La réforme de la licence générale présentée par le gouvernement a été validée par les étudiants, malgré la réticence des universités.
Elle prévoit des parcours plus personnalisés et orientés vers le monde du travail, mais reste vague sur les moyens mobilisés.
Quel est l’enjeu de cette réforme ?
La remise à plat de la licence avait été annoncée fin 2010 par Valérie Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle en a précisé les contours en juin dernier avant de quitter son poste pour le budget. C’est son successeur, Laurent Wauquiez, qui a présenté le texte à la communauté universitaire, mardi, en conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.Le nouvel arrêté licence, qui doit remplacer celui de 2002 actuellement en vigueur, entend faire de ce diplôme « un passeport pour l’emploi » en professionnalisant les parcours, en encourageant les stages et en les personnalisant, avec plus de filières d’excellence et de soutien pour les étudiants en difficulté (enseignants référents, semestres rebonds…).
Cette réforme s’inscrit dans le plan « Réussir en licence », lancé en 2007 pour lutter contre l’échec post-bac et redorer l’image du diplôme.
Comment a-t-elle été accueillie ?
Le ministère souligne que la réforme est soutenue par les étudiants, ce qui n’était pas arrivé depuis 1997. « Nous l’avons votée parce qu’elle entérine des avancées en matière de droit étudiant, explique Vanessa Favaro, de l’Union nationale des étudiants de France, notamment la suppression des notes éliminatoires, la garantie de la compensation annuelle des notes et le droit au rattrapage. »La principale organisation étudiante salue aussi la mise en place du seuil de 1 500 heures de cours sur trois ans pour toutes les filières (contre environ 1 400 heures en littérature notamment).
Mais Laurent Wauquiez doit composer avec l’opposition de la communauté universitaire. « Le nouvel arrêté ne traite que de la licence générale en oubliant le reste des filières post-bac et il modifie, avec la nouvelle notation, l’évaluation des connaissances, avec le risque de dévaloriser le diplôme », regrette Louis Vogel, le président de la Conférence des présidents d’université, qui s’est abstenue lors du vote.
Pour Stéphane Tassel, le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup-FSU), « l’absence de cadrage national des intitulés de formation annonce une mise en concurrence accrue des universités, ce qui va rendre impossible la comparaison des diplômes et difficile la mobilité des étudiants ».
Comment cette réforme va-t-elle s’appliquer ?
Présidents d’université, enseignants et étudiants soulignent l’incertitude sur les moyens attribués à la réforme. « Si les leviers financiers sont dégagés par le ministère, la réforme se fera. Sinon non », résume Louis Vogel.« Le ministère nous a déjà demandé de mutualiser les moyens pour faire des économies alors qu’il faudrait des créations de postes », lâche Stéphane Tassel, qui promet une mobilisation à la rentrée. Le ministère explique que les expérimentations en cours vont se multiplier, en vue d’une généralisation de la réforme en 2012.
ESTELLE MAUSSION
14/7/11 - 17 H 38
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire