"Un modèle où le doctorat sera le diplôme phare et la recherche un moteur", c'est ainsi que Valérie Pécresse, alors ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, prônait le développement du doctorat en France dans un entretien paru en janvier dans notre hors-série "Le Guide des masters et MBA".
A cet effet, et sous l'impulsion de la Confédération des jeunes chercheurs, le ministère a créé des contrats doctoraux qui ouvrent différents droits dont ceux à la retraite et attestent d'au moins trois ans d'expérience professionnelle dans le public ou le privé. "Reste à ce que cette formation par la recherche soit reconnue dans les conventions collectives. Les entreprises doivent mieux reconnaitre les connaissances et les compétences qu'il y a derrière le doctorat", insistait encore la ministre.
Même volonté à l'université de Nantes (1 400 doctorants), où chaque doctorant suit 100 heures de cours dont la moitié est disciplinaire et l'autre consacrée à la rédaction d'un CV ou au montage d'un projet financier. "Avec le soutien de l'Intelli'agence (ex-association Bernard Grégory), nous organisons aussi des 'Doctoriales' dans le cadre desquelles nos doctorants de toutes disciplines travaillent ensemble sur des projets innovants susceptibles d'intéresser des entreprises", explique Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique.
Les doctorants peuvent également réaliser une mission complémentaire, dite "doctorants expert", pour laquelle ils consacrent 32 jours de travail à une entreprise de la région. "C'est un dispositif peu coûteux et très efficace pour qu'une entreprise et un doctorant apprennent à se connaître", insiste Agnès Florin.
Et elles devraient y trouver leur compte selon elle : "Avoir des ingénieurs chercheurs permettra aux entreprises de mieux faire communiquer ces deux mondes."
Une approche que reprend Olivier Fourure, directeur de la grande école d'ingénieurs aéronautique qu'est l'Isae de Toulouse (issue du rapprochement de l'Ensica et de Sup Aéro) : "Nous avons plus de 200 thésards dont 15 % issus des rangs de l'école. Mais ce chiffre monte depuis que nous initions, dès leur première année, nos élèves à la recherche en les amenant à aller dans nos laboratoires."
Et d'insister : "Nous sommes un secteur qui a particulièrement besoin d'innovation et nos ingénieurs trouvent en thèse les méthodes qui permettront à notre industrie aéronautique de rester un leader mondial."
La réputation des thésards de ne jamais finir leur thèse est aussi en passe d'être totalement dépassée. "Aujourd'hui en moyenne les thèses dans notre université durent un peu plus de quatre ans et nous travaillons pour arriver progressivement aux trois ans pour tous, ce qui n'est pas loin d'être le cas dans les disciplines scientifiques alors qu'on se rapproche plutôt des cinq ans en sciences humaines et sociales", commente Agnès Florin. Mais il faut aussi compter avec des personnes en activité auxquelles on donne plus de temps.
"Avec sa réduction à trois ans et l'obligation de suivre certains cours la thèse a changé de statut pour devenir un véritable troisième cycle de formation à la recherche, conclut Laurent Batsch, président de l'université Paris-Dauphine. Ce n'est plus l'œuvre d'une vie mais un apprentissage qui sera utile au doctorant, qu'il devienne lui-même enseignant-chercheur ou qu'il se destine à des services d'études en entreprise. L'image du 'doux rêveur' qui collait au thésard est totalement dépassée et on comprend bien maintenant que la thèse est une formation de l'esprit professionnalisante."
Olivier Rollot
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Effectué dans le cadre d'un contrat Cifre(*), le doctorat en biochimie de Marie-Cécile Klak portait sur la recherche de pansements pour accélérer la cicatrisation des grands brûlés. "Un sujet particulièrement passionnant pour moi qui avait envie de travailler dans un laboratoire."
Marie-Cécile Klak a aussi beaucoup apprécié d'être soutenue dans son projet professionnel par le Nouveau chapitre de la thèse, une autre initiative de l'Intelli'agence qui met en contact doctorants et entreprises. "Nous travaillons pendant une semaine en groupes de doctorants de toutes disciplines, juristes comme scientifiques ou gestionnaires, pour présenter un projet aux entreprises présentes. Cela nous permet de mieux mesurer toutes les compétences que nous avons acquises."
Alors qu'elle vient de rejoindre la prestigieuse université américaine de Yale pour un contrat de post doctorante, elle se félicite décidément d'avoir choisi la voie universitaire : "Cela correspondait mieux à mon tempérament. Je ne voulais pas être encadrée dans une prépa avec quelqu'un qui me dise ce qu'il me fallait faire. Je voulais être autonome et créative." Le portrait même d'une thésarde…
(*) Les conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) permettent de subventionner les entreprises qui embauchent un doctorant dans le cadre d'une collaboration de recherche avec un laboratoire public.
pour Le Monde.fr | 29.06.11 | 20h16
http://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2011/06/29/le-doctorat-nouveau-est-arrive_1541854_1473696.html
A cet effet, et sous l'impulsion de la Confédération des jeunes chercheurs, le ministère a créé des contrats doctoraux qui ouvrent différents droits dont ceux à la retraite et attestent d'au moins trois ans d'expérience professionnelle dans le public ou le privé. "Reste à ce que cette formation par la recherche soit reconnue dans les conventions collectives. Les entreprises doivent mieux reconnaitre les connaissances et les compétences qu'il y a derrière le doctorat", insistait encore la ministre.
- DES COMPÉTENCES À VALORISER
Même volonté à l'université de Nantes (1 400 doctorants), où chaque doctorant suit 100 heures de cours dont la moitié est disciplinaire et l'autre consacrée à la rédaction d'un CV ou au montage d'un projet financier. "Avec le soutien de l'Intelli'agence (ex-association Bernard Grégory), nous organisons aussi des 'Doctoriales' dans le cadre desquelles nos doctorants de toutes disciplines travaillent ensemble sur des projets innovants susceptibles d'intéresser des entreprises", explique Agnès Florin, responsable du collège doctoral Nantes-Atlantique.
Les doctorants peuvent également réaliser une mission complémentaire, dite "doctorants expert", pour laquelle ils consacrent 32 jours de travail à une entreprise de la région. "C'est un dispositif peu coûteux et très efficace pour qu'une entreprise et un doctorant apprennent à se connaître", insiste Agnès Florin.
- COMMENT AMENER LES INGÉNIEURS VERS LE DOCTORAT ?
Et elles devraient y trouver leur compte selon elle : "Avoir des ingénieurs chercheurs permettra aux entreprises de mieux faire communiquer ces deux mondes."
Une approche que reprend Olivier Fourure, directeur de la grande école d'ingénieurs aéronautique qu'est l'Isae de Toulouse (issue du rapprochement de l'Ensica et de Sup Aéro) : "Nous avons plus de 200 thésards dont 15 % issus des rangs de l'école. Mais ce chiffre monte depuis que nous initions, dès leur première année, nos élèves à la recherche en les amenant à aller dans nos laboratoires."
Et d'insister : "Nous sommes un secteur qui a particulièrement besoin d'innovation et nos ingénieurs trouvent en thèse les méthodes qui permettront à notre industrie aéronautique de rester un leader mondial."
- UN VÉRITABLE 3E CYCLE DE FORMATION À LA RECHERCHE
La réputation des thésards de ne jamais finir leur thèse est aussi en passe d'être totalement dépassée. "Aujourd'hui en moyenne les thèses dans notre université durent un peu plus de quatre ans et nous travaillons pour arriver progressivement aux trois ans pour tous, ce qui n'est pas loin d'être le cas dans les disciplines scientifiques alors qu'on se rapproche plutôt des cinq ans en sciences humaines et sociales", commente Agnès Florin. Mais il faut aussi compter avec des personnes en activité auxquelles on donne plus de temps.
"Avec sa réduction à trois ans et l'obligation de suivre certains cours la thèse a changé de statut pour devenir un véritable troisième cycle de formation à la recherche, conclut Laurent Batsch, président de l'université Paris-Dauphine. Ce n'est plus l'œuvre d'une vie mais un apprentissage qui sera utile au doctorant, qu'il devienne lui-même enseignant-chercheur ou qu'il se destine à des services d'études en entreprise. L'image du 'doux rêveur' qui collait au thésard est totalement dépassée et on comprend bien maintenant que la thèse est une formation de l'esprit professionnalisante."
Olivier Rollot
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"Trois années de grande satisfaction intellectuelle"
"Pour moi la poursuite en doctorat n'avait rien d'évidente. Il a fallu que la start up dans laquelle j'étais en stage me convainque de poursuivre mon cursus avec elle." Marie-Cécile Klak, 26 ans, gardera finalement un très bon souvenir de son doctorat : "Ce furent trois années de grande satisfaction intellectuelle même si au début cela fait un peu peur de se lancer."Effectué dans le cadre d'un contrat Cifre(*), le doctorat en biochimie de Marie-Cécile Klak portait sur la recherche de pansements pour accélérer la cicatrisation des grands brûlés. "Un sujet particulièrement passionnant pour moi qui avait envie de travailler dans un laboratoire."
Marie-Cécile Klak a aussi beaucoup apprécié d'être soutenue dans son projet professionnel par le Nouveau chapitre de la thèse, une autre initiative de l'Intelli'agence qui met en contact doctorants et entreprises. "Nous travaillons pendant une semaine en groupes de doctorants de toutes disciplines, juristes comme scientifiques ou gestionnaires, pour présenter un projet aux entreprises présentes. Cela nous permet de mieux mesurer toutes les compétences que nous avons acquises."
Alors qu'elle vient de rejoindre la prestigieuse université américaine de Yale pour un contrat de post doctorante, elle se félicite décidément d'avoir choisi la voie universitaire : "Cela correspondait mieux à mon tempérament. Je ne voulais pas être encadrée dans une prépa avec quelqu'un qui me dise ce qu'il me fallait faire. Je voulais être autonome et créative." Le portrait même d'une thésarde…
(*) Les conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) permettent de subventionner les entreprises qui embauchent un doctorant dans le cadre d'une collaboration de recherche avec un laboratoire public.
pour Le Monde.fr | 29.06.11 | 20h16
http://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2011/06/29/le-doctorat-nouveau-est-arrive_1541854_1473696.html
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