lundi 19 août 2013

Comment une France "plus vieille, plus petite et moins riche" peut conquérir le monde

Quelle France en 2025? C'est la question que s'est posé le Commissariat général à la stratégie et à la prospective pour le séminaire gouvernemental de rentrée. Les points forts de son analyse.


Stratégie économique. La France doit se spécialiser dans ce qu'elle fait déjà le mieux: son art de vivre.
REUTERS


Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, dirigé par Jean-Pisani Ferry, contribuait au séminaire gouvernemental sur "la France en 2025", coup d'envoi de la rentrée politique. Contrairement à certains ministres, les spécialistes de la prospective ne peignent pas l'avenir en rose. Pour eux, dans dix ans, "la France sera à coup sûr plus vieille, plus petite, moins riche. Mais il nous reste un peu d'espoir. Retour sur les axes forts d'un texte dont l'optimisme bien tempéré a dû inspirer les services de Pierre Moscovici au ministère des Finances.

Oui, la France est en déclin

Cela ne se voit peut-être pas à l'oeil nu, mais les pays émergents s'enrichissent, ainsi que leurs habitants. Leur part dans le PIB mondial était de 36% en 1993, elle dépasse 50% en 2013. 40% de la population mondiale vivait sous le seuil de pauvreté en 1993, cette proportion s'est réduite à 20%. Les producteurs deviennent de plus en plus des consommateurs. Dans le même temps, le PIB des pays avancés a eu tendance à se contracter, et leurs dettes publiques les ont fragilisés.

Ce basculement économique s'accompagne d'un basculement culturel. Le nombre d'étudiants a doublé dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), et les publications scientifiques s'y font aussi de plus en plus nombreuses. "Il y a vingt ans, la dette était au Sud et le savoir au Nord. Aujourd'hui, la dette est au Nord et le savoir au Sud".

Mais non, tout n'est pas perdu

Cette irrésistible croissance d'une classe moyenne mondiale est une chance pour la France, car nos concurrents peuvent devenir nos clients, estime la contribution du Commissariat à la prospective. Il s'agit de deux milliards de nouveaux consommateurs qui offrent "de grandes possibilités" car, contrairement à l'Allemagne, nous ne sommes spécialisés dans les biens d'équipement, et nos produits sont mondialement perçus comme synonymes d'un certain art de vivre. Un argument repris par les services de Pierre Moscovici, qui ont aussi estimé que la diversité de l'industrie française serait un avantage par rapport à l'Allemagne dans les années qui viennent.

"Plus petite, plus riche et plus vieille", la France sera aussi mieux formée, grâce à l'allongement de la durée de scolarisation, dont Jean-Pierre Chevènement avait donné le coup d'envoi en 1985 en donnant l'objectif de 80% d'une classe d'âge au niveau du bac. Alors que, rappelle le Commissariat à la statégie, la proportion était alors de 30%.

La France peut aussi paradoxalement profiter, dans les dix années qui viennent, de son retard dans les nouvelles technologies. Des gains de productivité sont encore à attendre, alors que les Etats-Unis arrivent à maturité. Malgré tout, le Commissariat ne prévoit dans les cinq prochaines années qu'une croissance faible, de l'ordre de 1,5%.

Capitalisant sur ses points forts, compétitive grâce à la réforme de son marché du travail, la France pourrait ainsi tirer son épingle du jeu de la mondialisation et même, pourquoi pas, retrouver le chemin du plein emploi. Ce faisant, il faudra surtout abandonner l'idée que la taille est l'unique condition de la prospérité. Autrement dit, traduire "small is beautifull" dans la langue de de Gaulle.

L'Expansion.com - publié le 19/08/2013 à 18:26

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