Pour Acteurs publics, Jack Lang, ancien ministre de l’Éducation nationale et auteur du livre Pourquoi ce vandalisme d’État contre l’école ?, dénonce la “machine infernale” lancée par le gouvernement pour “détruire” l’enseignement en France. Il se dit favorable au retour à un ministère rassemblant l'Éducation nationale et l'Enseignement supérieur.
“Vandalisme d’État”, “mensonges”, “improvisations”, “système injuste et absurde”, “mesures dangereuses” : votre plaidoyer est particulièrement violent…
Suppression de 150 000 postes en dix ans, réduction du nombre d’heures dans les écoles, hausse du nombre d’élèves par classe, destruction de la formation des enseignants, appauvrissement global de l’école… Jamais, dans l’histoire de la République, un gouvernement n’a lancé une telle machine infernale destinée à détruire un service public. C’est aveugle, brutal, sans retenue. Les mots que j’emploie dans mon livre ne font que décrire une réalité : oui, le gouvernement fait preuve de vandalisme en détruisant l’enseignement français. Les suppressions de postes sont notamment justifiées par la lutte contre les déficits.
Peut-on faire autrement ?
J’en ai assez de ce chantage financier qui consiste à dire que le maintien d’une éducation de qualité mettrait en péril les finances publiques. Ces dernières années, les suppressions de postes dans l’enseignement n'ont représenté que 300 millions d’euros d'économies. C’est une goutte d’eau comparé aux dizaines de milliards d’euros de niches fiscales inopérantes relevées dans le rapport de l’inspection générale des Finances. En 1983, le gouvernement de Pierre Mauroy a mis en œuvre un plan de rigueur plus sévère que celui qui vient d’être présenté. Pourtant, trois ministères ont été sanctuarisés : la Culture, la Recherche et l’Éducation nationale, qui ont vu chacun leur budget augmenter. Et en 1992, malgré la terrible récession qui frappait l’Europe, les crédits de l’éducation nationale ont été accrus. Tout est question de choix politique ! On ne peut pas sacrifier l’éducation et l’avenir de nos jeunes sur l’autel des finances publiques.
Comment jugez-vous la réforme de la formation des enseignants ?
Cette réforme n’a été lancée que par souci d’économiser 16 000 postes de professeurs stagiaires rémunérés. Conséquence : les nouveaux enseignants n’ont pas suivi de formation professionnelle et sont lancés devant les élèves sans être prêts à faire classe. C’est scandaleux ! Les fondements de l’école républicaine sont menacés.
Que proposez-vous ?
Si les choses restent en l’état, la rentrée 2012 sera un désastre. Un plan d’urgence doit être initié. Les enseignants doivent être épaulés et non montrés du doigt. Cela passe par un retour de l’enseignement parmi les priorités du gouvernement. Concrètement, je propose, notamment, de créer une école normale supérieure de formation des maîtres qui serait présente sur l’ensemble du territoire national. Il faut aussi insuffler un même élan de la maternelle jusqu’à l’université en restaurant l’unité de l’enseignement via un grand ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Propos recueillis par Sylvain Henry
02/09/2011
http://www.acteurspublics.com/article/02-09-11/il-faut-un-grand-ministere-de-l-education
Suppression de 150 000 postes en dix ans, réduction du nombre d’heures dans les écoles, hausse du nombre d’élèves par classe, destruction de la formation des enseignants, appauvrissement global de l’école… Jamais, dans l’histoire de la République, un gouvernement n’a lancé une telle machine infernale destinée à détruire un service public. C’est aveugle, brutal, sans retenue. Les mots que j’emploie dans mon livre ne font que décrire une réalité : oui, le gouvernement fait preuve de vandalisme en détruisant l’enseignement français. Les suppressions de postes sont notamment justifiées par la lutte contre les déficits.
Peut-on faire autrement ?
J’en ai assez de ce chantage financier qui consiste à dire que le maintien d’une éducation de qualité mettrait en péril les finances publiques. Ces dernières années, les suppressions de postes dans l’enseignement n'ont représenté que 300 millions d’euros d'économies. C’est une goutte d’eau comparé aux dizaines de milliards d’euros de niches fiscales inopérantes relevées dans le rapport de l’inspection générale des Finances. En 1983, le gouvernement de Pierre Mauroy a mis en œuvre un plan de rigueur plus sévère que celui qui vient d’être présenté. Pourtant, trois ministères ont été sanctuarisés : la Culture, la Recherche et l’Éducation nationale, qui ont vu chacun leur budget augmenter. Et en 1992, malgré la terrible récession qui frappait l’Europe, les crédits de l’éducation nationale ont été accrus. Tout est question de choix politique ! On ne peut pas sacrifier l’éducation et l’avenir de nos jeunes sur l’autel des finances publiques.
Comment jugez-vous la réforme de la formation des enseignants ?
Cette réforme n’a été lancée que par souci d’économiser 16 000 postes de professeurs stagiaires rémunérés. Conséquence : les nouveaux enseignants n’ont pas suivi de formation professionnelle et sont lancés devant les élèves sans être prêts à faire classe. C’est scandaleux ! Les fondements de l’école républicaine sont menacés.
Que proposez-vous ?
Si les choses restent en l’état, la rentrée 2012 sera un désastre. Un plan d’urgence doit être initié. Les enseignants doivent être épaulés et non montrés du doigt. Cela passe par un retour de l’enseignement parmi les priorités du gouvernement. Concrètement, je propose, notamment, de créer une école normale supérieure de formation des maîtres qui serait présente sur l’ensemble du territoire national. Il faut aussi insuffler un même élan de la maternelle jusqu’à l’université en restaurant l’unité de l’enseignement via un grand ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Propos recueillis par Sylvain Henry
02/09/2011
http://www.acteurspublics.com/article/02-09-11/il-faut-un-grand-ministere-de-l-education
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