mardi 21 juin 2011

Pour une éducation à la liberté numérique

Etre citoyen français c’est être libre de circuler sur le territoire et libre de s’exprimer tout en respectant la loi qui en fixe les limites. Ces règles établies dans la constitution et le droit valent-elles de la même manière depuis le numérique ? Le monde scolaire peut-il porter ces valeurs hier comme aujourd’hui de la même façon ? Le déploiement des ENT, celui du cahier de texte numérique, la mise en place du Livret Personnel de Compétences ainsi que bien d’autres applications informatiques renouvellent ces questions au coeur de l’école. Est-on réellement libre de circuler et de s’exprimer quand on est à l’école tout comme on peut l’être dans la société ? De quelle manière aborder aujourd’hui la « citoyenneté numérique » ?

S’il est communément admis que les jeunes n’ont pas la maturité juridique et donc que les lois auxquelles ils sont soumis sont plus restrictives du fait de leur jeune âge, que se passe-t-il dans le monde scolaire ? L’évolution des règlements intérieurs des établissements scolaires est là pour nous rappeler qu’il est nécessaire de mettre en place un cadre pour permettre aux jeunes de rentrer progressivement dans la société. Cependant ces règlements intérieurs laissent souvent de coté un aspect important : celui de la liberté individuelle des élèves, c’est à dire d’une définition positive de l’activité de l’élève. La place donnée aux questions des TIC dans les règlements intérieurs et dans les chartes informatiques est le plus souvent exprimée en termes d’interdiction et de limites. Or l’écart entre ces règlements et les pratiques habituelles amène inexorablement à une confrontation à venir.

Le déploiement de nouvelles applications informatiques dans les établissements scolaire se fait souvent sans que cette réflexion soit explicitement menée et beaucoup considèrent comme « normal » des pratiques qui permettent un traçage et un suivi des élèves sans pour autant qu’ils le sachent. Certes la CNIL est censée mettre des limites à ces pratiques, mais de récents mouvements d’humeur de certains enseignants et certains parents, bien que ne concernant pas les jeunes eux-mêmes et leur liberté, doivent alerter éducateurs et citoyens devant des risques de dérives. Eduquer des jeunes à la citoyenneté suppose que le cadre qui leur est proposé soit aussi exemplaire que l’on veuille qu’ils le deviennent. Est-ce vraiment le cas ?

Lors d’un conseil de classe, la tentation est grande d’afficher des chiffres et des courbes proposées par un logiciel de gestion des notes. Dans les années à venir, on peut penser que d’autres « images » de l’élève pourront aussi être présentées, tant les occasions de garder des traces de l’activité se multiplient et leur traitement numérique facilite leur traitement. La dérive est d’autant plus facile que l’on observe trop souvent que nous pouvons être tentés d’en savoir plus sur les autres et que des applications (moteurs de recherche, compilateurs de profils) donnent rapidement accès à des fiches d’identité « numérique » des personnes. Le risque d’une mise en « liberté numérique surveillée » des élèves existe, c’est pourquoi chaque établissement, au moins, doit engager une réflexion sur l’éducation des jeunes, mais aussi des adultes à un usage réellement citoyen de ces technologies. (...)

BD
20 juin, 2011

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