«En
tant qu’observateur électoral, je ne peux pas intervenir, même si je constate
des mensonges ou des falsifications, déclare Heinz Rudolf von Rohr. Nous sommes
des observateurs et notre tâche se limite à collecter un maximum
d’informations.»
Celles-ci sont adressées au quartier général de la mission d’observation. «Le ‘Core Team’ évalue ces renseignements, qui nous sont ensuite retournées. Nous pouvons ainsi savoir si quelque chose d'extraordinaire s'est passé dans une province et nécessite notre intervention, si ceci a eu lieu dans notre périmètre.»
Le Core Team est aussi responsable des contacts avec le gouvernement, les différents ministères, la police secrète, la police et la commission électorale centrale.
Celles-ci sont adressées au quartier général de la mission d’observation. «Le ‘Core Team’ évalue ces renseignements, qui nous sont ensuite retournées. Nous pouvons ainsi savoir si quelque chose d'extraordinaire s'est passé dans une province et nécessite notre intervention, si ceci a eu lieu dans notre périmètre.»
Le Core Team est aussi responsable des contacts avec le gouvernement, les différents ministères, la police secrète, la police et la commission électorale centrale.
Des couacs en Suisse aussi
Les
observateurs électoraux peuvent relever des irrégularités, mais pas «dire que
ceci n'est pas régulier, ou qu’il faut changer cela».
En Suisse non plus, on n'aime pas la critique. «Il y a quatre ans, lors des dernières élections fédérales, une mission d'observation de l’OSCE s’est trouvée pour la première fois en Suisse, raconte Heinz Rudolf von Rohr. Les observateurs ont immédiatement relevé qu'ici, il n’y a aucune transparence sur le financement des partis politiques car ceux-ci ne sont pas tenus d’expliquer l’origine des fonds consacrés à leur campagne électorale.»
Le monde politique n’a pas caché son agacement face à cette critique. «Et pourtant, c’est une obligation légale dans la plupart des pays, y compris dans ceux dont on dit qu’ils n’ont pas encore atteint la démocratie. Mais nombre de nos hommes politiques ne veulent pas en entendre parler.»
Heinz Rudolf von Rohr de poursuivre: «Pour moi, c’est comme le secret bancaire. On sait très bien qu’il faudrait le revoir, mais on se refuse à le dire tout haut. C’est une question d’amour propre.»
En Suisse non plus, on n'aime pas la critique. «Il y a quatre ans, lors des dernières élections fédérales, une mission d'observation de l’OSCE s’est trouvée pour la première fois en Suisse, raconte Heinz Rudolf von Rohr. Les observateurs ont immédiatement relevé qu'ici, il n’y a aucune transparence sur le financement des partis politiques car ceux-ci ne sont pas tenus d’expliquer l’origine des fonds consacrés à leur campagne électorale.»
Le monde politique n’a pas caché son agacement face à cette critique. «Et pourtant, c’est une obligation légale dans la plupart des pays, y compris dans ceux dont on dit qu’ils n’ont pas encore atteint la démocratie. Mais nombre de nos hommes politiques ne veulent pas en entendre parler.»
Heinz Rudolf von Rohr de poursuivre: «Pour moi, c’est comme le secret bancaire. On sait très bien qu’il faudrait le revoir, mais on se refuse à le dire tout haut. C’est une question d’amour propre.»
Une question de bon sens
Si
les observateurs électoraux ne peuvent pas intervenir dans les affaires de
l'Etat dans lequel ils sont déployés, quel est donc le sens de leur
présence?
Heinz Rudolf von Rohr se souvient d'un incident en Ukraine, où il a observé toutes les élections depuis 2004: «Cette année-là, nous avons reçu un soir un appel téléphonique d'un citoyen. Il nous dit avoir entendu que, le lendemain, le responsable du bureau de vote et son adjoint devaient se rendre au bureau du gouverneur avec les tampons officiels».
Et pourtant, le gouverneur n’avait rien à voir avec les élections. Le lendemain matin, les observateurs se sont rendus donc au siège du gouverneur, mais celui-ci a tout fait pour se débarrasser d’eux. «Nous avons bataillé deux heures avec lui pour obtenir une explication. Ensuite, il est parti très énervé.»
Cette affaire visait à «fabriquer des bulletins de vote en blanc en grand nombre». «Nous étions en mesure de le prouver jusqu'au dernier détail. Mais comme d’autres fraudes avaient eu lieu dans d'autres circonscriptions, la cour suprême d'Ukraine a invalidé l'élection. Un nouveau tour de scrutin a eu lieu, il a été remporté par Viktor Iouchtchenko, et c’est ainsi que la Révolution orange a vaincu.»
Heinz Rudolf von Rohr se souvient d'un incident en Ukraine, où il a observé toutes les élections depuis 2004: «Cette année-là, nous avons reçu un soir un appel téléphonique d'un citoyen. Il nous dit avoir entendu que, le lendemain, le responsable du bureau de vote et son adjoint devaient se rendre au bureau du gouverneur avec les tampons officiels».
Et pourtant, le gouverneur n’avait rien à voir avec les élections. Le lendemain matin, les observateurs se sont rendus donc au siège du gouverneur, mais celui-ci a tout fait pour se débarrasser d’eux. «Nous avons bataillé deux heures avec lui pour obtenir une explication. Ensuite, il est parti très énervé.»
Cette affaire visait à «fabriquer des bulletins de vote en blanc en grand nombre». «Nous étions en mesure de le prouver jusqu'au dernier détail. Mais comme d’autres fraudes avaient eu lieu dans d'autres circonscriptions, la cour suprême d'Ukraine a invalidé l'élection. Un nouveau tour de scrutin a eu lieu, il a été remporté par Viktor Iouchtchenko, et c’est ainsi que la Révolution orange a vaincu.»
Les ex-pays communistes
«J’ai
remarqué que ces mécanismes se manifestent dans les pays de l’ex-Union
soviétique. Du temps des soviets, on voyait le Parti communiste engranger 90 ou
même 99% des suffrages», poursuit Heinz Rudolf von Rohr.
Aujourd'hui, ce ne sont «plus que» 70 à 80%. Et de citer l'exemple de la Géorgie, où le président Saakachwili a été élu à une forte majorité: «Quand on est dans le pays, on remarque que la population n’est pas contente. Mais l’idée prédomine chez les gens qu’il n’y a pas d’autre choix que de voter pour le parti au pouvoir. Et que si on ne le fait pas, on court le risque de perdre son emploi.»
Ainsi, avant les dernières élections, un chef de train régional a licencié «10 personnes qui étaient opposées au parti au pouvoir. Nous l’avons appris à l'occasion d'une visite dans un bureau de vote». Une semaine plus tard, il s’avère que les cheminots licenciés ont attaqué leur chef et l’ont battu. «Le lendemain, il les a tous réengagés.»
Dans les anciennes Républiques soviétiques, il était fréquent que les communes les plus fidèles à la ligne politique soient récompensées avec des moyens de production. C’est ainsi qu’en Géorgie, le village qui a voté pour le gouvernement avec le plus fort pourcentage des voix a reçu dix tracteurs. «On nous a montré ces tracteurs, il s'agissait d'un cadeau du président Saakachwili.»
Aujourd'hui, ce ne sont «plus que» 70 à 80%. Et de citer l'exemple de la Géorgie, où le président Saakachwili a été élu à une forte majorité: «Quand on est dans le pays, on remarque que la population n’est pas contente. Mais l’idée prédomine chez les gens qu’il n’y a pas d’autre choix que de voter pour le parti au pouvoir. Et que si on ne le fait pas, on court le risque de perdre son emploi.»
Ainsi, avant les dernières élections, un chef de train régional a licencié «10 personnes qui étaient opposées au parti au pouvoir. Nous l’avons appris à l'occasion d'une visite dans un bureau de vote». Une semaine plus tard, il s’avère que les cheminots licenciés ont attaqué leur chef et l’ont battu. «Le lendemain, il les a tous réengagés.»
Dans les anciennes Républiques soviétiques, il était fréquent que les communes les plus fidèles à la ligne politique soient récompensées avec des moyens de production. C’est ainsi qu’en Géorgie, le village qui a voté pour le gouvernement avec le plus fort pourcentage des voix a reçu dix tracteurs. «On nous a montré ces tracteurs, il s'agissait d'un cadeau du président Saakachwili.»
Expérience émouvante
Mais
les observateurs rencontrent aussi des situations réjouissantes. Heinz Rudolf
von Rohr l’a vécu en particulier en Namibie.
«Un jeune homme est arrivé au bureau de vote en portant son père infirme dans les bras. Il y avait un problème parce que le père avait besoin d’aide pour voter mais le fils ne pouvait l’accompagner dans l'isoloir. C’est donc moi qui y suis allé, et le vieil homme a rempli son bulletin. Il était certes analphabète, mais en Afrique, les bulletins de votes sont souvent imprimés avec des images ou des symboles. L’homme a donc tracé sa croix, et le fils l’a porté à nouveau jusque chez eux.»
Vingt minutes plus tard, le fils est revenu et nous a annoncé que son père était mort entretemps. Mais qu’il avait été heureux de pouvoir voter pour la première fois de sa vie.
«Quand je pense au nombre d’abstentionnistes qu’on a en Suisse, cela me chiffonne un peu», conclut Heinz Rudolf von Rohr.
«Un jeune homme est arrivé au bureau de vote en portant son père infirme dans les bras. Il y avait un problème parce que le père avait besoin d’aide pour voter mais le fils ne pouvait l’accompagner dans l'isoloir. C’est donc moi qui y suis allé, et le vieil homme a rempli son bulletin. Il était certes analphabète, mais en Afrique, les bulletins de votes sont souvent imprimés avec des images ou des symboles. L’homme a donc tracé sa croix, et le fils l’a porté à nouveau jusque chez eux.»
Vingt minutes plus tard, le fils est revenu et nous a annoncé que son père était mort entretemps. Mais qu’il avait été heureux de pouvoir voter pour la première fois de sa vie.
«Quand je pense au nombre d’abstentionnistes qu’on a en Suisse, cela me chiffonne un peu», conclut Heinz Rudolf von Rohr.
Etienne Strebel, swissinfo.ch
(Traduction de l’allemand: Isabelle Eichenberger)
(Traduction de l’allemand: Isabelle Eichenberger)
30. juillet 2011 - 15:00
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire