En préambule, permettez-moi de clarifier quelques détails utiles à la compréhension du dossier que je vais présenter.
Tout d’abord, quelques précisions sur la science. Je vais en parler abondamment, surtout en vous disant qu’il y a de la science dans la science-fiction, mais il y a une subtilité pour beaucoup de ces livres, celle de la technoscience. Ce terme, introduit dans les années 70, essaye de combler le vide entre la science et la technique. Un iPad, c’est de la science ou de la technologie ? Il faut beaucoup de science pour arriver à un tel produit, pourtant, pour l’utilisateur final, il s’agit de technologie et non de science. C’est pour ça que le terme de technoscience a été créé, combler ce fossé qui apparait clairement dans la science-fiction. Ne m’en voulez donc pas si j’utilise science, fiction, technoscience et autres mots pour parler un peu de la même chose, cela ne reste, au final, que de la sémantique.
J’aurais pu commencer par une description de la science-fiction à travers les âges et vous présenter les différents styles explorés par cette forme de littérature. Mais voilà, le souci c’est qu’il y a un grand nombre de sciences-fictions différentes, je vous en cite quelques-uns à la volée: la hard science-fiction, l’uchronie, le cyberpunk, le space opera, la space fantasy, le planète opéra, etc. Les décrire toutes aurait été très long, trop long pour un épisode de Podcast Science, et ne représente finalement que peu d’intérêt pour la problématique de ce soir. J’ai aussi choisi de vous présenter les parallèles entre la science et la science-fiction en m’attachant à des auteurs qui ont été sélectionnés grâce à deux critères: leur popularité et ma connaissance sur leurs œuvres. Oui, les connaisseurs me reprocheront d’avoir oublié un écrivain, mais encore une fois j’étais limité par le temps. J’aurais aussi pu faire un épisode complet sur la hard science-fiction, mais c’est un genre peu populaire, donc qui a peu d’influence (pardonnez le raccourci) et, encore une fois, certains se disputent des années durant pour la classification, je ne pense pas que ça intéressera les auditeurs.
Je vous donnerai tout de même la définition de la science-fiction qui me plaît le plus, celle du grand Isaac Asimov: “on peut définir la Science-Fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l’être humain aux progrès de la science et de la technologie”. Il ajoute, un peu moqueur: “aucun de ceux qui l’écrivent ne sont capables de s’entendre sur sa définition”.
Il faut dire aussi que la science-fiction a un historique très jeune, quand je vous parle de Jules Verne, qui n’est d’ailleurs pas classé dans la SF, mais dans l’anticipation, on est aux alentours de 1865 pour ses premiers romans, et quand je cite Michael Crichton on parle même de 1995 ! Autrement dit, ironiquement, trouver des sources fiables est loin d’être évident et avoir un recul suffisant pour appréhender avec justesse l’influence de la science-fiction sur la science est complexe. On va quand même s’y mettre avec un écrivain qu’on a probablement tous lu, Jules Verne.
Jules Verne et la science-fiction
Né en 1828, il a commencé à écrire en 1862 avec son premier roman, cinq semaines en ballon, qui inaugure la collection Voyages extraordinaires chez son éditeur, Hetzel. 62 romans, 18 nouvelles pour 40 ans d’écriture, que nous reste-t-il de son oeuvre et surtout, quel est son rapport avec la science ? A-t-il réellement imaginé en premier le voyage vers la lune et l’énergie nucléaire? Essayons d’en savoir plus…
Prenons l’exemple de son livre, de la terre à la lune, qui décrit les aventures de trois hommes, fermement décidés à aller faire un tour sur la lune. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, sachez que la quasi-totalité de l’œuvre de Jules Verne est distribuée gratuitement en format numérique, chez Amazon par exemple. Jules Verne, qui se voulait vulgarisateur scientifique, avait pour but de parler d’astronomie et de balistique dans ce livre. Sa technique pour envoyer des hommes sur la lune est assez étrange, parce que oui, on va être honnête, construire un canon de 68’000 tonnes et de 274 mètres de longueur pour envoyer des hommes sur la lune, c’est quand même un peu fou ! Il faut d’ailleurs noter que la fusée existait déjà, Jules Verne en fait d’ailleurs prendre aux aventuriers pour effectuer des corrections de trajectoire ! Ce qui est amusant, c’est que la plupart des calculs utilisés par Jules Verne sont corrects, il profite de l’aide de deux mathématiciens pour avoir des théories vraisemblables.
Jules Verne s’intéresse aussi beaucoup à l’optique dans son livre. C’est bien beau de lancer un obus habité sur la lune, mais voir sa progression est encore plus important. Bien sûr, aucun télescope n’est capable de ce prodige, et Jules Vernes va donc utiliser une technique qu’on retrouve énormément dans la SF, il prend des règles mathématiques confirmées et les utilise sans prendre en compte de nombreux facteurs.
Dans notre exemple, plus le diamètre du miroir du télescope est grand, plus le grossissement est important, donc il faut un très grand télescope pour voir l’obus voyager ! Imaginez, son télescope devait faire 85 mètres de long, le miroir avoir un diamètre de 4.88 mètres et peser 15 tonnes ! Au-delà de la difficulté de la construction, l’optique ne fonctionne malheureusement pas ainsi.Notre planète à une atmosphère qui n’est pas homogène, elle varie en température et en humidité, les indices optiques varient donc considérablement. Autrement dit, un grand miroir augmente la sensibilité à ces turbulences, rendant inutilisable un miroir de cette taille. Ces calculs étaient d’ailleurs erronés, même sans ces soucis le télescope n’aurait pu voir le boulet, seul un objet de 40 mètres aurait pu être résolu…
Au niveau de l’astronomie encore, les voyageurs, une fois lancés, croisent un bolide, un autre satellite de la terre. En fait, il s’agissait d’une théorie de l’époque qui décrivait un satellite qui effectuait sa révolution en 3h20 à 8140 mètres de la surface de la Terre. Problème, c’est en totale contradiction avec la troisième loi de Kepler. C’est étonnant de la part de Jules Verne puisque ces lois étaient connues depuis plus de 50 ans !
Bon, pour l’instant je me suis amusé à démolir ce livre d’un point de vue scientifique, mais n’y a-t-il vraiment rien à en tirer ?
Au contraire, il y a de la science dans ce livre. Par exemple, même si les calculs mathématiques, au niveau astronomique, optique et physique, sont pour certains inexacts, car certains paramètres sont ignorés, les principes restent valables. De même, il avait décidé que le miroir du télescope serait en verre argenté, une innovation pour l’époque ou on utilisait encore du spéculum, un matériel au pouvoir réflecteur moindre. Le télescope est calqué sur un vrai télescope, celui de lord Rosse en Irlande, encore une manière de présenter un instrument scientifique de manière intéressante ! La notion de turbulence atmosphérique était d’ailleurs déjà présente puisqu’il place le télescope au sommet de Long’s Peak, dans les rocheuses, à 4348 mètres d’altitudes. L’obus va finir sa course en mer, ce qui n’est pas sans rappeler les amerrissages des capsules Apollo…
En bref, de la vulgarisation scientifique, parfois légère, souvent exagérée, mais de la science quand même ! Rappelons que la science-fiction ne se doit pas forcément d’être exacte scientifiquement, on laisse ça aux livres de science, le but est de nous intéresser aux sciences et, surtout diront certains, de raconter une belle histoire.
20’000 lieues sous les mers
Après avoir fréquenté les hauteurs vertigineuses, laissez-moi vous amener au fond des mers avec 20 000 lieues sous les mers, un livre passionnant qui suscite pas mal de questions…
En fait, vous saviez que l’idée de faire 20 000 lieues n’est pas de Jules Verne ? C’est une femme nommée Laura qui lui a dit: j’espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs de la mer et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner. Intéressant non ? On trouve ici l’origine même de notre dossier, de la science pour se perfectionner et de l’imagination pour rêver, pas mal non ?
Le Nautilus, ça vous dit certainement quelque chose non ? Ce sous-marin est intrigant pour l’époque, nettement moins pour maintenant, et certains éléments méritent vraiment qu’on s’y attarde. Tout d’abord, cette légende urbaine qui dit que le Nautilus était propulsé par l’énergie nucléaire, bien avant qu’on ne la découvre… Comme on est sur Podcastscience, on va aller directement à la source, faisons un peu de lecture. Il s’agit d’une discussion entre le célèbre capitaine Némo et Pierre Aronnax, professeur suppléant au musée d’histoire naturelle de Paris. Ils sont dans le Nautilus, Némo fait faire un tour au professeur pour lui présenter son superbe sous-marin.
–Ici, Monsieur le professeur, je dois vous donner quelques explications, dit le capitaine Nemo. Veuillez donc m’écouter.»
Il garda le silence pendant quelques instants, puis il dit: «Il est un agent puissant, obéissant, rapide, facile, qui se plie à tous les usages et qui règne en maître à mon bord. Tout se fait par lui. Il m’éclaire, il m’échauffe, il est l’âme de mes appareils mécaniques.Cet agent,c’est l’électricité.
–L’électricité ! m’écriai-je assez surpris.
–Oui, Monsieur.
–Cependant, capitaine, vous possédez une extrême rapidité de mouvements qui s’accorde mal avec le pouvoir de l’électricité. Jusqu’ici sa puissance dynamique est restée très restreinte et n’a pu produire que de petites forces !
– Monsieur le professeur, répondit le capitaine Nemo, mon électricité n’est pas celle de tout le monde,et c’est là tout ce que vous me permettrez de vous en dire.
Il y avait là un mystère, mais je n’insistai pas pour le connaitre. Comment l’électricité pouvait-elle agir avec une telle puissance ? Où cette force presque illimitée prenait-elle son origine ? Était-ce dans sa tension excessive obtenue par des bobines d’une nouvelle sorte ? Était-ce dans sa transmission qu’un système de leviers inconnus pouvait accroitre à l’infini ? C’est ce que je ne pouvais comprendre.
Voilà donc une autre facilité qu’utilise la SF, décrire une chose en disant qu’elle est secrète, formuler des hypothèses invérifiables et rester dans le flou le plus total. Il est vrai qu’en parlant d’électricité dans un sous-marin, énergie accessible facilement et rapidement, on ne peut que penser au nucléaire, les sous-marins au diesel ne correspondant pas du tout à la description et nécessitant de fréquentes remontées pour aérer la machinerie. Pourtant, pas de mention de nucléaire, du reste en lisant on s’aperçoit que le capitaine Némo semble tirer cette énergie de la mer elle-même, ce qui n’est pas le cas du nucléaire. Il faut dire aussi que l’énergie nucléaire n’est pas illimitée comme il le déclare.
Le Nautilus est en fait un concentré des connaissances acquises. Les proportions sont bonnes, il pourrait vraiment plonger, les compartiments sont disposés logiquement, le principe des cloisonnements étanches est valable, il a une double coque, le principe du sas est correct et l’utilisation de l’électricité est bien imaginée. Encore une fois, on retrouve la vulgarisation qui permet cette fois aux lecteurs d’approcher un peu la mer et de jeter un oeil sur la mécanique de l’époque.
Il y a tout de même pas mal de petites erreurs. La profondeur de plongée, le Nautilus va beaucoup trop profond, 16 000 mètres, alors que les sous-marins actuels naviguent entre 300 et 400 mètres de profondeur, 700 pour les plus récents. Le capitaine Némo utilise le Nautilus pour couler les bateaux en les éperonnant, ce qui est bien sûr impossible, il serait complètement démoli aussi.
On ignore souvent trop un aspect scientifique de ce livre, celui de la découverte du monde marin. Au-delà de la technologie, on parle d’océanographie, de biologie marine et d’ichtyologie, trois sciences dont on entend rarement parler, pourtant c’est passionnant à la lecture de 20 000 lieues sous les mers.
Que retenir de Jules Verne ?
Qu’en retenir ? Pas de grandes prophéties pour Jules Verne, mais encore beaucoup de science au final.
Jules Verne n’a pas inventé grand-chose, il est d’ailleurs classé dans les romans scientifiques, une façon de faire pénétrer dans le public les merveilles de la science. Il faut dire qu’on était à une époque ou le développement industriel et scientifique est important, d’où l’idée d’en parler à un large public. N’oublions pas non plus qu’à ce moment, la plupart des coins reculés du monde ont été découverts, il n’y a pas forcément d’aventure plausible à écrire. La science permet d’ouvrir une nouvelle porte vers l’inconnu, qu’on soit dans un sous-marin ou dans un obus, il y a encore des choses à découvrir !
La réception de l’oeuvre de Jules Verne a d’ailleurs été différente entre le public et les scientifiques. Le public adore, c’est d’ailleurs resté pendant longtemps l’écrivain le plus traduit, alors que le monde scientifique voulait une vulgarisation plus rigoureuse et didactique. Il n’était pas un homme de science, par contre il se documentait beaucoup, il cite d’ailleurs énormément de vrais livres scientifiques dans ses romans.
Il n’en reste que son influence est considérable et encore perceptible de nos jours. La science a d’ailleurs retenu son nom pour 3 astéroïdes, plusieurs sous-marins nucléaires (dont le premier) et pas mal de matériel spatial. Il a influencé Jean-Yves Cousteau, qui n’était pas scientifique de formation non plus, mais qui avait aussi pour but d’émerveiller le public. Le nombre de scientifiques et d’explorateurs qu’il a influencé est grand, même Tolstoï l’admirait !
Alors, vous en pensez quoi de Jules Verne par rapport à la science ?
Arthur C. Clark et les satellites
Après Jules Verne, j’aimerai vous parler d’un autre grand de la SF… Si je vous dis Rama ? Ou 2001 ? Facile, je vais vous parler d’Arthur C. Clarke, né en 1917 au Royaume-Uni. Je pourrais disserter des heures durant de ses romans, mais je vais plutôt vous parler d’un fait que vous ignorez certainement…
Qui a inventé les satellites artificiels ? La première mention est dans une nouvelle de fiction spéculative (encore un autre terme de SF), intitulée “The Brick Moon” d’Edward Everett Hale en 1869. C’est ensuite Jules Verne, encore lui, qui en parle dans son livre “les 500 millions de la Bégum), puis Arthur C. Clarke ! Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’il ne s’est pas contenté de le mentionner au passage pour agrémenter son histoire, mais il l’a décrit assez précisément. Il parle des contraintes logistiques du lancement, des orbites utilisables, du fait qu’il faut au minimum 3 satellites pour pouvoir communiquer sur le monde entier… Les satellites qu’il décrit sont ceux des télécommunications de masse, alors qu’il écrit son livre en 1945 et que les premiers satellites de télécommunications ne seront en orbite qu’à partir de 1962, le premier commercial en 1965 ! Du coup, vous savez comment on appelle l’orbite qu’utilisent les satellites géostationnaires ? Vous avez dans le mille, l’orbite de Clarke !
Il se dit aussi que son écrit “l’exploration de l’espace” fut utilisé par Werner von Braun pour convaincre JFK d’aller sur la lune. Il n’y a malheureusement pas assez de références pour le confirmer totalement, mais après tout, pourquoi pas ?
Dans son livre “profiles of the future”, il décrivait 2100 inventions et idées pour le futur, dont une grande partie d’un peu n’importe quoi il faut l’avouer, mais aussi certaines qui sont exactes, commel’idée d’une librairie globale, qui peut faire penser à Wikipédia ou le livre numérique… Mais bon, on va dire que sur 2100 prévisions il était sûr de tomber juste sur quelques-unes !
Pour finir sur Arthur C. Clarke, sachez qu’il a remporté le prix de l’UNESCO-Kalinga pour la popularisation de la science en 1961, preuve que la communauté a reconnu ses efforts pour la vulgarisation scientifique. Le module de commande d’Appollo 13 fut nommé “Odyssey”, un orbiter martien a même été nommé “2001, Mars Odyssey”, preuve que les techniciens de la NASA ont dû lire quelques livres de Clarke…
Les trois lois de Clarke
Ha, et il a aussi énoncé trois lois qui devraient vous intéresser:
Isaac Asimov, de la science et des robots
À propos de lois, il est un homme qui en a aussi formulé trois… une idée ? Si je vous dis qu’il est né en 1920 en Russie ? Encore un indice ? Il a inspiré George Devol et Joseph Engelberger qui ont construit le premier robot industriel en 1961 pour General Motors. Si vous séchez, arrêtez tout de suite d’écouter le podcast, achetez vous le cycle de Fondation d’Isaac Asimov, lisez-le et revenez dans… 6 mois à peu près, c’est que c’est long le cycle de fondation…
Très intéressante aussi l’histoire de ce jeune homme à qui on laisse lire les “pulps” de l’époque, juste parce qu’il est écrit “science-fiction” et que la science c’est bien pour un gamin. Bon, heureusement que ces parents ne les ont pas trop feuilleté, il y avait beaucoup plus de jeunes femmes plus ou moins légèrement vêtues et d’extraterrestres moches et méchants que de science, mais le mal était fait, Isaac ne lâchera plus la science-fiction.
On lui prête de temps à autre l’invention du robot, ce qui est faux. L’origine est à situer en Tchécoslovaquie, le robot est un travailleur mécanique dans une métaphore du communisme. Le robot est ensuite utilisé de temps à autre, mais toujours d’une mauvaise manière, il est méchant, froid et n’aime pas trop les humains.
Là ou Asimov est très fort, c’est qu’il va leur faire manger trois lois qui vont tout changer, car il est certain d’une chose, le progrès est de toute façon positif. Alors, ces trois lois, vous les connaissez ? Juste pour le plaisir, les voici:
Première réponse, qui a son importance et mérite un peu d’éclaircissement. Nous sommes à une époque ou la technologie n’étonne plus personne, l’effet waouh est de moins en moins là. Nos smartphones sont de plus en plus puissants, les images satellites plus précises, les sondes spatiales plus complexes, bref, rien de vraiment nouveau ni de changements radicaux. Il n’y a pourtant pas si longtemps, personne n’avait d’ordinateur personnel, de téléphone et de toute cette technologie qui nous entoure.
La science-fiction a aidé à populariser ces technologies. Étonné lorsque vous avez vu un téléphone portable pour la première fois ? Pas vraiment, on l’avait déjà vu dans la SF, pareil pour beaucoup d’autres accessoires de notre vie moderne. Un des rôles d’Asimov a été de populariser le robot gentil, au service de l’humain. Des doutes ?
Si je vous dis robot, à quoi pensez-vous en premier ? Aux microprogrammes qui aident Google à indexer les pages web ? À votre aspirateur autonome ? Aux robots industriels ? À moins que vous ne pensiez à Sony, le robot humanoïde du film I, Robot ? Peut être à R2D2 ou 6PO de Star-Wars ou à Robbie de Planète interdite ? À moins que cela soit aux répliquants de Blade Runner… Hé oui, la science-fiction a forgé notre imagerie du robot, alors que rares sont ceux qui sont humanoïdes et aucun ne pourrait tenir une discussion libre avec nous…
Isaac Asimov a participé à cette construction de l’imagerie du robot. Du reste, vous saviez qu’il a inventé le mot “robotique” sans le savoir ?
Asimov était vraiment un homme de science, il avait une licence en sciences, une maîtrise en chimie et un doctorat en biochimie ! On peut dire qu’il écrivait sur la science, mais avec un grand talent pour la fiction.
Il ne faut pas se limiter à son oeuvre sur les robots, dans ces nouvelles sur David Starr il raconte les aventures d’un enquêteur du conseil scientifique, c’est surtout une façon amusante de nous faire découvrir le système solaire. Alors non, sur Vénus on n’a pas trouvé de grenouilles aux capacités télépathes, mais même si la science a fait tomber ces mythes cela reste très instructif à lire.
Pas vraiment le temps de vous en dire plus sur lui, il faut dire qu’il est auteur de plus de 300 livres dont un certain nombre de vulgarisations scientifiques et d’autres avec des thèmes un peu étranges…
Des lois inappliquées et des drones tueurs
Ceci dit, et sans entrer dans une polémique sans fin, il est triste de voir que ces lois de la robotique, sensées régir les rapports entre les robots et les hommes, ne soient jamais évoquées nulle part quand on parle d’IA. Les drones américains auraient tué 4700 personnes et la plupart des pays n’ont pas légiféré sur la question. Alors oui, la plupart des tués le sont directement par un opérateur, donc le drone reste un moyen de tuer à distance, comme un missile, mais ce n’est pas toujours le cas, et quid du futur ? On reporte déjà un certain nombre de “mauvais ciblages” au Yémen par exemple, pourtant ces cibles sont désignées par un opérateur humain… Qu’en sera-t-il lorsque les processus seront automatisés ? Même si certains spécialistes de l’IA affirment que cela n’arrivera pas avant une vingtaine d’années, on peut se dire que la SF avait vu le problème poindre depuis bien longtemps… Mais, entre nous, vous ne flippez pas un peu en voyant les robots de Boston Dynamics ? Se faire tuer par un robot ? Pas sûr que cela soit de la SF encore longtemps…
Kim Stanley Robinson et les trois mars
Passons à un sujet plus joyeux, je vous emmène à nouveau dans l’espace ! Je vous ai parlé, pour l’instant, d’écrivains assez datés, mais la science-fiction a continué d’évoluer depuis. Vous connaissez Kim Stanley Robinson ? Il a écrit plusieurs livres, mais la série la plus intéressante est le cycle de mars, composé de Mars la rouge, Mars la verte et Mars la bleue.
Il y décrit, avec un style s’approchant beaucoup de la hard science, la conquête de mars par 100 colons partis de la terre. Ce qui est fascinant, c’est qu’en plus d’utiliser des connaissances scientifiques actuelles pour expliquer comment il serait possible de parvenir à conquérir mars, il s’intéresse à la sociologie et à la politique. Ça paraît évident à la lecture, mais pas vraiment au profane qui ne s’y est jamais intéressé, mais quelle serait la réaction de 100 colons indépendants sur une autre planète ? Ou encore, comment réagit l’humain en vase clos sur un grand nombre d’années ?
Il voit le problème de la conquête spatiale du côté des sciences humaines, et ne rêvons pas, si on est certain de pouvoir aller sur mars un jour ou l’autre, qui de nous est capable de dire ce qu’il s’y passerait ? On dit parfois que notre plus grande limitation n’est pas la technologie, mais notre esprit humain, et Kim essaie d’explorer cette voie.
Une des grandes puissances de la SF, c’est de ne pas être limitée dans le temps, ce qui permet d’imaginer comment la planète mars elle-même changerait en fonction des agissements des colons. Il y aborde aussi le concept d’ascenseur spatial, qui n’est pas du tout une nouveauté puisque son concept remonte aux années 50, mais ça vous donnera sûrement envie de vous plonger dans le rapport de la NASA sur la question…
Alors oui, encore une fois, vous me direz que la terraformation n’est pas forcément scientifique, les coûts en énergie seraient impossibles à calculer, mais il reste que c’est intéressant à étudier. Et puis, puisque la terraformation s’occupe de transformer mars en terre numéro deux, c’est aussi une excellente manière de se remettre un peu de biologie et de physique dans la tête… À lire d’urgence pour ceux que l’espace fait toujours rêver !
Il a fallu 65 millions d’années pour que cette aventure devienne possible
Après cette petite pause spatiale, retour il y a… 65 millions d’années, ou presque… Une idée ? Oui, je vais vous parler de dinosaures grâce à Jurassic Park.
Tout d’abord, voici quelques infos sur Jurassic Park. Le livre de Michael Crichton est paru en 1990, le film en 1993, c’est le premier film de l’histoire à avoir rapporté 900 millions de dollars, le 17e plus gros succès au box-office de tous les temps. La franchise Jurassic Park est d’ailleurs toujours importante, on en a tiré des comics, des jeux vidéo et presque une dizaine d’attractions dans les parcs Universal.
Petite précision qui s’impose, le livre et le film varient un peu, autant au niveau du scénario que des informations scientifiques, je vais parler un peu des deux, mais le livre est beaucoup plus complet.
Les personnages inspirés par des scientifiques
Vous serez d’accord de penser que si Jurassic Park a quelque chose de scientifique, nous devrions trouver des hommes de sciences quelque part dans les inspirations et les conseillers techniques… Qui se cache derrière le film d’après vous ?
Jack Horner par exemple, un paléontologue à ne pas confondre avec James Horner, compositeur de musiques de films comme Star Trek: la Colère de Khan, Aliens, Braveheart ou encore Titanic… Jack Horner est un vrai paléontologue, il a fait d’importantes découvertes, dont le premier nid de dinosaure avec des petits à l’intérieur, il a même deux espèces de dinosaure qui portent son nom ! Il a découvert plusieurs squelettes de Tyrannosaurus Rex qui font actuellement partie de la plus grande collection de cette espèce dans le monde. Il est aussi fervent défenseur du “chickenosaurus”, une reconstruction de dinosaure dont il parle dans son livre “Comment construire un dinosaure: l’extinction ne doit pas forcément être pour toujours”… Je vais vous en causer après…Le professeur Alan Grant joué par Sam Neil est inspiré de ce vrai paléontologue…
Vous vous rappelez de Ian Malcolm, le mathématicien du chaos joué par Jeff Goldblum ? Vous pensez que c’est du grand n’importe quoi ? Pas forcément, certains passages du livre essaient de vulgariser la théorie du chaos, c’est passionnant à lire même si ça reste “light” pour les vrais mathématiciens. Le journaliste James Gleick, qui est spécialisé dans la vulgarisation scientifique et les rapports entre la science est la technologie a servi de source pour Jeff Goldblum sur la théorie du chaos. Michael Chrichton s’est inspiré des travaux d’Ivar Ekeland, un mathématicien français, pour le personnage de Malcolm dans Jurassic Park.
De l’ambre au dino, la vérité derrière la fiction
J’y pense, quelle magnifique idée Michael Crichton a eue en faisant trouver de l’ADN dans de l’ambre ! Une idée qui lui est venue sous la douche… ou alors inspirée par un entomologiste,George Poinar qui popularise cette idée dans son livre… Hé oui, les scientifiques ne lisent pas forcément beaucoup de science-fiction, mais les écrivains, eux, savent ou pomper les idées!!!
Revenons sur cette idée, c’est scientifique ou non ? La réponse, pour l’instant, semble claire, mais comme c’est de la recherche, on va se permettre de rêver. Oui, on peut trouver de l’ADN dans de l’ambre, c’est chose faite depuis 1987 où on a extrait l’ADN d’une mouche. L’ADN le plus vieux à ce jour a 125 millions d’années ! Mais alors, ressusciter un dinosaure, c’est possible ! Non, désolé, je vous avoue, j’ai menti. On a cru déceler ces traces d’ADN, mais il s’agissait en fait de contaminants humains ou de champignons tout à fait actuels… On estime que l’information génétique n’a qu’une durée de vie de 50 à 100 mille ans, pas assez pour avoir de l’ADN de dino…On a quand même trouvé des protéines dans un os de T rex , pas de quoi en refaire un, mais c’estune découverte scientifique qui découle directement du film. L’os d’où ont été tirées les protéines vient d’une découverte de Jack Horner… Le monde est petit non ?
Des dinos sous speed qui apprennent à voler
Parlons dinosaures, parce que c’est quand même pour ça qu’on va voir Jurassic Park. D’abord les bonnes nouvelles… Si vous avez déjà vu des vieux films de dinosaures, vous aurez remarqué qu’ils sont lents, qu’ils vivent dans les marais et que c’est des sortes de monstres répugnants… Dans Jurassic Park, les dinos sont rapides, ils s’occupent de leurs petits et ils sont même intelligents ! Que s’est-il donc passé ? Tout simplement que les dinosaures ne sont plus considérés comme étant à sang froid comme les reptiles, mais à sang chaud comme les mammifères. Encore une fois, ce n’est pas une innovation de la science-fiction, mais une vraie théorie présentée par Bob Bakker en 1986, soit peu de temps avant que Crichton commence à écrire son livre… Ça reste une théorie, parce qu’à défaut d’avoir un dinosaure ou une machine à remonter le temps on ne peut le vérifier, mais c’est la logique qui la mène… En résumé, le sang-froid est incompatible avec la hauteur du Brachiosaure, des dinos ont été découverts dans des latitudes trop nordiques, le ratio prédateur/proie ne jouerait pas non plus, la vitesse de croissance est trop rapide et enfin, les dinosaures s’étant transformés en moineaux, ils ne peuvent qu’être à sang chaud ! Ces théories étaient connues à l’époque de Jurassic Park, le petit Tim cite même le livre de Bakker, deux fois !
Ca peut paraître bête de parler de ces points, pourtant, est-ce que madame Michu aurait appris ces théories autre part que dans un film à grand budget ? Aurait-elle lu le livre de Bakker ou ceux de Horner avant de s’endormir ? Non, absolument pas ! Donc on peut dire que Jurassic Park a eu son importance, relative il est vrai, difficilement mesurable, mais bien réelle.
Pour poursuivre sur les dinos, que je vous dise T-Rex, Raptor, brachiosaure et galliminus, il y a de fortes chances que les images qui vous viennent soient celles de Jurassic Park. Pourtant, tout n’est pas exact, loin de là, en partie de façon totalement consciente et d’autre fois non. Sur le T rex, pour commencer par le plus grand. Non, il ne courait pas à 40 kilomètres à l’heure comme dans le film, mais à 15… remarquez, c’est déjà assez vite pour que cela soit inquiétant !
Pendant qu’on y est, d’après vous, le rex ne voit-il vraiment que le mouvement ? Info ou intox ? Hé bien c’est un peu des deux. La plupart des prédateurs sont attirés par le mouvement et ont une vision très faible, on peut donc penser qu’il en était de même du rex. Ce que Grant ne vous dit pas, c’est que le rex avait certainement un odorat très développé, les cavités nasales dans son crâne semblent le prouver… Donc le meilleur conseil face à un rex, c’est bien de… courir !
L’autre star du film, c’est le vélociraptor, aussi appellé raptor. Là c’est un peu un mélange de science, de n’importe quoi et de découvertes. Quand Crichton écrivait son livre, le vélociraptor antirrhopus était accepté par certains scientifiques, mais son nom a ensuite été modifié en deinonychus… Problème, le livre est déjà fait et deinonychus est un nom vachement moins vendeur que le raptor, qui est, lui, trop petit pour être impressionnant au cinéma. Coup de chance, pendant le tournage, l’utahraptor fut découvert, pile avec le bon nom et la bonne taille !Stan Winston, qui travaillait pour les effets spéciaux de Jurassic Park a dit:”nous l’avons fait, puis ils l’ont découvert”… Sympa non ? Le raptor ne fait pas de pointes à 100 kilomètres-heure comme dans le film, mais une quarantaine selon les dernières estimations… largement assez vite pour nous tuer quand même… Les techniques de chasse dont le film s’est inspiré sont celles de singes comme le chimpanzé ou le babouin, qui ont une coordination impressionnante. On pense qu’ils chassaient en groupe parce qu’on a découvert les ossements de raptors en groupe et que leur petite taille comparée à leurs proies les y oblige. Même si on ne pourra jamais prouver ces théories elles restent les plus vraisemblables et inspirées de vraies études scientifiques sur les animaux contemporains.
Autre grosse erreur tout à fait consciente du film, c’est le dilophosaure, vous savez, le petit rigolo qui bouffe Denis Nedry ! On ne sait pas si ce dino était pourvu de venin, mais on est sûr qu’il pouvait faire jusqu’à deux mètres cinquante de haut, mais Spielberg ne voulait pas qu’on le confonde avec le raptor… De la science, mais surtout du cinéma dans ce choix…
Les bruits des dinos sont aussi assez farfelus, le brachiosaure ne pouvait certainement pas chanter comme dans le film… Ouais je sais, je casse les rêves, mais on est sur Podcastscience et pas sur podcastutopie !!!
Deux autres points rapides, celui de l’évolution des dinosaures en oiseaux et non en reptiles. Ce n’est pas du tout une nouveauté, Thomas Henry Huxley avait exposé cette théorie en 1864, il était un fervent défenseur de Darwin. Petite parenthèse qui n’a rien à voir, mais qui est marrante: L’évêque d’Oxford, Samuel Wilberforce, demande à Huxley s’il descend bien du singe par son grand-père ou par sa grand-mère (on voit le niveau intellectuel du truc), et Huxley répond: “je préférerais descendre d’un singe plutôt que d’un homme instruit qui utilise sa culture et son éloquence au service du préjugé et du mensonge”… Si je vous dis qu’il est l’inventeur du terme agnosticisme, vous ne serez pas étonnés… Enfin bref, c’était juste anecdote, un peu de culture ne fait pas de mal…
Autre point sur les dinos, vous le savez sans doute, les dernières théories veulent que les dinosaures aient été à plumes… Oui vous entendez bien, même le rex est censé avoir eu des plumes !Pour les raptors c’est même presque un fait établit par les pros, dans Jurassic Park 3 les raptors en ont quelques-unes, mais c’est plutôt des crêtes punk qu’un vrai plumage. Jurassic Park 4 devrait sortir début 2015, les paléontologues fustigent déjà le film, car il semblerait que les dinos ne soient pas à plume, c’est moins vendeur…
De l’inspiration et un chickenosaure
Mais alors, quelle a été l’influence de Jurassic Park ?
Sur l’imagination, énorme, dans l’inconscient collectif, les dinosaures sont exactement comme dans Jurassic Park, alors qu’au final c’est des théories, qui se tiennent bien sûr, mais des théories quand même, susceptibles d’évoluer dans le temps. Ce qu’il y a de tangible, c’est qu’à partir du premier film une fièvre dino s’est emparée de tout le monde, pensez, il y avait du fric à se faire ! Mais pas seulement… Le New York Times avait signalé une hausse du nombre d’inscriptions dans le secteur de la paléontologie dans ces années, dur à chiffrer précisément, mais certains élèves affirment avoir été séduits par le film. Malheureusement ils ont été rattrapés par la réalité, trop peu de postes intéressants, pas assez de moyens et des fouilles trop rares auront eu raison des moins motivés… Mais si ça se trouve, dans 10 ans, une nouvelle découverte sera faite par un paléontologue, il dira dans sa biographie qu’il a été inspiré par Jurassic Park et on aura la preuve qu’on peut être inspiré par un film !
Sachez, pour info, que Jack Horner travaille avec Hanz Larsson pour fabriquer un “chickenosaure”. Comme créer des dinos avec l’ADN semple impossible, pourquoi ne pas modifier un embryon de poulet, étape par étape, pour le faire ressembler à un dinosaure en le modifiant gène par gène ? De la science-fiction ? Oui, mais d’un coté pourquoi pas, réactiver des gènes dormants pour allonger la queue, développer ceux des bras, c’est théoriquement possible et même déjà fait dans une petite mesure…
Reste la vraie question de Jurassic Park, celle que Crichton aime poser, je vous cite ici Ian Malcolm dans le film: “à force de se demander comment ils ont oublié de se demander pourquoi, ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire”. Une vaste question d’éthique, un sujet passionnant sur lequel on pourrait disserter pendant des heures, même si à mon humble avis les scientifiques s’en foutent bien mal, la plupart font ces recherches en se disant que ce n’est pas à eux de se soucier de ça… Frankenstein, Jurassic Park, même combat et même conclusion vous ne trouvez pas ?
Des nanobots s’enfuient de l’EPFL de Lausanne
J’aurais dû vous parler du livre “la proie” du même auteur, qui cause des nanotechnologies. Le souci, c’est que comme pour Jurassic Park on est dans de l’extrapolation scientifique. Or, sur Jurassic Park, on a 20 ans de recul pour savoir ce qui est vérifié ou non. Ce n’est pas le cas des nanotechnologies sur lesquelles on sait finalement peu de choses, nous ne sommes clairement qu’au début de cette technologie dont les possibilités sont encore dures à cerner…
Petit meuh par contre (le meuh est l’équivalent au cocorico français, mais pour les suisses), son roman a été inspiré par des recherches menées à l’EPFL de Lausanne ! Ces recherches sont celles de la robotique évolutive qui sont menées dans le laboratoire de systèmes autonomes de l’EPFL. Michael Crichton s’est servi de ces recherches, les a couplées avec des nanorobots et a mis un peu de biologie dans le mélange… Rassurez-vous quand même un peu, les nanoparticules ne peuvent pas se regrouper en essaims denses et voyager, la résistance à l’air les en empêche, c’est l’EPFL qui le dit, ça doit donc être vrai…
J’avais cité cette phrase dans mon teasing “Il est difficile de trouver une métaphore parfaite en ce qui concerne ce sujet, mais on pourrait dire qu’il s’agira de la transformation de l’humanité en un cerveau unique distribué et interconnecté, assurant les voies de communication de base de la société, à travers lui s’exalteront la productivité et l’indépendance, leur offrant des opportunités bien plus grandes d’accomplir des dessins personnels…”. Elle est véridique, tirée du rapport NSF sur la convergence des technologies dédiées à l’amélioration des performances humaines. Les nanotech sont donc encore un domaine ou la SF et la science sont finalement très proches, à quelques années près c’est ou l’un ou l’autre…
Voilà pour Crichton…
D’Huhura à Mae
En trèèèès rapide, car le temps me manque, Star Trek a aussi inspiré quelques innovations technologiques. Comme pour les verniens, les trekkies voient parfois en Star Trek un mélange de prophétie et d’inspiration un peu extrême, mais je ne veux fâcher personne ! Le téléphone portable est inspiré du communicator, mais je dois avouer que je pense qu’il aurait été inventé même sans ça… Sérieux quoi, enlever le fil à un téléphone pour le rendre plus portable semble logique, on a vraiment besoin de star trek pour le savoir ? Bon, j’arrête le troll, je ne vais pas dire que la téléportation est quasi impossible, que le voyage plus rapide que la lumière est possible seulement grâce à des prises mal branchées et que non, on ne revient pas dans le temps en tournant à toute vitesse autour du soleil… mais quand même, on peut citer la belle inspiration qu’à représenté Star Trek pour Mae Jemison par exemple, première femme noire à être astronaute, elle a été dans l’espace grâce à la navette Endeaveour. Hé oui, à l’époque tristement pas si lointaine ou Mae faisait ses études, l’espace pour les femmes noires était réservé à la SF en la personne du lieutenant Uhura…
Bon, j’en ai presque fini, rassurez-vous, une petite conclusion et on pourra passer à autre chose…
Un avis subjectif sur la SF
Que retenir de la SF par rapport à la science ? Je vais vous donner mon avis, très subjectif…
Je vois la SF comme de l’inspiration pour les sciences, mais qui ne marche pas avec tout le monde. Je vous ai parlé de Jurassic Park d’un point de vue scientifique, et je fais partie de ceux qui ont appris ce qu’était une courbe de Gauss grâce au livre, qui ont lu un peu sur la théorie du chaos, j’ai même appris à polir et à photographier de l’ambre ! Je ne suis pas un scientifique, je ne ferai jamais de découverte, mais j’ai passé des heures passionnantes grâce au livre et à ce qu’il m’a appris sur la science.
Paradoxalement, d’autres personnes ne verront dans Jurassic Park qu’un film ou des dinosaures bouffent des gens, rien de plus.
Il faudrait aussi parler de la contribution de la science-fiction pour la dévalorisation de la religion en présentant la science et la technologie plutôt que Dieu comme solutions pour les problèmes de l’humanité… Heureusement que la SF est arrivée à une époque ou la religion avait moins d’influence, pas sûre qu’elle n’aurait pas voulu passer quelques écrivains au bucher ! Il faudrait aussi parler de l’influence des mangas style SF au Japon, de la facilité de la pénétration de la technologie dans nos vies grâce à la SF, de Google qui utilise nos données pour faire du précrime comme dans les livres de K. Dick, de l’imagerie du scientifique qui a beaucoup changé avec le temps ou encore du cyberpunk qui illustre très bien notre époque… mais je n’ai pas le temps !
Je suis aussi un peu triste qu’on ne prenne pas au sérieux certains avertissements de la SF sur la science et la technologie. En ça la SF me fait penser à l’histoire. En étudiant l’histoire, on peut en dégager des leçons, des codes à suivre ou des concepts à éviter, pourtant l’homme fait sans arrêt les mêmes erreurs… La SF, sans la prendre trop au sérieux, pose aussi de très bonnes questions, on les ignore totalement et on va peut être finir par y répondre on se cassant la tête dessus…
Selon le rapport “les Européens, la science et la technologie”, deux tiers des Européens s’estiment mal informés sur la technologie alors que 45% d’entre eux affirment y être intéressé. Où veulent-ils être informés ? À la TV… rageant non ? Surtout quand on sait que seuls 11.3% d’entre eux se déplacent au musée des sciences et des technologies… Selon le même rapport, 59.5% des jeunes trouvent qu’une carrière scientifique manque d’attrait, en partie à cause de la difficulté des formations et de l’autre pour les perspectives de carrières douteuses…
Je suis certain que la SF a son rôle à jouer dans l’inspiration des jeunes générations, encore faudrait-il leur servir autre chose que des films débiles et sans fond… De grands scientifiques comme Stephen Hawking ont été influencé par la SF, il a même joué dans un épisode de Star Trek, gageons que ça se reproduise !
Donc deux conseils et je termine, le premier, évident, intéressez-vous à la SF, lisez et regardez des films, vous aurez du plaisir ! Et ensuite, comme d’habitude, allez plus loin que le livre, intéressez-vous au sujet, on dispose de l’outil le plus merveilleux jamais créé, internet, qui vous permet d’avoir une base de connaissance énorme, utilisez le, pas seulement pour voir des vidéos de chats débiles, mais aussi pour apprendre…
Voilà voilà, maintenant la chose la plus importante, que pensez-vous de tout ça ?
Sources:
Jonathan Maitrot
On 05.09.2013
http://www.podcastscience.fm/dossiers/2013/09/05/podcastscience-142-science-et-fiction-aux-frontieres-des-deux-mondes/?utm_source=feedly
Tout d’abord, quelques précisions sur la science. Je vais en parler abondamment, surtout en vous disant qu’il y a de la science dans la science-fiction, mais il y a une subtilité pour beaucoup de ces livres, celle de la technoscience. Ce terme, introduit dans les années 70, essaye de combler le vide entre la science et la technique. Un iPad, c’est de la science ou de la technologie ? Il faut beaucoup de science pour arriver à un tel produit, pourtant, pour l’utilisateur final, il s’agit de technologie et non de science. C’est pour ça que le terme de technoscience a été créé, combler ce fossé qui apparait clairement dans la science-fiction. Ne m’en voulez donc pas si j’utilise science, fiction, technoscience et autres mots pour parler un peu de la même chose, cela ne reste, au final, que de la sémantique.
J’aurais pu commencer par une description de la science-fiction à travers les âges et vous présenter les différents styles explorés par cette forme de littérature. Mais voilà, le souci c’est qu’il y a un grand nombre de sciences-fictions différentes, je vous en cite quelques-uns à la volée: la hard science-fiction, l’uchronie, le cyberpunk, le space opera, la space fantasy, le planète opéra, etc. Les décrire toutes aurait été très long, trop long pour un épisode de Podcast Science, et ne représente finalement que peu d’intérêt pour la problématique de ce soir. J’ai aussi choisi de vous présenter les parallèles entre la science et la science-fiction en m’attachant à des auteurs qui ont été sélectionnés grâce à deux critères: leur popularité et ma connaissance sur leurs œuvres. Oui, les connaisseurs me reprocheront d’avoir oublié un écrivain, mais encore une fois j’étais limité par le temps. J’aurais aussi pu faire un épisode complet sur la hard science-fiction, mais c’est un genre peu populaire, donc qui a peu d’influence (pardonnez le raccourci) et, encore une fois, certains se disputent des années durant pour la classification, je ne pense pas que ça intéressera les auditeurs.
Je vous donnerai tout de même la définition de la science-fiction qui me plaît le plus, celle du grand Isaac Asimov: “on peut définir la Science-Fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l’être humain aux progrès de la science et de la technologie”. Il ajoute, un peu moqueur: “aucun de ceux qui l’écrivent ne sont capables de s’entendre sur sa définition”.
Il faut dire aussi que la science-fiction a un historique très jeune, quand je vous parle de Jules Verne, qui n’est d’ailleurs pas classé dans la SF, mais dans l’anticipation, on est aux alentours de 1865 pour ses premiers romans, et quand je cite Michael Crichton on parle même de 1995 ! Autrement dit, ironiquement, trouver des sources fiables est loin d’être évident et avoir un recul suffisant pour appréhender avec justesse l’influence de la science-fiction sur la science est complexe. On va quand même s’y mettre avec un écrivain qu’on a probablement tous lu, Jules Verne.
Jules Verne et la science-fiction
Né en 1828, il a commencé à écrire en 1862 avec son premier roman, cinq semaines en ballon, qui inaugure la collection Voyages extraordinaires chez son éditeur, Hetzel. 62 romans, 18 nouvelles pour 40 ans d’écriture, que nous reste-t-il de son oeuvre et surtout, quel est son rapport avec la science ? A-t-il réellement imaginé en premier le voyage vers la lune et l’énergie nucléaire? Essayons d’en savoir plus…
Jules Verne s’intéresse aussi beaucoup à l’optique dans son livre. C’est bien beau de lancer un obus habité sur la lune, mais voir sa progression est encore plus important. Bien sûr, aucun télescope n’est capable de ce prodige, et Jules Vernes va donc utiliser une technique qu’on retrouve énormément dans la SF, il prend des règles mathématiques confirmées et les utilise sans prendre en compte de nombreux facteurs.
Dans notre exemple, plus le diamètre du miroir du télescope est grand, plus le grossissement est important, donc il faut un très grand télescope pour voir l’obus voyager ! Imaginez, son télescope devait faire 85 mètres de long, le miroir avoir un diamètre de 4.88 mètres et peser 15 tonnes ! Au-delà de la difficulté de la construction, l’optique ne fonctionne malheureusement pas ainsi.Notre planète à une atmosphère qui n’est pas homogène, elle varie en température et en humidité, les indices optiques varient donc considérablement. Autrement dit, un grand miroir augmente la sensibilité à ces turbulences, rendant inutilisable un miroir de cette taille. Ces calculs étaient d’ailleurs erronés, même sans ces soucis le télescope n’aurait pu voir le boulet, seul un objet de 40 mètres aurait pu être résolu…
Au niveau de l’astronomie encore, les voyageurs, une fois lancés, croisent un bolide, un autre satellite de la terre. En fait, il s’agissait d’une théorie de l’époque qui décrivait un satellite qui effectuait sa révolution en 3h20 à 8140 mètres de la surface de la Terre. Problème, c’est en totale contradiction avec la troisième loi de Kepler. C’est étonnant de la part de Jules Verne puisque ces lois étaient connues depuis plus de 50 ans !
Bon, pour l’instant je me suis amusé à démolir ce livre d’un point de vue scientifique, mais n’y a-t-il vraiment rien à en tirer ?
Au contraire, il y a de la science dans ce livre. Par exemple, même si les calculs mathématiques, au niveau astronomique, optique et physique, sont pour certains inexacts, car certains paramètres sont ignorés, les principes restent valables. De même, il avait décidé que le miroir du télescope serait en verre argenté, une innovation pour l’époque ou on utilisait encore du spéculum, un matériel au pouvoir réflecteur moindre. Le télescope est calqué sur un vrai télescope, celui de lord Rosse en Irlande, encore une manière de présenter un instrument scientifique de manière intéressante ! La notion de turbulence atmosphérique était d’ailleurs déjà présente puisqu’il place le télescope au sommet de Long’s Peak, dans les rocheuses, à 4348 mètres d’altitudes. L’obus va finir sa course en mer, ce qui n’est pas sans rappeler les amerrissages des capsules Apollo…
En bref, de la vulgarisation scientifique, parfois légère, souvent exagérée, mais de la science quand même ! Rappelons que la science-fiction ne se doit pas forcément d’être exacte scientifiquement, on laisse ça aux livres de science, le but est de nous intéresser aux sciences et, surtout diront certains, de raconter une belle histoire.
20’000 lieues sous les mers
Après avoir fréquenté les hauteurs vertigineuses, laissez-moi vous amener au fond des mers avec 20 000 lieues sous les mers, un livre passionnant qui suscite pas mal de questions…
En fait, vous saviez que l’idée de faire 20 000 lieues n’est pas de Jules Verne ? C’est une femme nommée Laura qui lui a dit: j’espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs de la mer et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner. Intéressant non ? On trouve ici l’origine même de notre dossier, de la science pour se perfectionner et de l’imagination pour rêver, pas mal non ?
–Ici, Monsieur le professeur, je dois vous donner quelques explications, dit le capitaine Nemo. Veuillez donc m’écouter.»
Il garda le silence pendant quelques instants, puis il dit: «Il est un agent puissant, obéissant, rapide, facile, qui se plie à tous les usages et qui règne en maître à mon bord. Tout se fait par lui. Il m’éclaire, il m’échauffe, il est l’âme de mes appareils mécaniques.Cet agent,c’est l’électricité.
–L’électricité ! m’écriai-je assez surpris.
–Oui, Monsieur.
–Cependant, capitaine, vous possédez une extrême rapidité de mouvements qui s’accorde mal avec le pouvoir de l’électricité. Jusqu’ici sa puissance dynamique est restée très restreinte et n’a pu produire que de petites forces !
– Monsieur le professeur, répondit le capitaine Nemo, mon électricité n’est pas celle de tout le monde,et c’est là tout ce que vous me permettrez de vous en dire.
Il y avait là un mystère, mais je n’insistai pas pour le connaitre. Comment l’électricité pouvait-elle agir avec une telle puissance ? Où cette force presque illimitée prenait-elle son origine ? Était-ce dans sa tension excessive obtenue par des bobines d’une nouvelle sorte ? Était-ce dans sa transmission qu’un système de leviers inconnus pouvait accroitre à l’infini ? C’est ce que je ne pouvais comprendre.
Voilà donc une autre facilité qu’utilise la SF, décrire une chose en disant qu’elle est secrète, formuler des hypothèses invérifiables et rester dans le flou le plus total. Il est vrai qu’en parlant d’électricité dans un sous-marin, énergie accessible facilement et rapidement, on ne peut que penser au nucléaire, les sous-marins au diesel ne correspondant pas du tout à la description et nécessitant de fréquentes remontées pour aérer la machinerie. Pourtant, pas de mention de nucléaire, du reste en lisant on s’aperçoit que le capitaine Némo semble tirer cette énergie de la mer elle-même, ce qui n’est pas le cas du nucléaire. Il faut dire aussi que l’énergie nucléaire n’est pas illimitée comme il le déclare.
Le Nautilus est en fait un concentré des connaissances acquises. Les proportions sont bonnes, il pourrait vraiment plonger, les compartiments sont disposés logiquement, le principe des cloisonnements étanches est valable, il a une double coque, le principe du sas est correct et l’utilisation de l’électricité est bien imaginée. Encore une fois, on retrouve la vulgarisation qui permet cette fois aux lecteurs d’approcher un peu la mer et de jeter un oeil sur la mécanique de l’époque.
Il y a tout de même pas mal de petites erreurs. La profondeur de plongée, le Nautilus va beaucoup trop profond, 16 000 mètres, alors que les sous-marins actuels naviguent entre 300 et 400 mètres de profondeur, 700 pour les plus récents. Le capitaine Némo utilise le Nautilus pour couler les bateaux en les éperonnant, ce qui est bien sûr impossible, il serait complètement démoli aussi.
On ignore souvent trop un aspect scientifique de ce livre, celui de la découverte du monde marin. Au-delà de la technologie, on parle d’océanographie, de biologie marine et d’ichtyologie, trois sciences dont on entend rarement parler, pourtant c’est passionnant à la lecture de 20 000 lieues sous les mers.
Que retenir de Jules Verne ?
Qu’en retenir ? Pas de grandes prophéties pour Jules Verne, mais encore beaucoup de science au final.
Jules Verne n’a pas inventé grand-chose, il est d’ailleurs classé dans les romans scientifiques, une façon de faire pénétrer dans le public les merveilles de la science. Il faut dire qu’on était à une époque ou le développement industriel et scientifique est important, d’où l’idée d’en parler à un large public. N’oublions pas non plus qu’à ce moment, la plupart des coins reculés du monde ont été découverts, il n’y a pas forcément d’aventure plausible à écrire. La science permet d’ouvrir une nouvelle porte vers l’inconnu, qu’on soit dans un sous-marin ou dans un obus, il y a encore des choses à découvrir !
La réception de l’oeuvre de Jules Verne a d’ailleurs été différente entre le public et les scientifiques. Le public adore, c’est d’ailleurs resté pendant longtemps l’écrivain le plus traduit, alors que le monde scientifique voulait une vulgarisation plus rigoureuse et didactique. Il n’était pas un homme de science, par contre il se documentait beaucoup, il cite d’ailleurs énormément de vrais livres scientifiques dans ses romans.
Il n’en reste que son influence est considérable et encore perceptible de nos jours. La science a d’ailleurs retenu son nom pour 3 astéroïdes, plusieurs sous-marins nucléaires (dont le premier) et pas mal de matériel spatial. Il a influencé Jean-Yves Cousteau, qui n’était pas scientifique de formation non plus, mais qui avait aussi pour but d’émerveiller le public. Le nombre de scientifiques et d’explorateurs qu’il a influencé est grand, même Tolstoï l’admirait !
Alors, vous en pensez quoi de Jules Verne par rapport à la science ?
Arthur C. Clark et les satellites
Après Jules Verne, j’aimerai vous parler d’un autre grand de la SF… Si je vous dis Rama ? Ou 2001 ? Facile, je vais vous parler d’Arthur C. Clarke, né en 1917 au Royaume-Uni. Je pourrais disserter des heures durant de ses romans, mais je vais plutôt vous parler d’un fait que vous ignorez certainement…
Il se dit aussi que son écrit “l’exploration de l’espace” fut utilisé par Werner von Braun pour convaincre JFK d’aller sur la lune. Il n’y a malheureusement pas assez de références pour le confirmer totalement, mais après tout, pourquoi pas ?
Dans son livre “profiles of the future”, il décrivait 2100 inventions et idées pour le futur, dont une grande partie d’un peu n’importe quoi il faut l’avouer, mais aussi certaines qui sont exactes, commel’idée d’une librairie globale, qui peut faire penser à Wikipédia ou le livre numérique… Mais bon, on va dire que sur 2100 prévisions il était sûr de tomber juste sur quelques-unes !
Pour finir sur Arthur C. Clarke, sachez qu’il a remporté le prix de l’UNESCO-Kalinga pour la popularisation de la science en 1961, preuve que la communauté a reconnu ses efforts pour la vulgarisation scientifique. Le module de commande d’Appollo 13 fut nommé “Odyssey”, un orbiter martien a même été nommé “2001, Mars Odyssey”, preuve que les techniciens de la NASA ont dû lire quelques livres de Clarke…
Les trois lois de Clarke
Ha, et il a aussi énoncé trois lois qui devraient vous intéresser:
- Quand un savant distingué, mais vieillissant estime que quelque chose est possible, il a presque certainement raison, mais lorsqu’il déclare que quelque chose est impossible, il a très probablement tort.
- La seule façon de découvrir les limites du possible, c’est de s’aventurer un peu au-delà, dans l’impossible.
- Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.
Isaac Asimov, de la science et des robots
À propos de lois, il est un homme qui en a aussi formulé trois… une idée ? Si je vous dis qu’il est né en 1920 en Russie ? Encore un indice ? Il a inspiré George Devol et Joseph Engelberger qui ont construit le premier robot industriel en 1961 pour General Motors. Si vous séchez, arrêtez tout de suite d’écouter le podcast, achetez vous le cycle de Fondation d’Isaac Asimov, lisez-le et revenez dans… 6 mois à peu près, c’est que c’est long le cycle de fondation…
On lui prête de temps à autre l’invention du robot, ce qui est faux. L’origine est à situer en Tchécoslovaquie, le robot est un travailleur mécanique dans une métaphore du communisme. Le robot est ensuite utilisé de temps à autre, mais toujours d’une mauvaise manière, il est méchant, froid et n’aime pas trop les humains.
Là ou Asimov est très fort, c’est qu’il va leur faire manger trois lois qui vont tout changer, car il est certain d’une chose, le progrès est de toute façon positif. Alors, ces trois lois, vous les connaissez ? Juste pour le plaisir, les voici:
- Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.
- Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi.
- Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi.
- Un robot ne peut pas faire de mal à l’humanité ni, par son inaction, permettre que l’humanité soit blessée.
Première réponse, qui a son importance et mérite un peu d’éclaircissement. Nous sommes à une époque ou la technologie n’étonne plus personne, l’effet waouh est de moins en moins là. Nos smartphones sont de plus en plus puissants, les images satellites plus précises, les sondes spatiales plus complexes, bref, rien de vraiment nouveau ni de changements radicaux. Il n’y a pourtant pas si longtemps, personne n’avait d’ordinateur personnel, de téléphone et de toute cette technologie qui nous entoure.
La science-fiction a aidé à populariser ces technologies. Étonné lorsque vous avez vu un téléphone portable pour la première fois ? Pas vraiment, on l’avait déjà vu dans la SF, pareil pour beaucoup d’autres accessoires de notre vie moderne. Un des rôles d’Asimov a été de populariser le robot gentil, au service de l’humain. Des doutes ?
Si je vous dis robot, à quoi pensez-vous en premier ? Aux microprogrammes qui aident Google à indexer les pages web ? À votre aspirateur autonome ? Aux robots industriels ? À moins que vous ne pensiez à Sony, le robot humanoïde du film I, Robot ? Peut être à R2D2 ou 6PO de Star-Wars ou à Robbie de Planète interdite ? À moins que cela soit aux répliquants de Blade Runner… Hé oui, la science-fiction a forgé notre imagerie du robot, alors que rares sont ceux qui sont humanoïdes et aucun ne pourrait tenir une discussion libre avec nous…
Isaac Asimov a participé à cette construction de l’imagerie du robot. Du reste, vous saviez qu’il a inventé le mot “robotique” sans le savoir ?
Asimov était vraiment un homme de science, il avait une licence en sciences, une maîtrise en chimie et un doctorat en biochimie ! On peut dire qu’il écrivait sur la science, mais avec un grand talent pour la fiction.
Il ne faut pas se limiter à son oeuvre sur les robots, dans ces nouvelles sur David Starr il raconte les aventures d’un enquêteur du conseil scientifique, c’est surtout une façon amusante de nous faire découvrir le système solaire. Alors non, sur Vénus on n’a pas trouvé de grenouilles aux capacités télépathes, mais même si la science a fait tomber ces mythes cela reste très instructif à lire.
Pas vraiment le temps de vous en dire plus sur lui, il faut dire qu’il est auteur de plus de 300 livres dont un certain nombre de vulgarisations scientifiques et d’autres avec des thèmes un peu étranges…
Des lois inappliquées et des drones tueurs
Ceci dit, et sans entrer dans une polémique sans fin, il est triste de voir que ces lois de la robotique, sensées régir les rapports entre les robots et les hommes, ne soient jamais évoquées nulle part quand on parle d’IA. Les drones américains auraient tué 4700 personnes et la plupart des pays n’ont pas légiféré sur la question. Alors oui, la plupart des tués le sont directement par un opérateur, donc le drone reste un moyen de tuer à distance, comme un missile, mais ce n’est pas toujours le cas, et quid du futur ? On reporte déjà un certain nombre de “mauvais ciblages” au Yémen par exemple, pourtant ces cibles sont désignées par un opérateur humain… Qu’en sera-t-il lorsque les processus seront automatisés ? Même si certains spécialistes de l’IA affirment que cela n’arrivera pas avant une vingtaine d’années, on peut se dire que la SF avait vu le problème poindre depuis bien longtemps… Mais, entre nous, vous ne flippez pas un peu en voyant les robots de Boston Dynamics ? Se faire tuer par un robot ? Pas sûr que cela soit de la SF encore longtemps…
Passons à un sujet plus joyeux, je vous emmène à nouveau dans l’espace ! Je vous ai parlé, pour l’instant, d’écrivains assez datés, mais la science-fiction a continué d’évoluer depuis. Vous connaissez Kim Stanley Robinson ? Il a écrit plusieurs livres, mais la série la plus intéressante est le cycle de mars, composé de Mars la rouge, Mars la verte et Mars la bleue.
Il y décrit, avec un style s’approchant beaucoup de la hard science, la conquête de mars par 100 colons partis de la terre. Ce qui est fascinant, c’est qu’en plus d’utiliser des connaissances scientifiques actuelles pour expliquer comment il serait possible de parvenir à conquérir mars, il s’intéresse à la sociologie et à la politique. Ça paraît évident à la lecture, mais pas vraiment au profane qui ne s’y est jamais intéressé, mais quelle serait la réaction de 100 colons indépendants sur une autre planète ? Ou encore, comment réagit l’humain en vase clos sur un grand nombre d’années ?
Il voit le problème de la conquête spatiale du côté des sciences humaines, et ne rêvons pas, si on est certain de pouvoir aller sur mars un jour ou l’autre, qui de nous est capable de dire ce qu’il s’y passerait ? On dit parfois que notre plus grande limitation n’est pas la technologie, mais notre esprit humain, et Kim essaie d’explorer cette voie.
Une des grandes puissances de la SF, c’est de ne pas être limitée dans le temps, ce qui permet d’imaginer comment la planète mars elle-même changerait en fonction des agissements des colons. Il y aborde aussi le concept d’ascenseur spatial, qui n’est pas du tout une nouveauté puisque son concept remonte aux années 50, mais ça vous donnera sûrement envie de vous plonger dans le rapport de la NASA sur la question…
Alors oui, encore une fois, vous me direz que la terraformation n’est pas forcément scientifique, les coûts en énergie seraient impossibles à calculer, mais il reste que c’est intéressant à étudier. Et puis, puisque la terraformation s’occupe de transformer mars en terre numéro deux, c’est aussi une excellente manière de se remettre un peu de biologie et de physique dans la tête… À lire d’urgence pour ceux que l’espace fait toujours rêver !
Il a fallu 65 millions d’années pour que cette aventure devienne possible
Après cette petite pause spatiale, retour il y a… 65 millions d’années, ou presque… Une idée ? Oui, je vais vous parler de dinosaures grâce à Jurassic Park.
Tout d’abord, voici quelques infos sur Jurassic Park. Le livre de Michael Crichton est paru en 1990, le film en 1993, c’est le premier film de l’histoire à avoir rapporté 900 millions de dollars, le 17e plus gros succès au box-office de tous les temps. La franchise Jurassic Park est d’ailleurs toujours importante, on en a tiré des comics, des jeux vidéo et presque une dizaine d’attractions dans les parcs Universal.
Les personnages inspirés par des scientifiques
Vous serez d’accord de penser que si Jurassic Park a quelque chose de scientifique, nous devrions trouver des hommes de sciences quelque part dans les inspirations et les conseillers techniques… Qui se cache derrière le film d’après vous ?
Jack Horner par exemple, un paléontologue à ne pas confondre avec James Horner, compositeur de musiques de films comme Star Trek: la Colère de Khan, Aliens, Braveheart ou encore Titanic… Jack Horner est un vrai paléontologue, il a fait d’importantes découvertes, dont le premier nid de dinosaure avec des petits à l’intérieur, il a même deux espèces de dinosaure qui portent son nom ! Il a découvert plusieurs squelettes de Tyrannosaurus Rex qui font actuellement partie de la plus grande collection de cette espèce dans le monde. Il est aussi fervent défenseur du “chickenosaurus”, une reconstruction de dinosaure dont il parle dans son livre “Comment construire un dinosaure: l’extinction ne doit pas forcément être pour toujours”… Je vais vous en causer après…Le professeur Alan Grant joué par Sam Neil est inspiré de ce vrai paléontologue…
Vous vous rappelez de Ian Malcolm, le mathématicien du chaos joué par Jeff Goldblum ? Vous pensez que c’est du grand n’importe quoi ? Pas forcément, certains passages du livre essaient de vulgariser la théorie du chaos, c’est passionnant à lire même si ça reste “light” pour les vrais mathématiciens. Le journaliste James Gleick, qui est spécialisé dans la vulgarisation scientifique et les rapports entre la science est la technologie a servi de source pour Jeff Goldblum sur la théorie du chaos. Michael Chrichton s’est inspiré des travaux d’Ivar Ekeland, un mathématicien français, pour le personnage de Malcolm dans Jurassic Park.
De l’ambre au dino, la vérité derrière la fiction
J’y pense, quelle magnifique idée Michael Crichton a eue en faisant trouver de l’ADN dans de l’ambre ! Une idée qui lui est venue sous la douche… ou alors inspirée par un entomologiste,George Poinar qui popularise cette idée dans son livre… Hé oui, les scientifiques ne lisent pas forcément beaucoup de science-fiction, mais les écrivains, eux, savent ou pomper les idées!!!
Des dinos sous speed qui apprennent à voler
Parlons dinosaures, parce que c’est quand même pour ça qu’on va voir Jurassic Park. D’abord les bonnes nouvelles… Si vous avez déjà vu des vieux films de dinosaures, vous aurez remarqué qu’ils sont lents, qu’ils vivent dans les marais et que c’est des sortes de monstres répugnants… Dans Jurassic Park, les dinos sont rapides, ils s’occupent de leurs petits et ils sont même intelligents ! Que s’est-il donc passé ? Tout simplement que les dinosaures ne sont plus considérés comme étant à sang froid comme les reptiles, mais à sang chaud comme les mammifères. Encore une fois, ce n’est pas une innovation de la science-fiction, mais une vraie théorie présentée par Bob Bakker en 1986, soit peu de temps avant que Crichton commence à écrire son livre… Ça reste une théorie, parce qu’à défaut d’avoir un dinosaure ou une machine à remonter le temps on ne peut le vérifier, mais c’est la logique qui la mène… En résumé, le sang-froid est incompatible avec la hauteur du Brachiosaure, des dinos ont été découverts dans des latitudes trop nordiques, le ratio prédateur/proie ne jouerait pas non plus, la vitesse de croissance est trop rapide et enfin, les dinosaures s’étant transformés en moineaux, ils ne peuvent qu’être à sang chaud ! Ces théories étaient connues à l’époque de Jurassic Park, le petit Tim cite même le livre de Bakker, deux fois !
Ca peut paraître bête de parler de ces points, pourtant, est-ce que madame Michu aurait appris ces théories autre part que dans un film à grand budget ? Aurait-elle lu le livre de Bakker ou ceux de Horner avant de s’endormir ? Non, absolument pas ! Donc on peut dire que Jurassic Park a eu son importance, relative il est vrai, difficilement mesurable, mais bien réelle.
Pour poursuivre sur les dinos, que je vous dise T-Rex, Raptor, brachiosaure et galliminus, il y a de fortes chances que les images qui vous viennent soient celles de Jurassic Park. Pourtant, tout n’est pas exact, loin de là, en partie de façon totalement consciente et d’autre fois non. Sur le T rex, pour commencer par le plus grand. Non, il ne courait pas à 40 kilomètres à l’heure comme dans le film, mais à 15… remarquez, c’est déjà assez vite pour que cela soit inquiétant !
Pendant qu’on y est, d’après vous, le rex ne voit-il vraiment que le mouvement ? Info ou intox ? Hé bien c’est un peu des deux. La plupart des prédateurs sont attirés par le mouvement et ont une vision très faible, on peut donc penser qu’il en était de même du rex. Ce que Grant ne vous dit pas, c’est que le rex avait certainement un odorat très développé, les cavités nasales dans son crâne semblent le prouver… Donc le meilleur conseil face à un rex, c’est bien de… courir !
L’autre star du film, c’est le vélociraptor, aussi appellé raptor. Là c’est un peu un mélange de science, de n’importe quoi et de découvertes. Quand Crichton écrivait son livre, le vélociraptor antirrhopus était accepté par certains scientifiques, mais son nom a ensuite été modifié en deinonychus… Problème, le livre est déjà fait et deinonychus est un nom vachement moins vendeur que le raptor, qui est, lui, trop petit pour être impressionnant au cinéma. Coup de chance, pendant le tournage, l’utahraptor fut découvert, pile avec le bon nom et la bonne taille !Stan Winston, qui travaillait pour les effets spéciaux de Jurassic Park a dit:”nous l’avons fait, puis ils l’ont découvert”… Sympa non ? Le raptor ne fait pas de pointes à 100 kilomètres-heure comme dans le film, mais une quarantaine selon les dernières estimations… largement assez vite pour nous tuer quand même… Les techniques de chasse dont le film s’est inspiré sont celles de singes comme le chimpanzé ou le babouin, qui ont une coordination impressionnante. On pense qu’ils chassaient en groupe parce qu’on a découvert les ossements de raptors en groupe et que leur petite taille comparée à leurs proies les y oblige. Même si on ne pourra jamais prouver ces théories elles restent les plus vraisemblables et inspirées de vraies études scientifiques sur les animaux contemporains.
Autre grosse erreur tout à fait consciente du film, c’est le dilophosaure, vous savez, le petit rigolo qui bouffe Denis Nedry ! On ne sait pas si ce dino était pourvu de venin, mais on est sûr qu’il pouvait faire jusqu’à deux mètres cinquante de haut, mais Spielberg ne voulait pas qu’on le confonde avec le raptor… De la science, mais surtout du cinéma dans ce choix…
Les bruits des dinos sont aussi assez farfelus, le brachiosaure ne pouvait certainement pas chanter comme dans le film… Ouais je sais, je casse les rêves, mais on est sur Podcastscience et pas sur podcastutopie !!!
Deux autres points rapides, celui de l’évolution des dinosaures en oiseaux et non en reptiles. Ce n’est pas du tout une nouveauté, Thomas Henry Huxley avait exposé cette théorie en 1864, il était un fervent défenseur de Darwin. Petite parenthèse qui n’a rien à voir, mais qui est marrante: L’évêque d’Oxford, Samuel Wilberforce, demande à Huxley s’il descend bien du singe par son grand-père ou par sa grand-mère (on voit le niveau intellectuel du truc), et Huxley répond: “je préférerais descendre d’un singe plutôt que d’un homme instruit qui utilise sa culture et son éloquence au service du préjugé et du mensonge”… Si je vous dis qu’il est l’inventeur du terme agnosticisme, vous ne serez pas étonnés… Enfin bref, c’était juste anecdote, un peu de culture ne fait pas de mal…
Autre point sur les dinos, vous le savez sans doute, les dernières théories veulent que les dinosaures aient été à plumes… Oui vous entendez bien, même le rex est censé avoir eu des plumes !Pour les raptors c’est même presque un fait établit par les pros, dans Jurassic Park 3 les raptors en ont quelques-unes, mais c’est plutôt des crêtes punk qu’un vrai plumage. Jurassic Park 4 devrait sortir début 2015, les paléontologues fustigent déjà le film, car il semblerait que les dinos ne soient pas à plume, c’est moins vendeur…
De l’inspiration et un chickenosaure
Mais alors, quelle a été l’influence de Jurassic Park ?
Sur l’imagination, énorme, dans l’inconscient collectif, les dinosaures sont exactement comme dans Jurassic Park, alors qu’au final c’est des théories, qui se tiennent bien sûr, mais des théories quand même, susceptibles d’évoluer dans le temps. Ce qu’il y a de tangible, c’est qu’à partir du premier film une fièvre dino s’est emparée de tout le monde, pensez, il y avait du fric à se faire ! Mais pas seulement… Le New York Times avait signalé une hausse du nombre d’inscriptions dans le secteur de la paléontologie dans ces années, dur à chiffrer précisément, mais certains élèves affirment avoir été séduits par le film. Malheureusement ils ont été rattrapés par la réalité, trop peu de postes intéressants, pas assez de moyens et des fouilles trop rares auront eu raison des moins motivés… Mais si ça se trouve, dans 10 ans, une nouvelle découverte sera faite par un paléontologue, il dira dans sa biographie qu’il a été inspiré par Jurassic Park et on aura la preuve qu’on peut être inspiré par un film !
Sachez, pour info, que Jack Horner travaille avec Hanz Larsson pour fabriquer un “chickenosaure”. Comme créer des dinos avec l’ADN semple impossible, pourquoi ne pas modifier un embryon de poulet, étape par étape, pour le faire ressembler à un dinosaure en le modifiant gène par gène ? De la science-fiction ? Oui, mais d’un coté pourquoi pas, réactiver des gènes dormants pour allonger la queue, développer ceux des bras, c’est théoriquement possible et même déjà fait dans une petite mesure…
Reste la vraie question de Jurassic Park, celle que Crichton aime poser, je vous cite ici Ian Malcolm dans le film: “à force de se demander comment ils ont oublié de se demander pourquoi, ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire”. Une vaste question d’éthique, un sujet passionnant sur lequel on pourrait disserter pendant des heures, même si à mon humble avis les scientifiques s’en foutent bien mal, la plupart font ces recherches en se disant que ce n’est pas à eux de se soucier de ça… Frankenstein, Jurassic Park, même combat et même conclusion vous ne trouvez pas ?
Des nanobots s’enfuient de l’EPFL de Lausanne
J’aurais dû vous parler du livre “la proie” du même auteur, qui cause des nanotechnologies. Le souci, c’est que comme pour Jurassic Park on est dans de l’extrapolation scientifique. Or, sur Jurassic Park, on a 20 ans de recul pour savoir ce qui est vérifié ou non. Ce n’est pas le cas des nanotechnologies sur lesquelles on sait finalement peu de choses, nous ne sommes clairement qu’au début de cette technologie dont les possibilités sont encore dures à cerner…
Petit meuh par contre (le meuh est l’équivalent au cocorico français, mais pour les suisses), son roman a été inspiré par des recherches menées à l’EPFL de Lausanne ! Ces recherches sont celles de la robotique évolutive qui sont menées dans le laboratoire de systèmes autonomes de l’EPFL. Michael Crichton s’est servi de ces recherches, les a couplées avec des nanorobots et a mis un peu de biologie dans le mélange… Rassurez-vous quand même un peu, les nanoparticules ne peuvent pas se regrouper en essaims denses et voyager, la résistance à l’air les en empêche, c’est l’EPFL qui le dit, ça doit donc être vrai…
J’avais cité cette phrase dans mon teasing “Il est difficile de trouver une métaphore parfaite en ce qui concerne ce sujet, mais on pourrait dire qu’il s’agira de la transformation de l’humanité en un cerveau unique distribué et interconnecté, assurant les voies de communication de base de la société, à travers lui s’exalteront la productivité et l’indépendance, leur offrant des opportunités bien plus grandes d’accomplir des dessins personnels…”. Elle est véridique, tirée du rapport NSF sur la convergence des technologies dédiées à l’amélioration des performances humaines. Les nanotech sont donc encore un domaine ou la SF et la science sont finalement très proches, à quelques années près c’est ou l’un ou l’autre…
Voilà pour Crichton…
D’Huhura à Mae
En trèèèès rapide, car le temps me manque, Star Trek a aussi inspiré quelques innovations technologiques. Comme pour les verniens, les trekkies voient parfois en Star Trek un mélange de prophétie et d’inspiration un peu extrême, mais je ne veux fâcher personne ! Le téléphone portable est inspiré du communicator, mais je dois avouer que je pense qu’il aurait été inventé même sans ça… Sérieux quoi, enlever le fil à un téléphone pour le rendre plus portable semble logique, on a vraiment besoin de star trek pour le savoir ? Bon, j’arrête le troll, je ne vais pas dire que la téléportation est quasi impossible, que le voyage plus rapide que la lumière est possible seulement grâce à des prises mal branchées et que non, on ne revient pas dans le temps en tournant à toute vitesse autour du soleil… mais quand même, on peut citer la belle inspiration qu’à représenté Star Trek pour Mae Jemison par exemple, première femme noire à être astronaute, elle a été dans l’espace grâce à la navette Endeaveour. Hé oui, à l’époque tristement pas si lointaine ou Mae faisait ses études, l’espace pour les femmes noires était réservé à la SF en la personne du lieutenant Uhura…
Bon, j’en ai presque fini, rassurez-vous, une petite conclusion et on pourra passer à autre chose…
Un avis subjectif sur la SF
Que retenir de la SF par rapport à la science ? Je vais vous donner mon avis, très subjectif…
Je vois la SF comme de l’inspiration pour les sciences, mais qui ne marche pas avec tout le monde. Je vous ai parlé de Jurassic Park d’un point de vue scientifique, et je fais partie de ceux qui ont appris ce qu’était une courbe de Gauss grâce au livre, qui ont lu un peu sur la théorie du chaos, j’ai même appris à polir et à photographier de l’ambre ! Je ne suis pas un scientifique, je ne ferai jamais de découverte, mais j’ai passé des heures passionnantes grâce au livre et à ce qu’il m’a appris sur la science.
Paradoxalement, d’autres personnes ne verront dans Jurassic Park qu’un film ou des dinosaures bouffent des gens, rien de plus.
Il faudrait aussi parler de la contribution de la science-fiction pour la dévalorisation de la religion en présentant la science et la technologie plutôt que Dieu comme solutions pour les problèmes de l’humanité… Heureusement que la SF est arrivée à une époque ou la religion avait moins d’influence, pas sûre qu’elle n’aurait pas voulu passer quelques écrivains au bucher ! Il faudrait aussi parler de l’influence des mangas style SF au Japon, de la facilité de la pénétration de la technologie dans nos vies grâce à la SF, de Google qui utilise nos données pour faire du précrime comme dans les livres de K. Dick, de l’imagerie du scientifique qui a beaucoup changé avec le temps ou encore du cyberpunk qui illustre très bien notre époque… mais je n’ai pas le temps !
Je suis aussi un peu triste qu’on ne prenne pas au sérieux certains avertissements de la SF sur la science et la technologie. En ça la SF me fait penser à l’histoire. En étudiant l’histoire, on peut en dégager des leçons, des codes à suivre ou des concepts à éviter, pourtant l’homme fait sans arrêt les mêmes erreurs… La SF, sans la prendre trop au sérieux, pose aussi de très bonnes questions, on les ignore totalement et on va peut être finir par y répondre on se cassant la tête dessus…
Selon le rapport “les Européens, la science et la technologie”, deux tiers des Européens s’estiment mal informés sur la technologie alors que 45% d’entre eux affirment y être intéressé. Où veulent-ils être informés ? À la TV… rageant non ? Surtout quand on sait que seuls 11.3% d’entre eux se déplacent au musée des sciences et des technologies… Selon le même rapport, 59.5% des jeunes trouvent qu’une carrière scientifique manque d’attrait, en partie à cause de la difficulté des formations et de l’autre pour les perspectives de carrières douteuses…
Je suis certain que la SF a son rôle à jouer dans l’inspiration des jeunes générations, encore faudrait-il leur servir autre chose que des films débiles et sans fond… De grands scientifiques comme Stephen Hawking ont été influencé par la SF, il a même joué dans un épisode de Star Trek, gageons que ça se reproduise !
Donc deux conseils et je termine, le premier, évident, intéressez-vous à la SF, lisez et regardez des films, vous aurez du plaisir ! Et ensuite, comme d’habitude, allez plus loin que le livre, intéressez-vous au sujet, on dispose de l’outil le plus merveilleux jamais créé, internet, qui vous permet d’avoir une base de connaissance énorme, utilisez le, pas seulement pour voir des vidéos de chats débiles, mais aussi pour apprendre…
Voilà voilà, maintenant la chose la plus importante, que pensez-vous de tout ça ?
Sources:
- Jules Verne et l’astronomie, Jacques Croisier
- Jules Verne, de la science à l’imaginaire, document extrêmement complet
- Podcast audio sur Jules Verne et la science, interview de Marc Atallah
- Le tour de Jules Verne en 70 minutes, débat avec Ray Bradbury
- Reportage de science et vie sur Jurassic Park sur YouTube
- Livre pdf “le singe carnivore: la chasse chez les primates non humains“
- Reportage vidéo de Ridley Scott sur Isaac Asimov
- Reportage sur l’univers de Star Trek et son influence sur la science
Jonathan Maitrot
On 05.09.2013
http://www.podcastscience.fm/dossiers/2013/09/05/podcastscience-142-science-et-fiction-aux-frontieres-des-deux-mondes/?utm_source=feedly
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