La BEI et la Banque mondiale viennent de débloquer certains des prêts promis à la Tunisie. Les investisseurs - américains notamment -s'intéressent de près au pays, faisant renaître les espoirs d'un redémarrage de l'économie.
Les premiers signaux prometteurs arrivent. Après les annonces du sommet des dirigeants du G8 de Deauville, fin mai, la Banque européenne d'investissement (BEI) a, vendredi, débloqué un prêt de 163 millions d'euros en faveur du développement économique, de l'emploi et de la rénovation du réseau routier dans le pays. Pour le vice-président de la BEI Philippe de Fontaine Vive, il faut « accélérer la reprise de confiance dans l'économie tunisienne ». « On est ici dans une atmosphère sûre et cette réalité n'est pas perçue actuellement par les Européens et les investisseurs potentiels, a-t-il regretté, vendredi, à Tunis. Il est important que les acteurs économiques soient prêts à concrétiser leurs projets d'investissement dès le lendemain de l'élection » de l'assemblée constituante, prévue le 23 octobre. La BEI entend contribuer au désenclavement des régions favorisées de Tunisie et soutenir l'activité des entreprises de travaux publics, porteuses selon elle de milliers d'emplois potentiels dans le pays.
Le soutien à l'emploi est aussi l'une des priorités affichées par la Banque mondiale qui, conformément à ses engagements au sommet de Deauville, a approuvé le 21 juin un prêt de 500 millions de dollars (353,15 millions d'euros). « Ce prêt nous aidera à répondre [aux] attentes [du peuple tunisien] et àprévenir une réapparition de certaines des tares les plus visibles de l'ancien régime [...] », s'est félicité le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi en affirmant l'importance d' « actions immédiates pour soulager les chômeurs, les plus démunis et les plus vulnérables de leur détresse ». Dans ce pays où le taux de chômage officiel est de plus de 14 % - et de 20 % chez les jeunes diplômés -, l'emploi reste l'un des défis majeurs de l'après-révolution. D'autant que la croissance économique pour l'année 2011 ne dépassera pas 1 %, a prévenu le ministre des Finances Jaloul Ayed.
D'autres aides viendront ultérieurement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Tunisie a demandé officiellement l'aide de l'institution, vendredi.
Au-delà des aides et des prêts promis ou déjà versés, la Tunisie intéresse de nouveau les investisseurs. Les sénateurs américains John McCain et John Kerry étaient à l'initiative, en fin de semaine dernière, de la visite d'une délégation de chefs d'entreprise américains qui devait ensuite se rendre en Egypte. Parmi eux : le patron de General Electric Jeffrey Immelt ainsi que des responsables de Boeing, de Coca-Cola, d'ExxonMobil, de l'hôtelier de luxe Marriott International ou encore du chimiste Dow Chemical.
L'économiste tunisien et membre du Cercle des économistes arabes Hakim ben Hammouda voit dans tout cela les « signes d'un redémarrage de l'économie tunisienne » qu'il explique par « la levée d'un certain nombre de motifs d'incertitude ». « Il y a de moins en moins de grèves et les mouvements sociaux n'ont plus rien à voir avec l'ampleur de février-mars, affirme-t-il. Ensuite, le calendrier politique fait désormais l'objet d'un consensus [l'élection de l'Assemblée constituante a été fixée au 23 octobre, NDLR]. Enfin, les sondages sont un autre motif d'apaisement car une grande majorité centriste, favorable à l'ouverture économique du pays, se dégage. »
Lors de l'ouverture de la Foire de Sfax, la semaine dernière, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi a néanmoins de nouveau mis en garde contre les sit-in et les grèves qui continuent selon lui d'entraver l'économie nationale et contribuent à la diminution de la croissance.
27/06 | 07:00 | Marie-Cristine Corbier lesechos.fr
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