Malgré la focalisation médiatique autour de l'exploration de Mars, favorisée par des fantasmes anciens autour de la planète rouge, les missions spatiales sont très variées. Du projet de capture d'astéroïdes au Google Lunar Express, il y en a pour tous les goûts.
Mars, en termes de communication, l’emporte sur les autres missions spatiales mais seulement dans les médias. Il est vrai qu’en ce moment la planète rouge fait beaucoup parler d’elle car la mission Curiosity est récente et cet outil est certainement le plus productif qui soit à l’heure actuelle. Ce ne sont pas moins de 80 kilos de science qui se trouvent à son bord. Les données parviennent aux scientifiques répartis dans le monde à un volume tel qu’ils ont accumulé du retard dans l’analyse. Grâce à cet afflux, de nouvelles découvertes sont régulièrement diffusées, ce qui peut créer une impression de sur-médiatisation.
Les autres missions spatiales se poursuivent en parallèle, plus discrètement. Dans l’ensemble elles sont moins récentes, et l’essentiel des données a déjà été analysé. Mais ces missions sont toujours en cours, pour la plupart « en extension ». Les équipes en charge de les suivre sont réduites car l’activité est moindre. La sonde Cassini, qui tourne autour de Saturne, est l’exemple typique ce ces extensions : au vu de son bon fonctionnement une fois le délai initial de la mission écoulé, les scientifiques ont continué d’analyser ses données. Cette sonde n’est pas la seule dans cette situation : Messenger autour de Mercure, Magellan autour de Vénus, trois autres autour de Mars ; Voyager 1 et Voyager 2 sont en train de sortir du système solaire… Les missions spatiales sont comme des carrières professionnelles, elles ont des pics d’activité et de succès. Mars est exactement dans cette période.
Mais les missions spatiales ne se contentent pas d’explorer les planètes. Les Japonais de la mission Hayabusa ont par exemple ramené sur terre des poussières d’astéroïde. Cette mission a été un « Apollo 13 robotique » : les complications ont été nombreuses, et les scientifiques ont fait des miracles pour ramener la sonde vers la Terre. A très long terme, une autre mission a l’ambition de capturer un astéroïde pour le ramener près de notre planète. Un équipage de trois à quatre personnes s’amarrera ensuite pour en prélever un morceau.
Pour leur part, les initiatives privées de l’exploration spatiale rencontrent pour l’instant des problèmes d’argent. Le Google Lunar Express offre un prix de plusieurs millions de dollars à la première équipe privée qui parviendra à poser un engin sur la Lune, à la stricte condition qu’aucun financement gouvernemental n’intervienne. La sphère privée prend son essor lentement : l’étape la plus immédiate est la Lune, Mars relève encore de la fiction, sans parler de Jupiter et Saturne.
En 2014, l’Europe va mettre la sonde Roseta en orbite autour d’une comète, et on va même y poser un atterrisseur baptisé Sinaé. En 2015, la sonde américaine New Horizons va pour la première fois survoler Pluton. Pour la petite histoire, Pluton était considérée comme la planète la plus éloignée du système solaire au moment du lancement en janvier 2006. En août de la même année, l’Union astronomique internationale a requalifié Pluton dans les planètes naines. Le chef de la mission, Alan Stern, a fait remarquer avec humour que s’il avait demandé un budget au Congrès américain pour envoyer une sonde vers une planète naine, il n’aurait jamais obtenu eu les fonds nécessaires. Le survol de Pluton devrait se faire en juillet 2015.
Les Chinois, eux, vont se poser sur la Lune fin 2013 avec une sonde et un Rover de 120 kilos. C’est également l’intention des Indiens, qui comptent aussi envoyer des sondes vers Mars. La sonde Juno tournera autour de Jupiter, mais il faut savoir qu’une autre est déjà partie, Galileo, qui devrait arriver en août 2016. Des projets sont dessinés en ce moment pour retourner vers Saturne, et explorer ses lunes, Titan (son cycle de l’éthane et du méthane ressemble à celui de l’eau sur terre) et Encelade (ses geysers d’eau laissent supposer un océan sous sa couche de glace). On envisage aussi de se rendre sur Europe, lune de Jupiter. Elle est blanche, recouverte de banquise, et laisse penser qu’un océan se trouve en-dessous. Ces missions extrêmement variées montrent bien que Mars n’est pas la seule préoccupation des scientifiques.
Olivier Sanguy
Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef d’Enjoy Space, le site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.
Publié le 30 septembre 2013
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/pas-que-mars-dans-espace-ces-autres-missions-dont-on-entend-jamais-parler-olivier-sanguy-856029.html#iszHY5mLwwyVGkIG.99
"Les Japonais de la mission Hayabusa ont ramené sur terre des poussières d’astéroïde." |
Mars, en termes de communication, l’emporte sur les autres missions spatiales mais seulement dans les médias. Il est vrai qu’en ce moment la planète rouge fait beaucoup parler d’elle car la mission Curiosity est récente et cet outil est certainement le plus productif qui soit à l’heure actuelle. Ce ne sont pas moins de 80 kilos de science qui se trouvent à son bord. Les données parviennent aux scientifiques répartis dans le monde à un volume tel qu’ils ont accumulé du retard dans l’analyse. Grâce à cet afflux, de nouvelles découvertes sont régulièrement diffusées, ce qui peut créer une impression de sur-médiatisation.
Les autres missions spatiales se poursuivent en parallèle, plus discrètement. Dans l’ensemble elles sont moins récentes, et l’essentiel des données a déjà été analysé. Mais ces missions sont toujours en cours, pour la plupart « en extension ». Les équipes en charge de les suivre sont réduites car l’activité est moindre. La sonde Cassini, qui tourne autour de Saturne, est l’exemple typique ce ces extensions : au vu de son bon fonctionnement une fois le délai initial de la mission écoulé, les scientifiques ont continué d’analyser ses données. Cette sonde n’est pas la seule dans cette situation : Messenger autour de Mercure, Magellan autour de Vénus, trois autres autour de Mars ; Voyager 1 et Voyager 2 sont en train de sortir du système solaire… Les missions spatiales sont comme des carrières professionnelles, elles ont des pics d’activité et de succès. Mars est exactement dans cette période.
Mais les missions spatiales ne se contentent pas d’explorer les planètes. Les Japonais de la mission Hayabusa ont par exemple ramené sur terre des poussières d’astéroïde. Cette mission a été un « Apollo 13 robotique » : les complications ont été nombreuses, et les scientifiques ont fait des miracles pour ramener la sonde vers la Terre. A très long terme, une autre mission a l’ambition de capturer un astéroïde pour le ramener près de notre planète. Un équipage de trois à quatre personnes s’amarrera ensuite pour en prélever un morceau.
Pour leur part, les initiatives privées de l’exploration spatiale rencontrent pour l’instant des problèmes d’argent. Le Google Lunar Express offre un prix de plusieurs millions de dollars à la première équipe privée qui parviendra à poser un engin sur la Lune, à la stricte condition qu’aucun financement gouvernemental n’intervienne. La sphère privée prend son essor lentement : l’étape la plus immédiate est la Lune, Mars relève encore de la fiction, sans parler de Jupiter et Saturne.
En 2014, l’Europe va mettre la sonde Roseta en orbite autour d’une comète, et on va même y poser un atterrisseur baptisé Sinaé. En 2015, la sonde américaine New Horizons va pour la première fois survoler Pluton. Pour la petite histoire, Pluton était considérée comme la planète la plus éloignée du système solaire au moment du lancement en janvier 2006. En août de la même année, l’Union astronomique internationale a requalifié Pluton dans les planètes naines. Le chef de la mission, Alan Stern, a fait remarquer avec humour que s’il avait demandé un budget au Congrès américain pour envoyer une sonde vers une planète naine, il n’aurait jamais obtenu eu les fonds nécessaires. Le survol de Pluton devrait se faire en juillet 2015.
Les Chinois, eux, vont se poser sur la Lune fin 2013 avec une sonde et un Rover de 120 kilos. C’est également l’intention des Indiens, qui comptent aussi envoyer des sondes vers Mars. La sonde Juno tournera autour de Jupiter, mais il faut savoir qu’une autre est déjà partie, Galileo, qui devrait arriver en août 2016. Des projets sont dessinés en ce moment pour retourner vers Saturne, et explorer ses lunes, Titan (son cycle de l’éthane et du méthane ressemble à celui de l’eau sur terre) et Encelade (ses geysers d’eau laissent supposer un océan sous sa couche de glace). On envisage aussi de se rendre sur Europe, lune de Jupiter. Elle est blanche, recouverte de banquise, et laisse penser qu’un océan se trouve en-dessous. Ces missions extrêmement variées montrent bien que Mars n’est pas la seule préoccupation des scientifiques.
Olivier Sanguy
Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef d’Enjoy Space, le site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.
Publié le 30 septembre 2013
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/pas-que-mars-dans-espace-ces-autres-missions-dont-on-entend-jamais-parler-olivier-sanguy-856029.html#iszHY5mLwwyVGkIG.99
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire