D’après une équipe de psychologues, nous cherchons
désormais moins à nous souvenir d’informations que nous savons retrouver sur Internet ou sur un ordinateur. En revanche, nous faisons davantage
l’effort de mémoriser l’endroit où se trouve l’information. Bref, on s‘adapte,
comme chacun, d’ailleurs, l’aura remarqué…
« Marignan ? euh, non je me souviens plus mais c’est pas
grave c’est sur le Web ». L’Homo sapiens a développé de nombreuses
stratégies pour retenir des quantités énormes d'informations, un domaine où il
excelle, comme par exemple, appendre en marchant ou aller dormir. Il viendrait d'en ajouter une autre : profiter
d'Internet, où l'on trouve tout. C’est ce que concluent Betsy Sparrow, de
l’université Columbia, et Jenny Liu, de l’université du
Wisconsin-Madison, dans un article qui vient de paraître dans Science
et intitulé : Google Effects on Memory: Cognitive Consequences of Having
Information at Our Fingertips, ou encore L’effet Google sur la mémoire : conséquences cognitives de disposer
de l’information sur le bout des doigts.
Pour mettre en évidence cet « effet Google », les chercheuses
ont placé des étudiants dans différentes situations où ils devaient mémoriser
des informations. La première expérience a mis en évidence que les moteurs de
recherche sont très présents à l’esprit dès qu’il s’agit de chercher une
information. Les étudiants se voyaient interrogés sur des questions ardues de
culture générale puis, immédiatement après, devaient réaliser des tests
ultrasimples de reconnaissance de couleurs sur des mots. Les temps de réponse étaient précisément mesurés et
les auteurs démontrent que des mots liés à des moteurs de recherche, comme par
exemple « Google » et « Yahoo », étaient interprétés plus
rapidement.
Conclusion des psychologues : ces mots-là étaient dans la tête des
cobayes, et l’on peut en déduire que face à une question à la réponse inconnue,
l’homme moderne pense d’abord à Google et à Yahoo.
La fin de l’apprentissage par cœur ?
Dans une seconde expérience, les étudiants devaient faire
l’effort de se souvenir d’affirmations, du genre « une bande caoutchoutée
est moins longue quand elle est refroidie ». À certains, il était précisé
que l’information, qu’ils auront tapée eux-mêmes sur un ordinateur, serait
conservée tandis que d’autres apprenaient qu’elle serait effacée. Résultat : ces
derniers s’en souviennent bien mieux… Quant à ceux qui savaient que les réponses
seraient enregistrées, les auteurs de l’étude démontrent qu’ils se souviennent
mieux du dossier dans lequel l’information est censée être sauvegardée que de la
réponse elle-même.
Que peut-on conclure de ces conclusions qui n’étonneront
personne ? D’après Betsy Sparrow et Jenny Liu, cette adaptation à l’informatique correspond à la « mémoire
transactive », décrite par Daniel M. Wegner.
Elle consiste en une forme de mémoire collective, où l’on se sert des
informations que l’on sait connues de nos proches, conjoints, famille, amis ou
collègues de travail. Elle s’étend aux livres et, aujourd’hui, à l’ordinateur et
au Web. Selon les auteurs, l’observation montre peut-être que tous ceux qui ont
quelque chose à enseigner (professeurs, cadres d’entreprise…) ou à apprendre ont
désormais tendance à davantage se focaliser sur la compréhension des mécanismes
plutôt que sur les données brutes.Verra-t-on la fin du par cœur ?
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