En analysant les tweets, échanges, blogs et vidéos échangés sur le web pendant cette période, il est possible de valider de manière empirique l'influence des sites collaboratifs sur les bouleversements qui se sont produits.
Le rôle des médias sociaux dans le printemps arable ? Le sujet a déjà été de nombreuses fois débattu. L'université de Washington se penche cependant de nouveau sur la question, en rappelant que ces sites ont joué un rôle central dans la constitution des débats politiques. Et que les conversations autour de la révolution ont souvent précédé des événements majeurs. Voilà pour le constat. Mais ce qui est intéressant, c'est que les chercheurs proposent cette fois des données chiffrées. Ils ont ainsi analysé plus de 3 millions de tweets, 26,000 articles de blogs et de nombreuses vidéos sur YouTube entre novembre 2010 et mai 2011, en Tunisie et en Egypte notamment. Etude quantitative qui a permis de confirmer les postulats déjà évoqués. "Les gens qui partageaient un intérêt commun pour la démocratie ont bâti des réseaux conséquents et ont organisé des actions politiques", explique Philip Howard, directeur du projet.
Les réseaux sociaux : bons indicateurs de futures manifestations
Et d'ajouter : "Les médias sociaux sont devenus un élément essentiel pour accéder à une plus grand liberté". Par exemple, durant la semaine précédant la chute d'Hosni Moubarak, le nombre de tweets concernant les changements en Egypte est passé de 2 300 à 230 000 par jour à travers le monde. Les vidéos contenant des protestations ou des commentaires politiques se sont propagées massivement : 5,5 millions de visionnages pour les 23 vidéos les plus regardées. Le nombre de contenus en ligne produits par des groupes d'opposition sur Facebook ou à partir de blogs a également augmenté. Autre chose : les discussions sur des blogs ou sur Twitter présageaient des retournements dans l'opinion publique. Alors qu'en décembre 2010, seuls 5% des blogs tunisiens s'exprimaient sur le gouvernement Ben Ali, ce chiffre est monté jusqu'à 20% un mois plus tard, le jour de sa destitution. 100,000 personnes descendaient dans la rue en Tunisie pour protester contre l'ancien régime le jour où le mot "révolution" arrivait en tête des recherches sur les blogs du pays.
Des révolutions au-delà des frontières
Grâce aux réseaux sociaux, ces débats de politique interne ont également pu s'étendre aux pays voisins. Deux semaines avant la chute d'Hosni Moubarak, 2 400 tweets par jour provenant des Etats frontaliers parlaient de la politique égyptienne. Mais ironiquement, selon cette étude, ce n'est pas tant l'activité sur les réseaux sociaux en elle-même qui aurait entraîné la chute de ces régimes mais bien les efforts répétés des gouvernements en place pour les censurer. Ne pouvant plus suivre les évènements politiques en cours grâce à ces médias, les classes moyennes notamment seraient descendues dans la rue pour protester. "Ces dictateurs avaient de nombreux ennemis depuis longtemps mais ils étaient éparpillés. Ces opposants se sont donc servis des réseaux sociaux pour identifier des buts communs, construire une forme de solidarité et organiser des manifestations", résume Philip Howard.
Publié le 16 septembre 2011
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