L'architecte des mers Jacques Rougerie a imaginé maisons et vaisseaux sous-marins pour que l'homme « habite la mer ».
C'est l'histoire d'un homme qui avait un rêve : vivre sous l'eau. Un homme passionné par l'océan et mu par le désir de bâtir pour le futur. Devenu architecte des mers, Jacques Rougerie a bâti sa première maison sous-marine, Galathée, en 1977, parce que « c'est de l'océan que naîtra le destin des civilisations à venir ».
Jacques est un être « hybride, mi-homme mi-poisson, que l'évolution a privé de ses branchies ; il lui faudra donc imaginer de nouveaux habitats », écrit son ami, l'explorateur Jean Louis Etienne. Enfant, Jacques plongeait sous les eaux ivoiriennes avant même de savoir marcher.
« Dans l'avenir, ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer ? » demandait déjà Jules Verne. Jacques a relevé le défi. Diplômé des Beaux Arts et de l'Institut océanographique de Paris, il commence par construire un village sous-marin. La réussite de ces premiers projets fait taire les plus sceptiques ; Jacques n'est pas un fou mais un visionnaire. « Je suis un rêveur pragmatique », affirme-t-il. Il écrit :
Parce que pour « habiter la mer », il faut d'abord la comprendre, Jacques commence par construire des maisons sous-marines dédiées à la recherche scientifique.
Jacques ne pense pas que l'avenir de l'homme soit d'aller vivre définitivement sous l'eau – « L'homme est fait pour vivre sur Terre. » Mais il pourra y aller « se reposer, en vacances ou aire du tourisme », explique l'architecte qui a pour projet de construire un musée archéologique autour du palais de Cléopâtre, immergé sous les eaux d'Alexandrie.
Le vaisseau SeaOrbiter par rue89
Par Emilie Rosso | Journaliste | 03/07/2011 | 13H23
http://www.rue89.com/2011/07/03/cest-de-locean-que-naitra-le-destin-des-civilisations-a-venir-211558
Jacques est un être « hybride, mi-homme mi-poisson, que l'évolution a privé de ses branchies ; il lui faudra donc imaginer de nouveaux habitats », écrit son ami, l'explorateur Jean Louis Etienne. Enfant, Jacques plongeait sous les eaux ivoiriennes avant même de savoir marcher.
« Mes premiers souvenirs de la vie, c'est l'océan, cette immensité bleue, ces grandes plages africaines. L'univers sous-marin me fascinait. »Fils d'un explorateur, compagnon de route du célèbre Théodore Monod, Jacques entendait « les amis de ses parents parler du pôle Sud, du pôle Nord, de l'Amazonie ».
« J'ai été embarqué dans cet imaginaire. »
Jules Verne : « Dans l'avenir, ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer ? »
De « 20 000 lieues sous les mers » aux récits de La Pérouse, Jacques est très vite imprégné de la conquête de la mer, et influencé par des grands hommes, comme Cousteau qu'il rencontre à 11 ans.« Je voulais dessiner des engins pour aller sous l'eau. »
« Dans l'avenir, ne faudra-t-il pas bâtir sur la mer ? » demandait déjà Jules Verne. Jacques a relevé le défi. Diplômé des Beaux Arts et de l'Institut océanographique de Paris, il commence par construire un village sous-marin. La réussite de ces premiers projets fait taire les plus sceptiques ; Jacques n'est pas un fou mais un visionnaire. « Je suis un rêveur pragmatique », affirme-t-il. Il écrit :
« En dépit du risque de montée des eaux induit par le réchauffement climatique, nos contemporains sont paradoxalement de plus en plus nombreux à se masser près des côtes. Pour accompagner cette tendance, de grands projets voient et verront le jour, adossés à la terre et chevauchant l'océan. »Alors, Jacques dessine villes flottantes et palais sous-marins. Il imagine la Tour coquillage pour l'émirat de Sharjah, City in the Ocean pour Abou Dabi et le Sting Ray Hotel, édifices futuristes qui plongent dans les eaux littorales. Il explique :
« L'aménagement de la mer doit être le reflet d'une adaptation de l'homme à l'environnement marin, première étape de l'avènement d'une civilisation de la mer. »« Il y a des gens que cela peut paniquer »
Parce que pour « habiter la mer », il faut d'abord la comprendre, Jacques commence par construire des maisons sous-marines dédiées à la recherche scientifique.
« Pour dessiner ces maisons, nous n'avions aucun référentiel. Tout était à inventer. Il fallait utiliser de nouveaux matériaux, et s'adapter à des contraintes particulières. On s'est alors inspirés de la vie sous-marine pour créer une architecture bionique en symbiose avec l'environnement marin. »Avec sa forme ronde, ses grandes baies vitrées, et sa couleur presque translucide, Galathée ressemble à une méduse rattachée au sol par des câbles. Sous l'eau, les journées sont plus courtes, la notion du temps est différente. Jacques, qui a décroché le record du plus long séjour passé sous la mer – 70 jours –, explique :
« On ne dort pas de la même façon, on ne mange pas de la même façon, on ne bouge pas de la même façon. On a besoin de plus de sommeil, de plus d'énergie parce qu'on respire de l'air compensé. »Les yeux rêveurs, il ajoute :
« Les réactions sont plus lentes, le rythme de vie en général est plus lent. Il faut recaler son esprit. Il y a des gens que cela peut paniquer. »
Jacques ne pense pas que l'avenir de l'homme soit d'aller vivre définitivement sous l'eau – « L'homme est fait pour vivre sur Terre. » Mais il pourra y aller « se reposer, en vacances ou aire du tourisme », explique l'architecte qui a pour projet de construire un musée archéologique autour du palais de Cléopâtre, immergé sous les eaux d'Alexandrie.
« Des énergies, de la pharmacologie, des minerais… »
Il en est sûr, « l'océan représente le second souffle de l'humanité », mais il faut « mieux l'explorer, mieux l'exploiter ». Il continue :« Il y a une telle potentialité dans cet univers gigantesque qui renferme tellement de choses. Au niveau des énergies, du nutritionnel, de la pharmacologie, des minerais. »Capitaine Némo des temps modernes, Jacques a dessiné le SeaOrbiter, destiné à écumer les mers dans un esprit de recherche biologique et scientifique. « Dans la grande tradition des explorations maritimes », SeaOrbiter est un vaisseau qui doit aider à « la découverte de cette immensité pour favoriser l'émergence d'un nouveau rapport entre l'homme et la mer ». Une « sentinelle avancée sur la dernière frontière » qui permettra de poser les bases de notre avenir, habiter la mer. (Voir la vidéo)
Le vaisseau SeaOrbiter par rue89
« Un marin, c'est un aveugle de la mer »
Jacques fait partie du peuple des Mériens, une civilisation nouvelle en train de se bâtir.« Un marin, c'est un aveugle de la mer, un Mérien, c'est un être en osmose avec le monde sub-aquatique. »Les Mériens partagent, d'après lui, une philosophie, une culture et une identité propre au monde sous-marin.
« L'homme s'est toujours adapté aux changements de son environnement etL'architecte, fan de science-fiction, affirme :
continuera à le faire. Les Mériens seront les pionniers d'une nouvelle
ère où la mer tient une nouvelle place. ».
« Il faut pérenniser l'homme sous la mer, et pour cela il faut lui bâtir une culture propre à cet espace. »Illustrations : Jacques Rougerie (DR) ; City in the Ocean ; le musée de l'archéologie sous-marine à Alexandrie (Agence Rougerie).
Par Emilie Rosso | Journaliste | 03/07/2011 | 13H23
http://www.rue89.com/2011/07/03/cest-de-locean-que-naitra-le-destin-des-civilisations-a-venir-211558
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire