jeudi 1 septembre 2011

La collectivité et le numérique

La collectivité est contrainte de relier son capital humain et social à l’immatériel.


 
Le numérique assigne un rôle aux collectivités locales et aux nouveaux environnements territoriaux qui y joueront demain leur attractivité et leur compétitivité : un des grands enjeux sera bien celui des nouveaux rapports entre les entreprises et les territoires où les uns et les autres auront à œuvrer ensemble pour créer des marchés, mais aussi, donner à connaitre ou à comprendre.

Travailler demain, c’est savoir utiliser les outils les plus pertinents pour avoir accès aux informations rendues disponibles par le territoire (open data), par les entreprises, au travers d’une approche collective reposant sur l’échange continu d’informations sur les produits, les processus et les services.


 Un autre enjeu est celui de l’éducation. 
« L’internet ne permet pas seulement de distribuer l’information à des millions de gens, il permet à des millions de gens de distribuer l’information. » Ceci pose toutes les questions des contenus, de leur production et de leur mise à disposition. Cela pose des questions de fond sur l’édition et sur les professionnels de l’information.

 L’école d’aujourd’hui devrait prendre note que dans le flot exponentiel des nouvelles connaissances, miser sur l’apprentissage des connaissances (au sens de connaissances déclaratives ou encyclopédiques) est une partie perdue d’avance. Le salut réside dans le « savoir comment utiliser les nouvelles connaissances », pour reprendre le constat de McLuhan.

 Près du tiers de la population mondiale est connectée en un vaste réseau virtuel. Il en découle une synergie sans précédent dans l’histoire de l’humanité, une interaction scientifique, économique et sociale.

 Les jeunes développent dans les médias sociaux des compétences que l’école leur interdit. Le savoir devient accessible, filtrable, archivable, multimédia, multi ethnique, multi générationnel, collaboratif, social, interactif, immédiat…D’où l’importance à redonner à l’école pour ne pas accroitre l’importance des outils au détriment des compétences.

 Le travail sur l’individu devra se renforcer ce qui supprime un travail exclusivement collectif.

 Les écoles rurales sont au titre des services publics, par leur relation de proximité sociale, une chance pour les territoires si les communes travaillent aussi ces questions, dans une dynamique de territorialité.

 Elles ont à se positionner fortement car les équipements onéreux ont tendance à être concentrés dans les agglomérations et mégapoles où se trouvent réunis, pouvoir économique, universités et grandes écoles. Un certain capital économique doit être préservé dans les territoires ruraux et le « capital éducation »doit y être protégé et amplifié.

 Recherche-innovation
 En l’espace de quarante ans, nous sommes passés de l’ordinateur central à l’ordinateur personnel, au portable, au smartphone et à l’ardoise numérique.

 La conséquence directe est que le cœur de ce développement social est bien le couple recherche-innovation. Abordant la ville, la culture, le tourisme, le développement durable, la gestion d’une population, les transports, l’e-santé et l’éducation, cette dimension recherche-innovation est incontournable.

 Les compétences nécessaires dans cette société dite de l’information où chacun se situe différemment, hors même de son contexte social (on peut être dans un contexte social aisé et peu enclin à utiliser le numérique ou inversement) requièrent :

des compétences techniques
des compétences constituées de savoirs transférables d’une situation à une autre, (faculté d’apprentissage, savoirs méthodologiques)
des compétences socioculturelles, comme la capacité à communiquer ou à travailler en équipe ou à promouvoir ses compétences


 Quelles compétences numériques les élèves et étudiants (et les enseignants) maîtrisent-ils ?
Les compétences instrumentales ou opératoires sont acquises mais elles sont de moins en moins nécessaires compte tenu du caractère très intuitif des environnements numériques
Les compétences de type informationnelles sont peu développées : ils ne savent pas suffisamment gérer et exploiter la multitude d’informations dont ils disposent sur le net
Les compétences de type stratégique, comme savoir se réapproprier les contenus pour les remobiliser dans d’autres contextes, sont là aussi très peu partagées.

 Les stratégies d’enseignement doivent donc évoluer et permettre une alternance de temps, de groupements différenciés d’élèves, d’une autonomie dans la recherche d’informations…

 Les enseignants ont donc une place centrale à occuper pour que les élèves, par la formation, évoluent d’une culture numérique « grand public » vers une véritable culture informationnelle et stratégique. Et pour cela, bien sûr, être eux mêmes bien formés.


 La formation et l’accompagnement
 L’institution de l’éducation nationale, longtemps frileuse à l’entrée des autres acteurs, accumulant les manques de moyens particulièrement dans le domaine de la formation, est donc contrainte aujourd’hui à créer des synergies entre tous les acteurs.

 Cependant, qui, en tout point du territoire peut assumer réellement un travail de coordination de tous les acteurs ? Les rectorats ? Les inspections académiques dans les départements ? Les collectivités ? Qui fait les choix de matériels, des contenus, des formations ? Qui assure l’accompagnement au quotidien dans les écoles et établissements scolaires ? Quels sont les véritables critères de choix ? Quels sont in fine, les véritables décideurs ?

 Ce sont parfois simplement les enseignants qui selon leur approche idéologique, personnelle, culturelle acceptent de changer leurs pratiques ou non et là les élus peuvent s’interroger sur le coût des investissements.

Quelle est l’entreprise publique ou privée qui accepte aujourd’hui, des personnels non formés initialement à ces questions ? Quelle est l’entreprise publique ou privée où la formation n’est pas continue pour chacun, lorsque des changements importants doivent s’opérer ?

 Le manque de temps de réflexion collective au sein des établissements pose également la question de la cohérence et de l’appropriation d’un projet éducatif partagé.

 Il appartient aux enseignants, dans le cadre de leurs cours, aux équipes d’établissements, lorsque le numérique (Outils, Environnement numérique de Travail, ressources) est introduit, de réfléchir aux nouvelles relations induites. C’est évidemment une nouvelle organisation à mettre en œuvre, mais il n’est pas possible de renoncer à cette analyse - réflexion.

 Un dispositif d’accompagnement au changement se doit d’être pluriel et à plusieurs niveaux.
 Il faudra certainement redéfinir les compétences de chacun et considérer que seuls les enseignants ne peuvent résoudre tous les problèmes.

 Il conditionne la réussite de la mise en place de changements au service d’un enseignement plus adapté aux évolutions de la société. Il conditionne l’adhésion de tous aux évolutions.


 Conclusion
 Le numérique met donc en chantier, totalement, l’accès aux ressources et aux informations, les contenus des programmes, les espaces et les temps, les formations et les relations entre tous les acteurs des territoires. 


 Les zones de fracture sociale ne recouvrant pas systématiquement les zones de fracture numérique, il faudra donc, même si les politiques publiques doivent viser globalement l’intégration sociale de chacun, que les stratégies envisageables pour atténuer la fracture numérique soient définies en tant que telles, et déclinées sur mesure en fonction des diverses situations.

 La tâche du pouvoir politique est de définir des territoires de compétences,structures constitutionnelles, qui soient les lieux où tous les acteurs sans exclusive puissent exprimer, confronter, formaliser leurs actions et mettre en œuvre.

 C’est bien dans le secteur éducatif, pôle budgétaire lourd pour l’état et les communes qu’il faudra être le plus inventif et le plus volontariste.

Notre venue aux rencontres de Ruralitic enrichiront certainement ces réflexions. A suivre !


 Photo Ruralitic 2011


par Michelle Laurissergues(son site) jeudi 1er septembre 2011 -

http://www.educavox.fr/La-collectivite-et-le-numerique


 

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