Insécurité, mouvements sociaux, conflit libyen… L’économie de la Tunisie est mise à rude épreuve.
Jeune Afrique fait le point sur les dossiers chauds traités par le gouvernement provisoire.
Pour sa politique de relance, le gouvernement tunisien estime ses besoins sur les cinq prochaines années à 125 milliards de dollars. Un montant qui comprend une aide extérieure de 25 milliards de dollars dont le principe a été défendu par Béji Caïd Essebsi lors du G8 organisé en France en mai. Message entendu : 40 milliards de dollars devraient être débloqués au profit de l’Égypte et de la Tunisie sur la période 2011-2013. Reste maintenant à entériner cet accord de principe, sur la base de propositions concrètes qui seront examinées le 12 juillet à Bruxelles, lors d’une réunion regroupant les ministres des Finances et les ministres des Affaires étrangères du G8.
1. Satisfaire les attentes sociales
Face à l’urgence, le gouvernement entend créer 20 000 postes dans la fonction publique, et le secteur privé devrait en produire autant. L’État a en outre annoncé, fin février, la création d’un programme d’accompagnement des primo-demandeurs d’emploi diplômés de l’enseignement supérieur depuis moins d’un an, comprenant une allocation de 200 dinars (100 euros) par mois pendant une année et un suivi personnalisé. ...
2. Surmonter le conflit libyen
« La guerre en Libye est le plus grand accident qu’ait connu la Tunisie cette année », affirme Jacob Kolster. Le voisin est le deuxième partenaire économique du pays, derrière la France. L’enlisement du conflit pénalise fortement le rythme des exportations tunisiennes, et ce au plus mauvais moment. Industries mécaniques, phosphates, ciment, textile… Tous les secteurs sont touchés. Sur les quatre premiers mois de 2011, le commerce vers la Libye a chuté de 32 %. Une quarantaine de groupes tunisiens implantés de l’autre côté de la frontière, dont l’agro-industriel Poulina, sont concernés.
Sur le plan intérieur, les conséquences ne sont pas moins importantes : ce sont près de 2 millions de visiteurs libyens – et notamment les adeptes du tourisme médical – qui ne se rendront pas en Tunisie cette année. Sans parler des 80 000 réfugiés à gérer et du retour de près de 120 000 expatriés, désormais à la charge de leurs familles, notamment dans les régions les plus pauvres. ...
3. Désenclaver les régions
Jadis grenier de l’empire romain, le centre de la Tunisie fait aujourd’hui pâle figure. Ses habitants ont été les principales victimes de la politique de l’ex-président Ben Ali, qui ne leur consacrait que 20 % du budget de l’État. Routes défoncées ou inexistantes, hôpitaux à l’abandon, accès à l’eau potable non généralisé… Les gouvernorats de Kasserine, de Sidi Bouzid ou du Kef vivent une incurie permanente. ... Conscient du retard pris par les provinces intérieures et de l’exaspération de leurs habitants, le gouvernement provisoire a annoncé au printemps qu’il allait inverser dès cette année l’ancienne répartition des deniers publics. Mais à plus long terme, seule une décentralisation du pouvoir semble en mesure de changer les choses. ...
4. Relancer le secteur touristique
Insécurité, mouvements sociaux, conflit libyen et attentat de Marrakech… Rien n’aura été épargné cette année au secteur touristique tunisien. Les réservations seraient en repli de 60 % pour la saison estivale. ... L’industrie touristique tunisienne souffre d’une maladie chronique. Concentrée sur les activités balnéaires, elle n’a cessé, au cours des dernières années, de montrer ses limites en proposant une offre low cost. Incapable de se réformer, elle a vu sa rentabilité se dégrader, plaçant les hôteliers sous la coupe des voyagistes internationaux, toujours prompts à demander de plus fortes réductions. Diversifier l’offre en proposant des séjours à plus forte valeur ajoutée et intégrer une dimension culturelle aux circuits touristiques sont devenus des priorités. Un chantier dont les premiers effets sont espérés dès 2012.
5. Rassurer les investisseurs
Secoué par l’onde de choc de la révolution, le pays n’a pas encore donné tous les gages de stabilité attendus par les entreprises étrangères en quête de nouvelles opportunités. Sur les quatre premiers mois de 2011, les investissements directs étrangers ont enregistré une chute sans précédent de 24,5 % par rapport à la même période l’an passé, alors que les entreprises étrangères emploient plus de 300 000 salariés. Mais pour les dirigeants tunisiens, la situation n’est que transitoire. ...
6. Renflouer les caisses de l’État
Ralentissement économique, cadeaux fiscaux, embauches dans la fonction publique… Le budget de l’État est mis à rude épreuve. ...
7. Reconnecter les banques
Avec environ 20,5 milliards de dollars d’actifs en 2010, les principales banques tunisiennes sont loin derrière leurs consœurs égyptiennes (137 milliards) et marocaines (102 milliards). Le secteur est de plus très atomisé, avec 21 établissements, quand le Maroc en compte 25 pour une population trois fois supérieure. ...
21/06/2011 à 16h:51 Par Julien Clémençot
jeuneafrique.com
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