue (DGFC) a accès à tous les professeurs de l'université, aux chargés de cours et à l'ensemble des consultants qui se retrouvent dans leurs réseaux de contacts. «Ce sont donc des milliers de personnes qui peuvent être mises à contribution pour venir en aide aux entreprises.»
Que ce soit dans la formation continue créditée — principalement pour les individus qui veulent améliorer leur curriculum vitae — ou pour répondre aux attentes spécifiques d'une entreprise, les besoins sont évalués avec beaucoup de soins, assure Guy Mineau.
«Pour choisir les programmes qui sont offerts, nous faisons du démarchage. De par nos réseaux de contacts et les activités que nous avons avec les différents milieux, nous sommes à l'écoute des besoins. Et nos 16 facultés sont très bien réseautées dans leurs domaines d'activité respectifs.»
Pour illustrer son propos, il donne l'exemple d'un colloque de la Chambre des notaires auquel assisterait la Faculté de droit de l'Université Laval. Celle-ci pourrait relever un besoin de formation pour les jeunes notaires travaillant depuis cinq ans sur un nouveau projet de loi et en faire part à la DGFC. «Quand nous pensons qu'il y a un besoin, nous faisons une validation avec le milieu, nous organisons des focus groups, nous distribuons des sondages; bref, nous nous tenons à l'affût des besoins. Mais je dois dire que le téléphone sonne tellement que nous peinons à répondre à toutes les demandes qu'on nous fait. Notre vigie n'est donc pas difficile à faire.»
Nouveaux défis
Guy Mineau est convaincu que la popularité de la formation continue va se poursuivre au fil du temps, d'autant plus que le Web est désormais mis à contribution pour laisser encore plus de souplesse aux étudiants adultes qui sont déjà sur le marché du travail. «Nous sommes en chantier présentement pour explorer les modes de prestation hybride pour notre formation continue, où une partie de la formation se fait en présentiel et l'autre partie, à distance.»
Selon lui, le plus grand défi pour les prochaines années est de convaincre les entreprises de l'importance de bien former leur personnel. En effet, le directeur général constate qu'il y a encore beaucoup de travail à faire en ce sens. Et ce, même si le gouvernement oblige désormais les grosses entreprises à dépenser 1 % de leur masse salariale en formation pour les employés ou à payer l'équivalent en impôts, versés par la suite dans un fonds national sur la main-d'oeuvre.
«Ce fonds, il croît d'année en année. Il y a donc une prise de conscience qui n'est pas complète de la part des employeurs sur l'importance de maintenir un potentiel de compétences assez large chez leurs employés. Et le défi va être de continuer notre "évangélisation" des entreprises, à savoir qu'il est essentiel pour la vitalité d'une entreprise de maintenir la compétence de son personnel.»
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Collaboratrice du Devoir
24 septembre 2011
http://www.ledevoir.com/societe/education/332155/l-universite-repond-prendre-directement-en-compte-les-demandes-des-entreprises
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