Alors que l'Administration Obama a fixé pour objectif que les Etats-Unis aient la plus grande proportion de diplômés au monde d'ici à 2020, plusieurs études mettent en évidence une perte de confiance dans l'avenir de l'enseignement supérieur américain. Une enquête du Chronicle of Higher Education [1] montre par exemple que presque deux tiers des présidents d'universités interrogés pensent que ces objectifs sont hors de portée.
Lorsqu'on parle de performance globale, il faut toujours garder à l'esprit que le système universitaire américain est très hétérogène. Cohabitent en effet des types d'établissements très différents par la nature des diplômes décernés, par l'importance de la recherche, par leur mode de financement, leur gouvernance ou encore par les modes d'admission, ce qui fait que pour poursuivre les objectifs mis en avant par le président Obama, l'effort à fournir ne sera donc pas le même pour tous les types d'établissements.
Atteindre un plus grand nombre de diplômés signifie notamment qu'il faudra donner accès à l'enseignement supérieur à de nouveaux profils d'étudiants: personnes à faibles revenus, issus de familles n'ayant pas poursuivi d'études supérieures, minorités, etc. Certaines universités pourraient aussi avoir à repenser largement leur système d'enseignement pour atteindre des objectifs académiques et financiers plus ambitieux: mise en place de cours en ligne, organisation plus flexible du cycle d'études avant l'obtention du diplôme, mise en place d'un Bachelor en trois ans comme cela se fait déjà sur certains campus au lieu de quatre. Tout cela au moment où le débat fait rage aux Etats-Unis sur la justification du coût des études et sur la réalité de l'apprentissage qui s'effectue, domaine par domaine, cursus par cursus sur les campus [2].
Lorsqu'on parle de performance globale, il faut toujours garder à l'esprit que le système universitaire américain est très hétérogène. Cohabitent en effet des types d'établissements très différents par la nature des diplômes décernés, par l'importance de la recherche, par leur mode de financement, leur gouvernance ou encore par les modes d'admission, ce qui fait que pour poursuivre les objectifs mis en avant par le président Obama, l'effort à fournir ne sera donc pas le même pour tous les types d'établissements.
Atteindre un plus grand nombre de diplômés signifie notamment qu'il faudra donner accès à l'enseignement supérieur à de nouveaux profils d'étudiants: personnes à faibles revenus, issus de familles n'ayant pas poursuivi d'études supérieures, minorités, etc. Certaines universités pourraient aussi avoir à repenser largement leur système d'enseignement pour atteindre des objectifs académiques et financiers plus ambitieux: mise en place de cours en ligne, organisation plus flexible du cycle d'études avant l'obtention du diplôme, mise en place d'un Bachelor en trois ans comme cela se fait déjà sur certains campus au lieu de quatre. Tout cela au moment où le débat fait rage aux Etats-Unis sur la justification du coût des études et sur la réalité de l'apprentissage qui s'effectue, domaine par domaine, cursus par cursus sur les campus [2].
En marge du débat sur le nombre d'étudiants et de futurs diplômés, les présidents d'universités s'inquiètent aujourd'hui de la qualité de l'enseignement dispensé dans leurs établissements, à l'aune d'indicateurs tant externes qu'internes. La notation, tout d'abord, puisque 27% des présidents interrogés affirment que leurs professeurs sont trop indulgents. Plus de la moitié indiquent également que les étudiants passent moins de temps à étudier qu'il y a 10 ans. Malgré les différentes méthodes externes de références de mesure de la qualité (National Survey of Student Engagement - études sur l'engagement des étudiants, Collegiate Learning Assessments - acquisition des connaissances, taux d'obtention du diplôme, accréditations...) les présidents ne semblent pas considérer qu'il y ait de tests ou études permettant de mesurer la qualité de leur établissement de manière efficace, encore moins de manière séparée. Doit-on plutôt mesurer l'acquisition de connaissances ou bien les perspectives d'entrée sur le marché du travail à l'aide de salaires moyens au premier emploi, taux de chômage... La question du rapport au marché du travail fait débat. L'enseignement doit-il être professionnalisant, et à quel point ?
Comment atteindre les objectifs quantitatifs du président Obama ? Une partie de la réponse est financière. Poursuivre des études supérieures aux Etats-Unis constitue un investissement important, en temps, en travail intellectuel mais aussi sur un plan financier, même si cet investissement varie très largement selon le type d'établissement considéré. La question du niveau des frais d'inscription fait l'objet d'âpres débats au sein même de la communauté universitaire. Ainsi 42% des présidents d'universités (quatre ans d'études ou plus) interrogés estiment que la plupart des Américains peuvent assumer les frais universitaires, et la majorité d'entre eux pensent que les coûts de scolarité devraient d'ailleurs être complétement assumés par les étudiants dans la mesure où il s'agit d'un investissement dont la rentabilité pour l'étudiant et sa famille resterait élevée. En revanche, presque deux tiers des présidents de community-colleges considèrent que les frais de scolarité des universités américaines sont démesurés et réduisent l'accès à l'éducation supérieure pour des jeunes issus de pans entiers de la société américaine. Du coté des jeunes non-inscrits à l'université, l'explication principale avancée est également financière.
Il est vrai aussi, tous s'accordent sur ce point, qu'il est aujourd'hui difficile de comprendre ce que couvrent les frais de scolarité et comment sont dépensés les fonds . Même si de nombreux systèmes de bourses et prêts sont offerts aux étudiants, il n'en reste pas moins que les frais d'inscription universitaires ont augmenté de 50% ces dix dernières années, alors que les revenus des ménages, eux, sont restés assez stables entre 2000 et 2009 (approximativement 50,000.00 USD annuel).
C'est aussi pourquoi une partie des étudiants se tournent désormais vers des établissements plus abordables tels que les community-colleges, institutions publiques de deux ans, permettant ainsi d'économiser sur les deux premières années à l'université, qui reçoivent depuis quelques années un nombre de candidats record contribuant largement au fait que les inscriptions dans les établissements d'enseignement supérieur n'ont jamais été aussi importantes, les jeunes américains restant dans leur majorité persuadés que leur salut passe par l'enseignement supérieur. En effet, et même si un quart des diplômés (Bac+4) ayant des revenus annuels inférieurs à 50.000 USD comparent aujourd'hui leur diplôme à une " mauvaise affaire " et que le tiers des diplômés interrogés déclarent que leur emploi actuel ne nécessite pas de diplôme, les résultats de l'étude [3] révèlent que 84% des diplômés bac+2 et bac+4 (2-year et 4-year college graduates) considèrent leur diplôme comme un bon " investissement ". Presque tous espèrent que leurs enfants poursuivront des études supérieures.
Alors que le coût des études supérieures est perçu comme trop élevé, de nombreux établissements affrontent des difficultés financières qui augurent mal de la capacité du système dans son ensemble à accueillir un nombre croissant d'étudiants comme le souhaiterait le président Obama. Bien sûr, ne sont que très peu concernés les établissements réputés, qui peuvent augmenter leurs frais d'inscription et de scolarité ou accéder à leurs fonds propres (donations, etc.) en cas de besoin. Les établissements moins réputés (2-year, et 4-year colleges moins sélectifs) sont dans une situation plus précaire. Parmi eux, les établissements publics doivent faire face à une diminution du soutien des Etats fédérés, alors que les établissements privés (dépendant principalement des frais de scolarité) doivent pour leur part faire face à un public étudiant " lassé " de payer toujours plus. Certains établissements, confrontés à des réductions budgétaires importantes alors même que leurs frais de scolarité n'augmentent pas, doivent diminuer drastiquement leurs dépenses et renoncer à des dépenses non " essentielles ".
Afin de faire face à cette situation tout en restant attractives pour les étudiants potentiels, certaines universités ont décidé de réagir en mettant en place des Bachelors degree en 3 ans offrant ainsi aux étudiants la possibilité d'obtenir un diplôme et de rejoindre le marché du travail plus rapidement, réduisant à la fois le coût des études et le temps passé hors du marché du travail.
En pratique, la mise en place de ce dispositif consiste en une réorganisation du calendrier académique ; les années sont chargées : 36 mois pour amasser 120 credit hours. Bien que plus économique, ce système a ses imperfections : le travail académique est plus intense et l'étudiant bénéficie de moins de temps pour s'investir dans des activités associatives et sportives qui constituent une part importante, y compris en terme d'ouverture d'esprit, de l'expérience étudiante. Il laisse également peu de temps à l'étudiant pour avoir une activité professionnelle, et semble peu adaptée aux plus modestes qui, contrairement aux jeunes de la classe moyenne, ne peuvent se permettre de ne pas travailler. Par ailleurs, ce dispositif en trois ans est moins flexible dans la mesure où une réorientation en cours d'études devient plus difficile, voire impossible, comme l'est la participation à un programme d'échange à l'étranger. Les options sont donc plus limitées.
Plusieurs institutions proposent déjà ce cursus en trois ans : l'Université de Caroline du Nord à Greensboro, American University (Washington DC), Manchester College (Indiana) et quelques autres. Le nombre d'inscrits dans ces cursus reste néanmoins faible. Bates College (Maine) et Judson College (Alabama) offrent un cursus en trois depuis les années 60 déjà. Au cours des 13 dernières années, environ 100 étudiants ont obtenu un Bachelor, après trois années d'études, décerné par Judson College. Par ailleurs, il est important de rappeler que de plus en plus d'étudiants entrent à l'université avec un nombre de crédits déjà acquis par le biais des programmes " Advanced Placement ou des Baccalauréats Internationaux permettant aux étudiants d'être diplômés plus rapidement.
Au total, il apparait donc que les différentes composantes traditionnelles de l'enseignement supérieur américain sont à la peine au regard des objectifs ambitieux mis en avant par le président Obama.
Reste alors le cas des établissements à but lucratifs, plus chers que les community colleges mais plus abordables que les universités privées traditionnelles. Concentrés sur le créneau des études professionnalisantes et ouverts aux populations dites non traditionnelles (personnes disposant d'un emploi et étudiant à temps partiel, immigrants, etc.) ces établissements offrent paradoxalement un élément de réponse au défi du président Obama, au moment même où le gouvernement américain renforce sa surveillance de ce secteur à la suite de nombreux rapports dénonçant les dérives de certains de leurs membres [4] [5]. Ces établissements, d'après un récent rapport [6], s'avèreraient être en effet un très bon investissement aussi bien pour le contribuable (que paie le contribuable ou plutôt est-ce une façon de dire que ça évite au contribuable de payer puisque c'est l'étudiant qui paie ?)que pour les étudiants. En moins de dix ans après l'obtention de leur diplôme, les étudiants des établissements à but lucratif auraient des salaires comparables ou supérieurs à ceux d'étudiants diplômés d'établissements privés et publiques sélectifs. Même s'il faut être prudent dans la comparaison, les métiers auxquels ces établissements forment représentant une partie plus étroite du marché du travail, l'apport de ces établissements apparaît intéressant du point de vue des finances publiques, tout particulièrement en cette période de crise budgétaire fédérale et fédérée. Alors que le coût annuel net d'un bachelor supporté par le contribuable pour un étudiant à plein temps est de presque 8.000 USD pour des établissements publics, non ou peu sélectifs, et de presque 1.000 USD pour les établissements non ou peu sélectifs privés, le contribuable connaît un gain de presque 800 USD par an pour les étudiants des for profit. Les contribuables investissent par ailleurs beaucoup plus pour chaque bachelor délivré par les établissements les plus prestigieux, que pour les autres établissements.
24/06/2011
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