Complémentaires avec les productions européennes, les fruits et légumes cultivés dans les pays du Sud de la Méditerranée suscitent un intérêt croissant des producteurs du Nord de l’Europe. Les investissements et les partenariats croisés se multiplient.
Quelles sont ces entreprises françaises qui investissent dans les vergers du Sud de la Méditerranée ? Leurs motivations répondent-elle à une volonté de délocaliser la production pour réduire le coût de la main d’œuvre ? Si cet élément entre en ligne de compte il ne semble pas déterminant.
« Le curseur se déplace peu à peu vers une relation de coopération avec une convergence des méthodes de production contribuant à réduire le phénomène de distorsion de concurrence. Les fruits et légumes occupent une place stratégique dans les échanges entre l’Europe et les pays du Maghreb. La libéralisation agricole s’accompagne en parallèle de flux de capitaux Nord Sud et également Sud Nord. Dans la filière fruits et légumes, les investissements se font au Maroc et en Tunisie. Les entreprises investissent dans les cultures de tomates, pêches et melons, intensives en main d’œuvre et présentant des complémentarités avec les productions européennes. Cela permet de proposer aux consommateurs une large gamme de produits, de réaliser des économies d’échelle. La stratégies d’alliance permet de sortir de la logique d’affrontement », détaille Fatima El Hadad Gauthier, chargée de recherche en politique agricole et agro-alimentaire au CIHEAM (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes), à l'occasion du Medfel, le salon euroméditerranéen de la filière fruits et légumes.
De la Crau à Sbkiha
La Melba, producteur français de pêche, cerises, abricots et de nectarines (400 ha à Bouleterre et 280 ha dans la Plaine de la Crau) illustre parfaitement cette coopération avec les pays du Sud. Exploitant de pêches sur 52 ha à Meknassy (6000 t) depuis 2007, la coopérative a pris, en février 2012, quelque 250 ha de vergers à Sbkiha (entre Sfax et Gafsa). Elle y cultive des fruits sur 180 ha et des légumes sur 70 ha en partenariat avec Vert Frais de Cavaillon et la société tunisienne Sadira. « Le facteur humain joue énormément et Mohamed Sahbi Mahjoub, directeur de Sabira, nous a proposé de collaborer sur une exploitation », explique Jean-Pierre Bails, président de la Melba.
En Tunisie, les entreprises étrangères n’ont pas la possibilité d’acheter des terrains agricoles. Elles ne peuvent détenir plus de 66% des parts des sociétés de droit tunisien.
Nouveaux débouchés
Pour Sadira, cette accord permet de prolonger ses exportations sur le marché français au delà du mois de juin. « A compter du 10 juin, les productions marocaines destinées à l’Europe subissent de fortes taxations. Avant ce partenariat, nous étions présents en Europe seulement un mois par an », fait valoir Mohamed Sahbi Mahjoub. En plus de l'Europe, il écoule également sa production aux Emirats Arabes Unis. Cet accord ouvre donc en parallèle pour La Melba des débouchés vers le Moyen Orient.
A l’inverse, la société marocaine Matysha, qui regroupe une trentaine de producteurs, a choisi de s’implanter à Perpignan en France. « Notre défi consiste à produire en Europe. Nous avons aménagé 2700 m2 d’entrepôts froids sur le marché Saint-Charles afin de stocker les productions des exploitants des deux rives de la Méditerranée souhaitant commercialiser leur production. Cette plate-forme permet également l'agréage des produits à l’arrivée avant d’être conditionnés au Maroc. Saint-Charles joue un rôle de plate-forme d’éclatement », souligne Taquie-Dine Cherradi, Pdg du groupe Matysha. Cette implantation en direct réduit le nombre d’intermédiaires. Le groupe Matysha cherche également à importer des productions françaises de kiwis au Maroc. « C’est indéniable, nous constatons de réelles possibilités de développement sur la base des complémentarités », conclut Taquie-Dine Cherradi.
Nathalie Bureau du Colombier
Jeudi 26 Avril 2012
http://www.econostrum.info/Les-producteurs-du-Nord-et-du-Sud-cueillent-les-fruits-de-leur-complementarite_a10050.html
Quelles sont ces entreprises françaises qui investissent dans les vergers du Sud de la Méditerranée ? Leurs motivations répondent-elle à une volonté de délocaliser la production pour réduire le coût de la main d’œuvre ? Si cet élément entre en ligne de compte il ne semble pas déterminant.
« Le curseur se déplace peu à peu vers une relation de coopération avec une convergence des méthodes de production contribuant à réduire le phénomène de distorsion de concurrence. Les fruits et légumes occupent une place stratégique dans les échanges entre l’Europe et les pays du Maghreb. La libéralisation agricole s’accompagne en parallèle de flux de capitaux Nord Sud et également Sud Nord. Dans la filière fruits et légumes, les investissements se font au Maroc et en Tunisie. Les entreprises investissent dans les cultures de tomates, pêches et melons, intensives en main d’œuvre et présentant des complémentarités avec les productions européennes. Cela permet de proposer aux consommateurs une large gamme de produits, de réaliser des économies d’échelle. La stratégies d’alliance permet de sortir de la logique d’affrontement », détaille Fatima El Hadad Gauthier, chargée de recherche en politique agricole et agro-alimentaire au CIHEAM (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes), à l'occasion du Medfel, le salon euroméditerranéen de la filière fruits et légumes.
De la Crau à Sbkiha
La Melba, producteur français de pêche, cerises, abricots et de nectarines (400 ha à Bouleterre et 280 ha dans la Plaine de la Crau) illustre parfaitement cette coopération avec les pays du Sud. Exploitant de pêches sur 52 ha à Meknassy (6000 t) depuis 2007, la coopérative a pris, en février 2012, quelque 250 ha de vergers à Sbkiha (entre Sfax et Gafsa). Elle y cultive des fruits sur 180 ha et des légumes sur 70 ha en partenariat avec Vert Frais de Cavaillon et la société tunisienne Sadira. « Le facteur humain joue énormément et Mohamed Sahbi Mahjoub, directeur de Sabira, nous a proposé de collaborer sur une exploitation », explique Jean-Pierre Bails, président de la Melba.
En Tunisie, les entreprises étrangères n’ont pas la possibilité d’acheter des terrains agricoles. Elles ne peuvent détenir plus de 66% des parts des sociétés de droit tunisien.
Nouveaux débouchés
La complémentarité nord sud permet de mieux achalander les marchés. Photo GT |
Pour Sadira, cette accord permet de prolonger ses exportations sur le marché français au delà du mois de juin. « A compter du 10 juin, les productions marocaines destinées à l’Europe subissent de fortes taxations. Avant ce partenariat, nous étions présents en Europe seulement un mois par an », fait valoir Mohamed Sahbi Mahjoub. En plus de l'Europe, il écoule également sa production aux Emirats Arabes Unis. Cet accord ouvre donc en parallèle pour La Melba des débouchés vers le Moyen Orient.
A l’inverse, la société marocaine Matysha, qui regroupe une trentaine de producteurs, a choisi de s’implanter à Perpignan en France. « Notre défi consiste à produire en Europe. Nous avons aménagé 2700 m2 d’entrepôts froids sur le marché Saint-Charles afin de stocker les productions des exploitants des deux rives de la Méditerranée souhaitant commercialiser leur production. Cette plate-forme permet également l'agréage des produits à l’arrivée avant d’être conditionnés au Maroc. Saint-Charles joue un rôle de plate-forme d’éclatement », souligne Taquie-Dine Cherradi, Pdg du groupe Matysha. Cette implantation en direct réduit le nombre d’intermédiaires. Le groupe Matysha cherche également à importer des productions françaises de kiwis au Maroc. « C’est indéniable, nous constatons de réelles possibilités de développement sur la base des complémentarités », conclut Taquie-Dine Cherradi.
Nathalie Bureau du Colombier
Jeudi 26 Avril 2012
http://www.econostrum.info/Les-producteurs-du-Nord-et-du-Sud-cueillent-les-fruits-de-leur-complementarite_a10050.html
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