dimanche 17 juillet 2011

Conversations sur l’après Ben Ali …

Une discussion d'Omar Sinaceur et un ami sur l'après Ben Ali en Tunisie bientot 6 mois après sa chute

Depuis la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier dernier, la Tunisie se retrouve confrontée à un débat public qui se concentre essentiellement sur une thématique : l’islamisme.

Ayant vécu près de huit ans en Tunisie, j’ai pu observer comment la dictature de Ben Ali a favorisé l’émergence de l’islamisme, en poussant à l’extrême la société au-delà de ses valeurs traditionnelles, et en imposant une occidentalisation à marche forcée, qui fut théorisée par le premier Président de la République Habib Bourguiba.

Seulement, il existe une réalité toute autre. Partons de l’adage, simple mais ô combien vrai : Rien n’arrive par hasard. Surtout en politique. Vous ne voyez pas où je veux en venir ?

Tant mieux. Je vous propose une discussion spontanée que j’ai eu avec un de mes amis Tunisiens, qui relayait de plus en plus d’éléments concernant les actions et provocations des islamistes du Parti Ennahdha en Tunisie. Avant toute chose, toutes les informations révélées ici sont exactes, et vérifiables.
(NDLA :
- Les élections de l’Assemblée Constituante auront lieu en novembre.
- Mohamed Ghannouchi est l’Ancien Premier Ministre Tunisien, qui a un temps assuré l’intérim, avant d’être éloigné du pouvoir par la rue, remplacé par Beji Caid Essebsi
- Yadh Ben Achour est un professeur d’université, co-président d’un think tank libéral euro-tunisien)

Voilà pour le dialogue :
—- Veillez à ne pas tomber pas dans l’opposition idéologique que l’on veut vous imposer pour mieux asservir la population tunisienne.

C’est exactement ce qui a été fait en Europe avec la Gauche et la Droite .. Aujourd’hui, le clivage qui arrive dans les pays arabes est tout bonnement le suivant : islamiste/anti-islamiste ..

Tout comme en Turquie, le débat politique en sera réduit à ça, et après tu imposes ce que tu veux comme mesures ultra libérales au pays .. Je ne suis pas très friand d’arguments d’autorité, mais je ne me lasse pas de celui-ci. ...

Le Monde Arabe devrait donc évidemment se conformer à un modèle de la sorte pour favoriser son union en tant que bloc économique. On veut organiser les majorités politiques qui se feront et déferont au gré de la conjoncture. On pourrait ainsi corriger :
“Le but de cette conspiration, c’est d’organiser IMMEDIATEMENT à travers le Monde Arabe des majorités parlementaires assez fortes et stables pour imposer aux gouvernements l’exécution intégrale de notre programme.”

Encore une fois, faites attention. ——-
——- ” J’entends très bien ce que tu dis Omar. Malheureusement sans vouloir tomber dans l’opposition idéologique dont tu parles, force est de constater que tout débat se finit soit par “tu es un mécréant” soit par un extrait du Coran qui ramene le débat à son point de départ et qui ne fait pas avancer les choses. Est-ce que cela signifie qu’il ne faut plus débattre pour ne pas être dans cette opposition ? Ou qu’il faut fermer les yeux sur certains désaccords très importants comme la censure des artistes ? ...

La Constitution est déjà écrite malheureusement, c’est bien trop d’espoir porté en nos systèmes politiques. Déjà, le comité consultatif a été formé sur conseil de l’IFES, (Fondation Internationale pour les systemes électoraux) un bureau d’études dépendant du NED (National Endowment for Democracy), ou le bras conventionnel de la CIA/NSA, organisme dont l’objectif officiel est l’éducation et la formation à la démocratie à travers le monde. Elle a été fondée en 1983 et la plus grande part de ses fonds provient du Département d’Etat des États-Unis. C’est elle qui a planifié la démocratie en Irak, Afghanistan, etc … La Tunisie est donc ni plus ni moins qu’un nouvel Irak, Afghanistan.

La méthode utilisée est différente, mais la finalité est la même. La maîtrise de l’économie par la mise en place d’un environnement politique compatible.

L’IFES, sur demande du gouvernement Ghannouchi , a produit, trois semaines après le 14 janvier (chute de Ben Ali), un document-mode d’emploi sur les nouvelles institutions à créer en Tunisie : le comité consultatif de je sais pas quoi (je le méprise c’est pour ça que je ne retiens jamais son nom) ; a défini le découpage électoral qui a été proposé à ce même comité pour ‘vote’, a défini les modalités du scrutin, la date de celui-ci, et les partis à légaliser pour un ‘bon exercice de la démocratie’ (dont Ennahdha, adoubé par les USA). Ils ont également, désigné nommément la personne qui devait être nommée à la tête de ce comité : Yadh Ben Achour.

Tout ça, en deux semaines à peine … bizarre non ? L’avenir institutionnel de la Tunisie s’écrit-il en trois semaines à peine ??

Que ce soit bien clair : cette Révolution était une révolution de palais et non plus une révolution populaire, une instrumentalisation de la volonté du peuple. Il y a toujours eu des révoltes en Tunisie, elles étaient matées sans probleme. Seulement cette fois ci, l’armée, incarnée par le chef d’Etat Major ‘sauveur’ Rachid Ammar a lâché Zine El Abidine Ben Ali. ET l’armée ne lâche pas ZABA sans recevoir l’ordre de la part de ceux qui les forment, financent, équipent, orientent, entraînent …

La ‘dictature’ faisait partie du plan de maîtrise des pays du Monde Arabe, tout comme le passage à une alternance Islamiste/Laïcs en fait partie. Il n’y a qu’à voir la Turquie …

Pour en revenir aux faits : les services occidentaux jouent sur les deux tableaux, vous perdront dans une opposition idéologique avec Ennahdha. Alors qu’Ennahdha est soutenue en sous-main par ces mêmes services, par le biais du Qatar, ou autres Emirats. Pas étonnant que le Qatar soit votre premier investisseur étranger depuis trois ans maintenant. Et oui, ce n’est plus la France. Le Qatar est devenu l’outil stratégico-financier de l’OTAN pour le Monde Arabe, et de formation de la pensée par le tout puissant média Al-Jazeera.

Alors le but n’est plus de décrédibiliser Ennahdha sur son discours, mais sur ses intentions. Le discours et leurs ‘idéaux’ ne sont que du feu de paille, destinés à détourner l’attention des citoyens tunisiens, et de les pousser à reprendre leurs activités de robots intellectuels issus de la classe ‘moyenne’ libérale.
Participer à l’effort de croissance le jour, boire et forniquer la nuit pour les uns, prêcher pour les autres.
Attaquez les sur leurs financements, sur leurs dirigeants, plutôt que sur leurs idées, qui ne sont là que pour vous diviser.

Divide ut imperes … Diviser pour mieux régner : certains ont bien intégré le concept.
Bon courage à vous tunisiens !

par L’Avenir Jeune(son site) samedi 16 juillet 2011

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/conversations-sur-l-apres-ben-ali-97407

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