Contrairement à ce que pensait George W. Bush, le plus dur n'est pas de devenir une démocratie mais d'en rester une.
Alors que printemps arabe s’envole, ralentit, cafouille et s’arrête, certaines sociétés se rapprochent doucement d’un nouvel ordre civil, d’autres sombrent dans le chaos, et d’autres demeurent à la croisée des chemins. La seule surprise demeure que nous soyons surpris par ce qui arrive.
Les révolutions sont généralement désordonnées et longues, et les révolutions politiques qui agitent le Proche-Orient et l’Afrique du Nord ont débuté il y quatre mois seulement – une éternité à l’époque des médias numérique, mais un simple claquement de doigts à l’échelle des livres d’histoire. Il n’est donc pas étonnant que les récits qui en sont fait soient si désordonnés et que le cours de ces révolutions, sans parler de leur dénouement, apparaisse comme incertain.
Si la disparition d’un tyran (ceux qui ont déjà été renvoyés) offre de bonnes raisons de se réjouir, il existe une raison profonde d’être inquiet sur l’issue de ces évènements.
Telle est, en tout cas, la triste conclusion d’un livre publié en 2005 et intitulé Electing to fight: Why Emerging Democracy Go To War, rédigé par deux spécialistes des sciences politiques, Edward Mansfield, de l’Université de Pennsylvanie et Jack Snyder de l’Université de Columbia.
Les exceptions à cette règle abondent, naturellement. Mansfield et Snyder, travaillant à partir d’une base historique exhaustive, posent les conditions d’une démocratisation bien huilée et réussie. Parmi ces conditions, une population alphabétisée, une économie prospère et diversifiée, des institutions potentiellement démocratiques (un système judiciaire en état de marche, une presse libre, une police honnête, etc.) et un appareil d’Etat capable de s’interposer en cas de dispute entre différents groupes sociaux ou politiques en compétition – et de régler ces disputes.
Il est vrai qu’Obama a déclaré :
Fred Kaplan
16/06/2011
Lire le texte intégral slate.fr
Alors que printemps arabe s’envole, ralentit, cafouille et s’arrête, certaines sociétés se rapprochent doucement d’un nouvel ordre civil, d’autres sombrent dans le chaos, et d’autres demeurent à la croisée des chemins. La seule surprise demeure que nous soyons surpris par ce qui arrive.
Les révolutions sont généralement désordonnées et longues, et les révolutions politiques qui agitent le Proche-Orient et l’Afrique du Nord ont débuté il y quatre mois seulement – une éternité à l’époque des médias numérique, mais un simple claquement de doigts à l’échelle des livres d’histoire. Il n’est donc pas étonnant que les récits qui en sont fait soient si désordonnés et que le cours de ces révolutions, sans parler de leur dénouement, apparaisse comme incertain.
Si la disparition d’un tyran (ceux qui ont déjà été renvoyés) offre de bonnes raisons de se réjouir, il existe une raison profonde d’être inquiet sur l’issue de ces évènements.
Démocratie et pacifisme
Il est une école de pensée, particulièrement populaire chez les néo-conservateurs, voulant que la propagation de la démocratie tende à rendre le monde plus pacifique. S’il est vrai que les démocraties matures tendent à être pacifiques et ne font presque jamais la guerre à d’autres démocraties, les démocraties émergeantes sont généralement plus violentes et agressives que tous les autres types de régime –et sont bien plus susceptibles de basculer dans la guerre civile ou de revenir à un système autocratique.Telle est, en tout cas, la triste conclusion d’un livre publié en 2005 et intitulé Electing to fight: Why Emerging Democracy Go To War, rédigé par deux spécialistes des sciences politiques, Edward Mansfield, de l’Université de Pennsylvanie et Jack Snyder de l’Université de Columbia.
Les exceptions à cette règle abondent, naturellement. Mansfield et Snyder, travaillant à partir d’une base historique exhaustive, posent les conditions d’une démocratisation bien huilée et réussie. Parmi ces conditions, une population alphabétisée, une économie prospère et diversifiée, des institutions potentiellement démocratiques (un système judiciaire en état de marche, une presse libre, une police honnête, etc.) et un appareil d’Etat capable de s’interposer en cas de dispute entre différents groupes sociaux ou politiques en compétition – et de régler ces disputes.
La liberté n'est pas naturelle
Selon ces critères, les perspectives de succès des révolutions arabes vont du correct (Tunisie et Egypte) au mauvais (presque tous les autres pays), au moins à brève ou moyenne échéance. ...Obama comme Bush?
À l’issue du discours prononcé le 19 mai par Obama au département d’Etat (les Affaires étrangères), où il évoqua le Printemps arabe et ses implications pour la politique étrangère des Etats-Unis, de nombreux néo-conservateurs ont claironné qu’Obama venait d’adopter l’intégralité des idées de George W. Bush. Dire qu’il s’agit d’une exagération, c’est passer à côté de l’essentiel.Il est vrai qu’Obama a déclaré :
«Les Etats-Unis auront pour politique de promouvoir les réformes dans la région et de soutenir les transitions démocratiques […] Nous avons l’opportunité de montrer que l’Amérique accorde plus de valeur à la dignité d’un vendeur des rues de Tunisie qu’à la puissance brutale d’un dictateur […] il ne doit pas faire de doute que les Etats-Unis d’Amérique accueillent avec plaisir un changement permettant de faire progresser l’autodétermination et d’accroître les opportunités.»L’idée forte n’est pas que nos intérêts et nos valeurs sont identiques, mais plutôt, comme il le déclare, que «les intérêts de l’Amérique ne sont pas hostiles aux espérances des peuples» (c’est moi qui souligne). Nous pouvons conserver «le noyau d’intérêts» qui est le nôtre depuis des décennies – contre-terrorisme, contre-prolifération nucléaire, commerce, stabilité et sécurité d’Israël – et, dans le même temps, être à l’écoute des aspirations des peuples.
Considérations matérielles et morales
La raison qui le pousse à élargir la politique étrangère américaine en ce sens, naît de questionnements pratiques autant que de valeurs morales. «Le statu quo n’est pas tenable», a déclaré Obama. «Les sociétés comprimées par la force et la répression peuvent offrir l’illusion temporaire de la stabilité, mais elles sont érigées sur des bases factices qui, tôt où tard, s’effondrent.» Le monde arabe est en plein changement: les Etats figés qui, depuis des décennies, en forment la constellation, s’écroulent; ils seront renversés ou ne survivront qu’en se réformant en profondeur, obéissant aux exigences des manifestants. Aussi, ignorer ces exigences et le rôle qu’elles pourraient jouer dans les jeux politiques futurs de la région ne pourrait sans doute que renforcer la «spirale de la division entre les Etats-Unis et le monde arabe.» ...Fred Kaplan
16/06/2011
Lire le texte intégral slate.fr
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