Chez nos voisins helvètes, patrons et hommes politiques sont jugés sur leur aptitude à arriver au bureau bien avant tout le monde.
Vue de Lugano en Suisse. Photo d'illustration. © Dino Fracchia / AFP |
Dans un portrait du jeune ministre genevois Pierre Maudet paru au début du mois, le quotidien Le Temps révèle que le responsable de la sécurité se lève à quatre heures du matin. Après avoir lu les journaux et le rapport de police des 24 dernières heures, il part courir sur les quais, puis il rentre à son domicile à l'heure du réveil de ses trois enfants. Pierre Maudet prend le petit-déjeuner avec eux, les accompagne à la crèche et à l'école, puis se rend à son département d'État (ministère).
Partant de l'exemple de Pierre Maudet, le magazine dominical Le Matin Dimanche rappelle que ce jeune ministre (35 ans) est loin d'être un cas unique en Suisse. Le chef d'entreprise Jean-Claude Biver (63 ans), l'un des champions de l'industrie horlogère, se lève, lui, à 2 h 30 ! Travailler entre 3 et 5 heures lui procure, dit-il, sérénité et calme. "C'est un équilibre. La nuit, j'ai le sentiment de dépasser mes concurrents qui dorment encore." En revanche, pour tenir le coup, il se couche entre 21 h 30 et 22 h 30.
Jean-Pierre Roth, l'ancien patron de la Banque nationale suisse (BNS), s'imposait les mêmes règles de vie. Tout en habitant Berne, il arrivait au bureau à Zurich à 7 heures, alors qu'il y a une heure de train entre les deux villes alémaniques. "Et quand je dînais à Genève (...), je disais clairement : Vous commencez quand vous voulez, mais à 22 heures, je sors de table", raconte-t-il au Matin Dimanche.
Debout comme à l'armée
En Suisse, ancien petit pays agricole, on a l'habitude de se lever très tôt. Christophe Darbeley, patron du Parti démocrate-chrétien (PDC), debout dès 4 h 30, raconte que son grand-père se levait aux aurores pour traire ses vaches. Cela tient également au fait que l'armée suisse ne s'appuie pas sur des soldats professionnels, mais sur une milice : tout bon Suisse est un militaire, et Pierre Maudet a le grade de capitaine. "Se lever à 4 heures du matin a quelque chose à faire avec une forme de croyance dans l'échange d'expériences entre l'armée et le civil", souligne le chasseur de têtes Éric Denzler, interrogé par Le Matin Dimanche. Toutefois, il ajoute aussitôt : "Personnellement, le bénéfice d'être réveillé à 4 h 30 du matin à l'école des recrues, pour attendre deux heures à ne rien faire en plein soleil, m'a toujours échappé."
Plus qu'en France, en Allemagne ou aux États-Unis, la norme sociale en Suisse est de se lever le plus tôt possible. L'une des personnes interrogées par le magazine lausannois, debout à 5 h 20, reconnaît que dans sa famille "on se levait tôt et on tapait les volets fort pour que les voisins le sachent". Il n'est pas rare qu'un haut fonctionnaire fédéral vous donne un rendez-vous à Berne à 7 h 30, alors que vous habitez Genève, et que le parcours en train réclame une bonne centaine de minutes.
Débarquer au travail autour de 9 heures vous classe définitivement, pour vos employeurs comme pour vos collègues de bureau, dans la catégorie des fainéants. En revanche, il est parfaitement admis d'éteindre très tôt son ordinateur, et de quitter le bureau sans donner d'explications. Reste à savoir si le fait de se lever au milieu de la nuit vous rend véritablement plus performant. Une mauvaise blague prétend que les Suisses se lèvent tôt, mais se réveillent tard...
De NOTRE CORRESPONDANT À GENÈVE, IAN HAMEL
Le Point.fr - Publié le 19/08/2013 à 10:55
http://www.lepoint.fr/monde/en-suisse-il-est-de-bon-ton-de-se-lever-a-4-heures-du-matin-19-08-2013-1715242_24.php
Le Point.fr - Publié le 19/08/2013 à 10:55
http://www.lepoint.fr/monde/en-suisse-il-est-de-bon-ton-de-se-lever-a-4-heures-du-matin-19-08-2013-1715242_24.php
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