Le roi du Maroc Mohammed VI et le prince héritier Hassan posant pour la photo de famille avec les membres du nouveau cabinet au palais royal de Rabat, Rabat le 3 janvier 2012. REUTERS/Maghreb arabe presse/Handout |
Le Premier ministre Abdelilah Benkirane a tenu à affirmer que ses déclarations avaient été « sorties de leur contexte ». Lors d’une réunion interne de son parti, le Parti de la justice et du développement (PJD), le Premier ministre marocain avait déclaré à Rabat, le 22 avril, que « l’Histoire nous apprend que les rois n’étaient pas toujours entourés par de bonnes personnes, ils peuvent en fait être entourés par des ennemis qui seront parmi les premiers à les abandonner » et que « le printemps arabe n’est pas encore terminé ».
Ces propos ont été rapportés par la presse arabophone et sont autant de signes annonciateurs d’empoignades entre le PJD et certaines forces politiques qui se proclament hostiles au programme des islamistes.
La controverse est arrivée aussi au Parlement
Pour les Marocains, cela ne fait aucun doute, ces critiques s’adressent aux détracteurs de la réforme des médias publics proposée par les islamistes. Fin mars dernier, en présentant les cahiers de charges des deux chaînes publiques, le ministre de la Communication avait provoqué un coup de tonnerre. Il annonçait notamment l’interdiction de la publicité pour les jeux de hasard ; l’obligation de diffuser les cinq appels à la prière ; un plus grand espace pour les émissions religieuses et une plus grande arabisation des programmes en ciblant leur diversité linguistique, c'est-à-dire la langue française et les émissions de divertissements.
Ces nouvelles mesures, adoptées par la Haute Autorité de la Communication et de l’audiovisuel (HACA), doivent entrer en vigueur à partir du 1er mai.
Ce lundi 23 avril, à la Chambre des représentants, le cahier des charges de la chaîne de télévision 2M a fait l’objet d’un vif débat durant lequel les députés de l’opposition ont reproché à Moustapha el-Khalfi d’avoir « agi seul, dans la précipitation et sans aucune concertation au préalable ». Ce à quoi le ministre de la Communication a répondu qu’il a « consulté 40 instances réunissant divers acteurs sociaux ».
Dans la presse aussi, chaque jour, supporters et détracteurs de cette réforme du cahier des charges s'affrontent. Pour le directeur de la rédaction du journal en ligne Good.ma, Ahmed Nazim, c'est plutôt le signe d'« un débat démocratique sain et inédit au Maroc », a-t-il souligné et ajouté que « ce débat public musclé, c'est très bien ». Ce jeune journaliste s'est dit également convaincu que la réforme du cahier des charges va passer et que les tensions, passagères, vont s'apaiser. « Jusqu'à présent tous les ministres ont échoué dans le projet de moderniser l'audiovisuel public ; le fait que tout le monde s'empare de ce dossier est un bon signe », s’est-t-il réjoui.
Les élections législatives anticipées organisées en novembre ont, pour la première fois, permis aux islamistes du PJD de parvenir à la tête du gouvernement. Ce parti politique a hérité, pour la première fois dans l’Histoire du Maroc, de 12 portefeuilles dans le nouveau gouvernement nommé le 3 janvier 2012.
Par Ursula Soares
Article publié le : mardi 24 avril 2012
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