jeudi 14 juillet 2011
France : Plus de 70 % de bacheliers dans une génération, un record historique
Près de 80 % d'une génération au niveau du baccalauréat… En 1985, c'était l'idéal républicain à atteindre à l'horizon 2000. Un quart de siècle plus tard, on s'en rapproche enfin, comme le laissent penser les résultats définitifs du bac 2011, publiés lundi 11 juillet : 71,6 % des jeunes de la génération en âge de passer le bac sont bacheliers. Un record historique.
En 1985, moins d'un jeune sur trois obtient le bac. Quand Jean-Pierre Chevènement, le ministre de l'éducation de l'époque, lance son slogan, "80 % d'une classe d'âge au niveau du bac", les vannes du lycée s'ouvrent. La première session du bac professionnel en 1987 fait bondir le nombre de bacheliers d'une génération.
La "massification du lycée" dure dix ans. A partir de 1995, le nombre de candidats au bac cesse d'augmenter, et la proportion de bacheliers dans une génération stagne autour de 62 %. Un pallier est franchi en 2009, celui des "65 %" (65,5 % en 2009, 65,3 % en 2010). Puis ce bond de 6 points cette année. Simple effet mécanique ou véritable amélioration du niveau des élèves ?
"TOUS LES CANDIDATS FINISSENT PAR AVOIR LE BAC"
Bien que très élevé (85,6 % cette année), le taux de réussite n'a que peu d'incidences sur la proportion de bacheliers dans une génération. "Tous candidats finissent par avoir le bac. Ceux qui le ratent la première fois l'ont au bout de deux ou trois fois", explique Antoine Prost, historien de l'éducation.
La part de bacheliers dans une génération a quand même bénéficié de la nette progression du taux de réussite au bac professionnel entre 2008 et 2009 (+10 points). "Depuis 2009, les candidats au bac pro peuvent passer une épreuve de rattrapage", explique Michel Quéré, à la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l'éducation nationale.
Autre effet mécanique, la hausse de 36 % du nombre de candidats au bac professionnel entre 2010 et 2011. La réforme de la voie professionnelle, généralisée en 2009, a réduit de quatre à trois ans la durée de formation. Cette année, les premiers candidats au "bac pro trois ans" se cumulent avec la dernière génération du "bac pro quatre ans".
POLITIQUE "DÉCOUSUE"
Reste que près de 30 % des jeunes n'ont toujours pas accès au bac. Ils sont soit orientés vers des CAP (certificat d'aptitude professionelle), soit ils font partie des 120 000 élèves qui sortent du système scolaire chaque année sans diplôme. "Il sera difficile d'aller plus loin, car il y a toujours cette proportion d'élèves qui échouent et à laquelle on n'est pas capable de répondre", souligne Antoine Prost.
La solution serait de prendre le problème "à la racine", car "le bac se joue dès l'école primaire", soutient Marie Duru-Bellat, professeure à Sciences po Paris. Or, le lycée bénéficierait, selon elle, d'un traitement de faveur. "Il coûte très cher. Le lobbying des disciplines y est très fort. Au final, on entend plus les voix s'élever pour maintenir une option de grec que pour défendre les gamins de 8 ans qui ne savent pas lire."
La politique éducative est "décousue", constate Bertrand Geay, sociologue à l'université de Picardie : "D'un côté, on prône la concurrence, de l'autre, on tente de réduire l'échec scolaire, sans trop vouloir mettre la main au porte-monnaie… les enseignants sont abattus par cette réformite qui ne change pas grand chose." Les statistiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le "taux de diplomation dans le secondaire supérieur" (l'équivalent du lycée) place la France en-dessous de la moyenne des pays de l'OCDE, qui s'établit à 80 %.
Lire l'intégralité de l'article en édition Abonnés du site et dans Le Monde daté mercredi 13 juillet, disponible ce mardi en kiosques.
Aurélie Collas
pour Le Monde.fr | 12.07.11 | 11h03
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