Le ministère de l'enseignement supérieur compte labelliser son enquête nationale d'insertion professionnelle des diplômés de master mais seulement en 2012. En octobre 2010, cette enquête avait suscité une vaste polémique liée à la méthodologie utilisée et au champ restreint d’étudiants interrogés. L'enjeu est d'autant plus fort que l’insertion professionnelle compte désormais dans l'attribution des financements publics aux universités. Le débat a été relancé aux Journées nationales des observatoires de l’enseignement supérieur, ceux-ci étant chargés de fournir localement les données.
En 2007, la loi LRU a inscrit l’insertion professionnelle comme l’une des missions de l’université. Depuis, différentes universités ont voulu publier des indicateurs d’insertion, à l’instar des écoles. Pour Stéphane Jugnot, chef du département « Entrées et évolutions dans la vie active » au Céreq, il en résulte « une multiplicité d’indicateurs dits d’insertion qui apparaissent proches mais ne sont pas forcément comparables », dans la mesure où ils ne portent pas tous sur le même champ, n’ont pas la même définition des taux… D’où l’intérêt, selon lui, d’une harmonisation des données.
Dans cette perspective, si l’externalisation peut a priori apparaître comme la meilleure manière d’assurer la cohérence des enquêtes, Stéphane Jugnot souligne que c’est la décentralisation qui permet d’obtenir le meilleur taux de réponse, condition indispensable pour analyser finement les résultats. L’alternative est alors celle d’une « collecte décentralisée, accompagnée d’une forme de certification ».
Tel est le mode d’organisation qui avait été retenu pour l’enquête nationale sur l’insertion professionnelle après un master mise en place en 2010 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) : une collecte déconcentrée et certifiée dans le cadre d’une charte signée entre le ministère et les universités.
Désormais, le ministère veut « aller plus loin que ce premier niveau de certification », comme l’explique Olivier Lefebvre, sous-directeur des systèmes d’information et des études statistiques (DGESIP / DGRI), à travers l’obtention d’un « label d’intérêt général et de qualité statistique ». Et de préciser qu’un tel label permettrait à la fois d’intégrer les données au programme d’enquêtes de la statistique publique, de mieux garantir leur confidentialité et de rendre éventuellement l’enquête obligatoire. Cette obligation donnant généralement lieu à de meilleurs taux de réponses, d’après le Céreq.
Ce type de label d’intérêt général et de qualité statistique est décerné par le Comité du label du Conseil national de l’information statistique (CNIS). Consulté par le ministère, celui-ci a rendu un « avis d’opportunité favorable » le 15 juin 2011. Dès lors, annonce Olivier Lefebvre, « le passage au comité du label devrait avoir lieu à l’automne 2011 ».
Cependant cette labellisation est loin de faire l’unanimité parmi les responsables des observatoires présents à ces journées nationales. Ne serait-ce que parce que beaucoup d’entre eux n’étaient tout simplement pas au courant de ce projet du ministère et ont eu le sentiment d’être mis devant le fait accompli… Un manque de concertation que la plupart déplore d’autant plus que, comme le rappelle Danielle Carré de l’OVE de l’université Toulouse 1 Capitole, « il y a eu un groupe de travail au ministère sur l’enquête nationale. Mais nous n’y avons eu que deux représentants et nous n’avons pas été écoutés ».
Enfin, si les universités ont bénéficié de moyens supplémentaires pour mener les deux premières enquêtes, en 2010 et 2011, « il n’a pas été décidé de reconduire la subvention », affirme Olivier Lefebvre. Tandis qu’un brouhaha s’élève dans la salle, pour Danielle Carré c’est très simple : « on ne pourra pas refaire l’enquête tous les ans ».
Si la méthode est critiquée, c’est aussi sur le fond que les observatoires réagissent, réitérant les demandes qu’ils mettent en avant depuis près de deux ans. Premier différend : le champ de la population interrogée. En effet, l’enquête du MESR se limite aux « étudiants français en formation initiale, ayant moins de 30 ans au moment du diplôme, sans poursuite d’études ni interruption en cours de cursus ». Or, cela ne représente qu’une partie, parfois même minoritaire, des diplômés d’une université.
En outre, ceux-ci sont interrogés 30 mois après leur sortie du système universitaire parce que, explique Olivier Lefebvre, c’est le moment où « l’insertion se stabilise selon les enquêtes du Céreq », ce que confirme Stéphane Jugnot. Cependant, glisse Marc Boudier, président de Résosup, ce choix en faveur d’un champ réduit et d’une longue durée « permet aussi d’avoir de meilleurs taux d’insertion… ».
D’autre part, « l’enjeu, pour les établissements, c’est l’intégration de questions supplémentaires » au tronc commun élaboré par le MESR, affirme Bénédicte Froment, responsable de l’OVE de Lille : « nous avons des logiques différentes, des besoins de pilotage différents, des bassins d’emplois différents, une mobilité internationale des étudiants différente », argumente-t-elle. Mais si les établissements souhaitent ajouter ainsi des questions, beaucoup d’observatoires s’interrogent sur la manière de mener une enquête dont certaines questions seulement seront labellisées, puisqu’il faut à chaque fois en avertir les étudiants. Quant à faire labelliser la totalité de chaque enquête, il semble peu probable que le CNIS labellise 80 questionnaires différents…
Olivier Lefebvre, lui, met en avant un souci de brièveté : « plus l’interrogation est resserrée, meilleurs sont les taux de réponse. Mais pourquoi pas ajouter quelques items supplémentaires », concède-t-il, par exemple sur les salaires, demande forte des OVE. Et d’envisager d’élargir le tronc commun de 27 à 35 questions. « Il faut qu’on prenne la peine d’instruire le sujet à fond avec vous », affirme-t-il. Dont acte. Cependant, poursuit-il, « de toutes façons, pour l’enquête 2011, nous ne serons pas dans les temps ».
Reste aussi à savoir si, comme cela était prévu à l’origine, cette enquête d’insertion professionnelle master conditionnera l’attribution de moyens aux universités. Une question éminemment sensible qu’il faudra bien poser.
Décentraliser et certifier pour harmoniser les données
En 2007, la loi LRU a inscrit l’insertion professionnelle comme l’une des missions de l’université. Depuis, différentes universités ont voulu publier des indicateurs d’insertion, à l’instar des écoles. Pour Stéphane Jugnot, chef du département « Entrées et évolutions dans la vie active » au Céreq, il en résulte « une multiplicité d’indicateurs dits d’insertion qui apparaissent proches mais ne sont pas forcément comparables », dans la mesure où ils ne portent pas tous sur le même champ, n’ont pas la même définition des taux… D’où l’intérêt, selon lui, d’une harmonisation des données.Dans cette perspective, si l’externalisation peut a priori apparaître comme la meilleure manière d’assurer la cohérence des enquêtes, Stéphane Jugnot souligne que c’est la décentralisation qui permet d’obtenir le meilleur taux de réponse, condition indispensable pour analyser finement les résultats. L’alternative est alors celle d’une « collecte décentralisée, accompagnée d’une forme de certification ».
Vers une labellisation de l’enquête nationale masters
Tel est le mode d’organisation qui avait été retenu pour l’enquête nationale sur l’insertion professionnelle après un master mise en place en 2010 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) : une collecte déconcentrée et certifiée dans le cadre d’une charte signée entre le ministère et les universités.
Désormais, le ministère veut « aller plus loin que ce premier niveau de certification », comme l’explique Olivier Lefebvre, sous-directeur des systèmes d’information et des études statistiques (DGESIP / DGRI), à travers l’obtention d’un « label d’intérêt général et de qualité statistique ». Et de préciser qu’un tel label permettrait à la fois d’intégrer les données au programme d’enquêtes de la statistique publique, de mieux garantir leur confidentialité et de rendre éventuellement l’enquête obligatoire. Cette obligation donnant généralement lieu à de meilleurs taux de réponses, d’après le Céreq.
Ce type de label d’intérêt général et de qualité statistique est décerné par le Comité du label du Conseil national de l’information statistique (CNIS). Consulté par le ministère, celui-ci a rendu un « avis d’opportunité favorable » le 15 juin 2011. Dès lors, annonce Olivier Lefebvre, « le passage au comité du label devrait avoir lieu à l’automne 2011 ».
Manque de concertation et moyens non renouvelés
Cependant cette labellisation est loin de faire l’unanimité parmi les responsables des observatoires présents à ces journées nationales. Ne serait-ce que parce que beaucoup d’entre eux n’étaient tout simplement pas au courant de ce projet du ministère et ont eu le sentiment d’être mis devant le fait accompli… Un manque de concertation que la plupart déplore d’autant plus que, comme le rappelle Danielle Carré de l’OVE de l’université Toulouse 1 Capitole, « il y a eu un groupe de travail au ministère sur l’enquête nationale. Mais nous n’y avons eu que deux représentants et nous n’avons pas été écoutés ».
Enfin, si les universités ont bénéficié de moyens supplémentaires pour mener les deux premières enquêtes, en 2010 et 2011, « il n’a pas été décidé de reconduire la subvention », affirme Olivier Lefebvre. Tandis qu’un brouhaha s’élève dans la salle, pour Danielle Carré c’est très simple : « on ne pourra pas refaire l’enquête tous les ans ».
Le questionnaire en question
Si la méthode est critiquée, c’est aussi sur le fond que les observatoires réagissent, réitérant les demandes qu’ils mettent en avant depuis près de deux ans. Premier différend : le champ de la population interrogée. En effet, l’enquête du MESR se limite aux « étudiants français en formation initiale, ayant moins de 30 ans au moment du diplôme, sans poursuite d’études ni interruption en cours de cursus ». Or, cela ne représente qu’une partie, parfois même minoritaire, des diplômés d’une université.
En outre, ceux-ci sont interrogés 30 mois après leur sortie du système universitaire parce que, explique Olivier Lefebvre, c’est le moment où « l’insertion se stabilise selon les enquêtes du Céreq », ce que confirme Stéphane Jugnot. Cependant, glisse Marc Boudier, président de Résosup, ce choix en faveur d’un champ réduit et d’une longue durée « permet aussi d’avoir de meilleurs taux d’insertion… ».
D’autre part, « l’enjeu, pour les établissements, c’est l’intégration de questions supplémentaires » au tronc commun élaboré par le MESR, affirme Bénédicte Froment, responsable de l’OVE de Lille : « nous avons des logiques différentes, des besoins de pilotage différents, des bassins d’emplois différents, une mobilité internationale des étudiants différente », argumente-t-elle. Mais si les établissements souhaitent ajouter ainsi des questions, beaucoup d’observatoires s’interrogent sur la manière de mener une enquête dont certaines questions seulement seront labellisées, puisqu’il faut à chaque fois en avertir les étudiants. Quant à faire labelliser la totalité de chaque enquête, il semble peu probable que le CNIS labellise 80 questionnaires différents…
Olivier Lefebvre, lui, met en avant un souci de brièveté : « plus l’interrogation est resserrée, meilleurs sont les taux de réponse. Mais pourquoi pas ajouter quelques items supplémentaires », concède-t-il, par exemple sur les salaires, demande forte des OVE. Et d’envisager d’élargir le tronc commun de 27 à 35 questions. « Il faut qu’on prenne la peine d’instruire le sujet à fond avec vous », affirme-t-il. Dont acte. Cependant, poursuit-il, « de toutes façons, pour l’enquête 2011, nous ne serons pas dans les temps ».
Reste aussi à savoir si, comme cela était prévu à l’origine, cette enquête d’insertion professionnelle master conditionnera l’attribution de moyens aux universités. Une question éminemment sensible qu’il faudra bien poser.
27.06.11
educpros.fr
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