Le nombre d’IUT est pratiquement stable depuis le début des années 2000 (indicateur 2.18 des RERS 2011) : 112 en 2001-2002, 113 en 2003-2004, 114 depuis cette date. 18 IUT dans les 3 académies de l’Ile-de-France (2 seulement dans celle de Paris), huit dans les académies de Lille, Nancy-Metz, Rennes, un ou deux seulement dans celles de Besançon, Clermont-Ferrand, Corse, Limoges, Nice, Reims, Guyane, La Réunion. Il y en a 6 dans l’académie de Nantes (5.600 étudiants), dont 3 rattachés à l’université éponyme (Nantes, La Roche-sur-Yon, Saint-Nazaire). Chroniques antérieures sur cet IUT : “Directeur de l’IUT de Saint-Nazaire“, ”Faire de la recherche en IUT“, 50 photos de l’IUT.
116.476 étudiants en IUT en 2010-2011 (-1,4% par rapport à l’année précédente), dont 49.479 nouveaux entrants en 1ère année (-2,3% par rapport à 2009-2010) (indicateur 6.4 des RERS). En 2000-2001, les IUT inscrivaient déjà 116.000 étudiants (indicateur 6.7 des RERS). Les DUT deviendraient-ils moins attractifs ? Pas sûr si on se fie aux voeux formulés par les bacheliers 2011 : plus de 115.000 premiers voeux formulés dans Admission post-bac (chronique : “Post-bac : une statistique politique“).
Et pourtant, les premières estimations pour l’année 2011-2012 indiqueraient un nouveau recul de 0,8% des effectifs totaux. Les candidats n’auraient-ils pas le niveau pour passer le cap de la sélection à l’entrée ? Les IUT pratiqueraient-ils une politique malthusienne ? Ou la chute des effectifs serait-elle un effet pervers de la procédure d’admission post-bac ? Ou… ? Autre donnée statistique : la proportion de femmes (39,9%) est nettement inférieure en IUT à celle observée dans l’ensemble de l’enseignement supérieur (56,5%) (indicateur 6.6). Les IUT seraient-ils “sexistes” ?
Les 114 IUT sont organisés en 684 départements, 351 dans le secteur de la production et 333 dans le secteur des services (indicateur 6.7 des RERS). Il y avait seulement 582 départements en 2000 pour un effectif étudiant identique à celui d’aujourd’hui ! Les départements de la production (48.100 inscrits en 2010-2011 contre 48.700 en 2009-2010) ont un effectif globalement stable depuis 1995-1996, en dépit de la diminution des effectifs de l’industrie depuis 1974. Au milieu des années 70, les effectifs dans les départements des services étaient équivalents à ceux du secteur de la production. Ils triplent entre le milieu des années 70 et le début du 21ème siècle (65.600 en 2000-2001) ; ils ne progressent plus guère depuis cette date. En 2010-2011, les départements “tertiaires” sont eux aussi affectés par une chute des effectifs par rapport à l’année précédente : 67.600 contre 68.600.
Et l’IUT de Saint-Nazaire ? 1.500 étudiants selon Ronald Guillen, directeur de l’IUT. Etudiants en licence professionnelle inclus ? Je n’ai pas posé la question et le site de l’IUT ne donne pas de réponse. L’IUT, comme l’université de Nantes d’ailleurs, est avare de données statistiques. Il devrait les fournir en toute transparence !
Une moyenne de 6 départements par IUT en France (un IUT ne peut être de plein exercice que s’il possède 3 départements). L’IUT de Saint-Nazaire se situe exactement dans la moyenne nationale pour le nombre de départements (six), mais, originalité, quatre d’entre eux se situent dans le secteur de la production, industrie et travaux publics. Génie chimique, Génie des procédés : 12 départements en France, 1.217 étudiants en 2010-2011 contre 1.266 l’année précédente. Génie civil : 22 départements, 5.100 étudiants en 2010-2011 contre 5.210 l’année précédente. Génie industriel et maintenance : 25 départements, 1.899 étudiants en 2010-2011 contre 1.873 un an plus tôt. Mesures physiques, 30 départements, 4.613 étudiants contre 4.691.
Deux départements dans le secteur des services. Gestion, logistique et transport : 22 départements en France, 2.723 étudiants contre 2.954 en 2009-2010. Techniques de commercialisation : 83 départements (nombre maximum observé dans les IUT), 20.171 étudiants contre 20.432. Cinq des 6 départements de l’IUT connaissent des baisses d’effectifs au niveau national. Est-ce ou non le cas dans cet IUT ? Lacune de chiffres !
Est-ce pour lutter contre la perte d’attractivité de ses DUT que deux d’entre eux offrent désormais deux parcours de formation ? Est-ce pour rebondir que les IUT ont fortement développé les licences professionnelles ? 2.179 inscrits en 2000-2001, 29.437 inscrits en 2010-2011 (indicateur 6.7 des RERS). L’IUT de Saint-Nazaire n’est pas en reste : 11 licences professionnelles, dans nos “domaines de compétences”, précise le directeur de l’IUT. “Nous les gérons directement ; nous ne les confions pas à des organismes extérieurs” (chronique à suivre).
Mais il est temps de donner la parole au directeur de cet IUT, Ronald Guillen. Point fort du DUT : ”le diplôme est reconnu par le monde économique, les familles, les jeunes. Il permet l’insertion ou la poursuite d’études” (chronique à venir). “Les IUT ont incarné avant l’heure l’esprit de Bologne”. Mais ce point fort est également une faiblesse : ”Le DUT est une formation en deux ans. Les employeurs veulent garder une telle durée de formation, mais ils apprécient beaucoup les licences professionnelles et ils les appuient !”… “Une formation technologique en trois ans, on y viendra progressivement et presque naturellement. C’est logique désormais en Europe”.
L’IUT pourvoit-il ses capacités d’accueil dans les 6 DUT ? “Il est difficile de la pourvoir dans 3 des 4 DUT du secteur de la production ; en génie civil, la sélection demeure forte. Dans un des DUT, on tourne avec une cinquantaine d’étudiants alors qu’on peut en accueillir 78. C’est paradoxal car il y a des offres d’emploi. En génie des procédés, nous avons de fortes relations avec les entreprises. On ne peut fermer les DUT qui recrutent difficilement, car ce serait tourner le dos à l’entreprise“. Pourquoi les étudiants ne sont-ils pas intéressés ? “L’industrie, c’est apparemment un travail qui n’est pas noble”.
Le directeur invoque également la concurrrence des BTS. ”Un des problèmes est que l’offre (le nombre de départements d’IUT et de sections de BTS) est pléthorique. Dans les lycées, les enseignants des filières technologiques captent leurs étudiants pour leurs BTS. Tant que ces deux filières ne seront pas dans une même structure, ce sera la gue-guerre. Il faudra mettre en place une organisation globale, un premier cycle avec un premier semestre commun qui permettra une orientation vers une formation plus spécialisée. Il faudrait également développer l’alternance” (chronique à suivre). Ronald Guillen n’est cependant pas en faveur de la création d’Instituts d’enseignement supérieure, hors des universités (chronique à suivre).
Et Admission postbac ? “La procédure est née en pays nantais. Nous nous sommes bagarrés pour faire évoluer l’outil. Il est intéressant mais ne supprime pas les problèmes observés. Dans un des DUT industriels, nous avons classé beaucoup plus que notre capacité d’accueil et au final, nous avons pris tous les candidats qui cherchaient une place dans ce DUT”.
Prendre tous les candidats. N’en résulte-t-il pas des risques d’abandon en cours d’études ? “Nous ne sommes pas confrontés à la question des abandons. Depuis l’arrêté de 2005, l’assiduité est obligatoire. Notre réglement intérieur prévoit que plus de 6 absences non justifiées entraînent le non-calcul de la moyenne. Avec cette règle, les étudiants font davantage attention. La rentrée ayant lieu début septembre, les premiers résultats tombent vers la Toussaint. Nous repérons les jeunes en difficulté et nous les accompagnons”.
Mercredi, septembre 14th, 2011 at 12:11
http://blog.educpros.fr/pierredubois/2011/09/14/les-dut-moins-attractifs/
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