Pourquoi Apple, Facebook, Google, Twitter... ne sont pas européens.
Le gouvernement français vient d'interdire aux journalistes télé d'utiliser les noms de Twitter et de Facebook lorsqu'ils parlent des réseaux sociaux en général, car cela ferait de la publicité gratuite à ces entreprises et les avantagerait injustement. Ce n'est pourtant pas demain la veille que la concurrence européenne pourra réellement menacer les géants des médias sociaux.
Selon Bloomberg, seules 7 des 100 entreprises technologiques les plus performantes du monde ont leur siège en Europe. Pourquoi l'Europe est-elle si mauvaise en termes de développement technologique?
Entre autres, à cause de l'hétérogénéité. Les décideurs européens ont œuvré pendant des décennies pour que l'Europe devienne ce qui est sans doute la première économie du monde. Mais du point de vue d'une jeune entreprise technologique, elle correspond toujours à 27 marchés différents. Ce qui signifie qu'un média social, s'il est norvégien par exemple, ne pourra tabler que sur 5 millions d'utilisateurs potentiels – soit en gros la population de l'Alabama – avant d’être adapté pour conquérir d'autres langages et cultures. Il aura certainement besoin d'une nouvelle interface, d'une stratégie commerciale différente, et peut-être même d'aller chercher d'autres annonceurs, sans parler des difficultés qu'il y a à se retrouver face à de nouvelles législations, et des systèmes de taxations multiples. Une situation qui, en elle-même, génère des entreprises plus petites dominant des marchés nationaux, contrairement aux mastodontes qui règnent sur les États-Unis et l'Asie. Pour être honnête, l'Europe a déjà vu naître quelques géants, tels que SAP, qui fournit des systèmes de gestion et de maintenance à des entreprises du monde entier. Mais le rendement technologique européen est sans commune mesure avec l'état de son développement économique général.
La diversité n'est pas le seul problème. Les entrepreneurs technologiques nés en Europe, et qui ont levé l'ancre pour aller s'installer dans le Nouveau Monde, justifient leur déménagement par diverses raisons. L'attrait de la Silicon Valley est incomparable, car elle offre un important réservoir de talents, à proximité d'infrastructures ou cabinets de conseil, nécessaires aux entreprises technologiques débutantes. Mais plus fondamentalement, c'est aussi dans la «Valley» qu'on trouve l'argent. Les patrons de startups en Californie du Nord peuvent passer des semaines en réunion avec des «business-angels» (investisseurs) sans jamais avoir à prendre un seul avion. Des régions asiatiques, comme les secteurs de Singapour, Taïwan ou Bangalore, concentrent aussi du capital humain et financier sur des zones limitées. Malgré ce qu'on peut entendre sur la Bavière, ou l’Irlande, l'Europe ne possède rien qui ressemble à la Silicon Valley.
Les partisans du libre-échange condamnent aussi les législations du travail strictes qui s'appliquent dans certaines régions européennes. Dans des pays tels la France ou l'Allemagne, il arrive que l'embauche et le licenciement d'employés soient des processus très compliqués, qui rendent une expansion rapide à la fois difficile et risquée. Selon certains, le problème est d'autant plus critique dans le secteur technologique, où la mobilité des emplois est importante, et la concurrence rapidement féroce.
Le fossé technologique qui sépare l'Europe des États-Unis n'a rien de nouveau. En 1967, un article du Time montrait combien les dirigeants d'Europe Occidentale se lamentaient sur l'état de l'innovation dans leurs pays. Si la plupart des produits «modernes»mentionnés dans l'article sont aussi archaïques – comme le café soluble ou le lait concentré – on y décelait déjà les germes de l'actuel déficit technologique européen. Les Européens des années 1960 s'en remettaient à des machines à écrire et des télécopieurs américains, tandis que les trois-quarts de leurs ordinateurs étaient construits aux États-Unis. ...
Brian Palmer
slate.fr
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Selon Bloomberg, seules 7 des 100 entreprises technologiques les plus performantes du monde ont leur siège en Europe. Pourquoi l'Europe est-elle si mauvaise en termes de développement technologique?
Entre autres, à cause de l'hétérogénéité. Les décideurs européens ont œuvré pendant des décennies pour que l'Europe devienne ce qui est sans doute la première économie du monde. Mais du point de vue d'une jeune entreprise technologique, elle correspond toujours à 27 marchés différents. Ce qui signifie qu'un média social, s'il est norvégien par exemple, ne pourra tabler que sur 5 millions d'utilisateurs potentiels – soit en gros la population de l'Alabama – avant d’être adapté pour conquérir d'autres langages et cultures. Il aura certainement besoin d'une nouvelle interface, d'une stratégie commerciale différente, et peut-être même d'aller chercher d'autres annonceurs, sans parler des difficultés qu'il y a à se retrouver face à de nouvelles législations, et des systèmes de taxations multiples. Une situation qui, en elle-même, génère des entreprises plus petites dominant des marchés nationaux, contrairement aux mastodontes qui règnent sur les États-Unis et l'Asie. Pour être honnête, l'Europe a déjà vu naître quelques géants, tels que SAP, qui fournit des systèmes de gestion et de maintenance à des entreprises du monde entier. Mais le rendement technologique européen est sans commune mesure avec l'état de son développement économique général.
La diversité n'est pas le seul problème. Les entrepreneurs technologiques nés en Europe, et qui ont levé l'ancre pour aller s'installer dans le Nouveau Monde, justifient leur déménagement par diverses raisons. L'attrait de la Silicon Valley est incomparable, car elle offre un important réservoir de talents, à proximité d'infrastructures ou cabinets de conseil, nécessaires aux entreprises technologiques débutantes. Mais plus fondamentalement, c'est aussi dans la «Valley» qu'on trouve l'argent. Les patrons de startups en Californie du Nord peuvent passer des semaines en réunion avec des «business-angels» (investisseurs) sans jamais avoir à prendre un seul avion. Des régions asiatiques, comme les secteurs de Singapour, Taïwan ou Bangalore, concentrent aussi du capital humain et financier sur des zones limitées. Malgré ce qu'on peut entendre sur la Bavière, ou l’Irlande, l'Europe ne possède rien qui ressemble à la Silicon Valley.
Les partisans du libre-échange condamnent aussi les législations du travail strictes qui s'appliquent dans certaines régions européennes. Dans des pays tels la France ou l'Allemagne, il arrive que l'embauche et le licenciement d'employés soient des processus très compliqués, qui rendent une expansion rapide à la fois difficile et risquée. Selon certains, le problème est d'autant plus critique dans le secteur technologique, où la mobilité des emplois est importante, et la concurrence rapidement féroce.
Le fossé technologique qui sépare l'Europe des États-Unis n'a rien de nouveau. En 1967, un article du Time montrait combien les dirigeants d'Europe Occidentale se lamentaient sur l'état de l'innovation dans leurs pays. Si la plupart des produits «modernes»mentionnés dans l'article sont aussi archaïques – comme le café soluble ou le lait concentré – on y décelait déjà les germes de l'actuel déficit technologique européen. Les Européens des années 1960 s'en remettaient à des machines à écrire et des télécopieurs américains, tandis que les trois-quarts de leurs ordinateurs étaient construits aux États-Unis. ...
Brian Palmer
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