La liberté et la responsabilité en matière de création, de marché et de modes de vie permettent le développement de l’esprit de créativité, le cercle économiquement vertueux de l’investissement rentable et l’arbitrage complexe de l’adoption technologique.
L’esprit de créativité s’exprime pleinement quand il inspire les jeunes générations et pour cela imprègne la société et sa culture. Pour s’exprimer facilement dans un domaine précis, il doit aussi s’être exprimé à la vue de ses futurs créateurs dans de vastes domaines. Certaines pensées religieuses, magiques ou tout simplement traditionnelles peuvent freiner ou empêcher cet esprit de créativité. L’immense chance de la civilisation européenne est d’avoir bénéficié des influences greco-romaines et chrétiennes, bien plus rationnelles et libérales que la plupart. Ce n’est donc pas un hasard si les révolutions scientifique, puis industrielle, puis informationnelle sont nées dans les pays de culture européenne. La joie de découvrir, consubstantielle à l’esprit humain, s’y est ainsi épanouie plus vite et plus complètement, avant de voir ses résultats et une grande partie de ses valeurs être adoptés par d’autres cultures.
Outre cette joie de découvrir et cette liberté d’explorer, le processus technologique est aujourd’hui principalement un processus économique participant à des flux commerciaux complexes répondant à des besoins individuels s’intégrant en un contexte social évolutif. Pour connaitre les préférences des consommateurs, pour arbitrer l’affectation des ressources disponibles et pour stimuler l’émergence des meilleures solutions, une économie libre est nécessaire.
Durant près d’un siècle les pays communistes ont prétendu administrer la production, donc la consommation, sans laisser de véritable choix aux individus. Aux premières années de l’URSS, le débat jusque là théorique porté par le marxisme prenait un tour politique spectaculaire, embrasant les sphères intellectuelles de l’Occident. Dès 1920 l’économiste autrichien Ludwig von Mises, dans un article devenu célèbre intitulé Calcul économique dans le marché commun socialiste , souligna la nécessité d’un marché libre pour établir des prix rationnels et pertinents. Dans sa foulée le futur prix Nobel Friedrich Hayek qui sera reconnu notamment pour ses travaux sur l’économie de la connaissance, publiait en 1945 un article complémentaire sur ce thème, intitulé L’utilisation de la connaissance en société. Il expliquait « La concurrence est précieuse précisément parce qu’elle constitue une méthode de découverte qui serait inutile si ses résultats pouvaient être prédits ».
Sans marché libre pas de prix libres. Sans prix libres, pas de mutualisation de l’immense richesse informationnelle portée par les innombrables acteurs économiques et leurs contraintes ou souhaits individuels. Sans cette mutualisation, on ne sait ni arbitrer rationnellement les ressources productives ni même décider quels besoins satisfaire en priorité. Arbitrer rationnellement quelles technologies développer, quels produits adopter, quels chercheurs ou ingénieurs promouvoir, nécessite les flux informationnels portés par les prix libres sur un marché libre. Cet arbitrage, fondamental pour tous les flux économiques est particulièrement crucial pour ceux dont le contexte est rapidement ou amplement évolutif, au premier rang desquels les processus technologiques.
Le communisme prétendait dépasser le libéralisme dans le domaine de la technologie. Hormis certaines technologies militaires hyperfinancées, il n’a finalement réussi que difficilement à dépasser le stade de la recherche fondamentale. A la Chute du Mur, l’écart entre Occident et monde soviétique était immense, des pâtes dentifrices aux voitures, de l’informatique aux soins médicaux. Les régimes communistes avaient pourtant tenté de puiser dans un massif espionnage industriel et un maladroit plagiat des prix occidentaux la connaissance que jamais le socialisme n’a su faire jaillir.
Durant les années 1990 mon travail de recherche puis de jeune entrepreneur a été consacré aux logiciels statistiques capables d’apprendre grâce à l’expérience du monde réel. Les systèmes automatisés mis au point par notre startup française et ses clients mondiaux ont lu une proportion importante des chèques aux USA, filtré des pièces industrielles aéronautiques défectueuses à l’aide d’images infra rouge ou prévu avec une fiabilité inégalée les affluences autoroutières. A la Chute du Mur nous avons suscité l’intégration du grand mathématicien russe Vladimir Vapnik au sein des prestigieux laboratoires privés AT&T Bell Laboratories (depuis dispatchés) qui virent naitre d’innombrables découvertes fondamentales ou technologiques du domaine des technologies de l’information. Les extraordinaires recherches mathématiques de Vladimir Vapnik incorporaient alors en quelques années aux USA et en France des technologies de l’information utiles à la vie de tous. En 30 ans jamais l’URSS n’avait su en tirer parti.
Cependant au prétexte d’une recherche fondamentale prétendument trop en amont pour motiver les entrepreneurs sur des critères lucratifs, les puissances publiques de la plupart des pays ont largement investi le champ de la recherche et biaisé celui de la technologie. Au fil du 20ème siècle les démocraties sociales ont dilapidé des ressources de plus en plus considérables dans une recherche publique subventionnée qui décourage la concurrence privée sans en avoir le dynamisme de l’investissement ni la vision entrepreneuriale.
Là encore, une observation des résultats comparatifs est radicalement éclairante. La France obtient, via les anciens de l’ENS, nombre de médailles Fields récompensant la recherche mathématique faite de réflexion solitaire et d’échanges entre pairs. Cependant la France échoue en matière de prix Nobel scientifiques où dominent les USA dont la recherche est conduite sur contrats commerciaux par des structures concurrentielles aptes à gérer efficacement des coordinations complexes mobilisées de nos jours par les disciplines scientifiques autres que mathématiques.
Au début de la décennie 1990 l’un d’entre nous, mondialement célèbre pour les avancées industrielles qu’il avait portées aux USA envisagea de revenir en France afin d’accorder une éducation francophone à ses enfants. Les grands groupes français, empêtrés dans les grilles salariales restrictives imposées par les syndicats furent incapables de lui proposer un salaire supérieur à une fraction de ce qu’il gagnait alors outre-Atlantique dans un marché de l’emploi libre. Consterné, il prit alors la décision inattendue de rester en pays anglo-saxon, où se trouvaient en outre, une chose engendrant l’autre, les meilleures compétences.
La fin du XXe siècle a vu monter en puissance des problématiques environnementales prétextes éventuels commodes à des filières technologiques parasites peuplées notamment de politiciens véreux, de militants péremptoires, de chercheurs subventionnés ou d’industriels boiteux. L’accroissement du rôle public conduit à un résultat dans la droite ligne de celui prévu par les économistes de l’Ecole des choix publics et perfectionné par l’économiste François Guillaumat : la recherche d’une subvention incite à dilapider à l’avance sa valeur en efforts pour l’obtenir, et son obtention ne signifie pas qu’il en sera fait un usage efficace et loyal répondant réellement aux objectifs recherchés, eux mêmes étant éventuellement par démagogie ou corruption fort éloignés de ce qui serait réellement utile. L’enseignement de l’Ecole des choix publics enseigné par Jean-Jacques Rosa à Sciences Po une année fut empêché l’année suivante. Ses rudes vérités économiques furent jugées trop subversives pour cet établissement formant nombre de futurs haut fonctionnaires et leurs interlocuteurs. L’autruche qui se cache sa tête sous le sol n’empêche pas véritablement le danger de venir. De fait, la fertilité du processus technologique se trouve aujourd’hui menacée par la puissance publique.
Le premier chapitre des relations entre liberté, éthique et technologie est ainsi le respect de la liberté et de la responsabilité des créateurs et des acteurs économiques, qui fonde leur esprit de créativité et se trouve au cœur de la rationalité de leurs décisions. L’arbitraire des puissances publiques porte un vice de mensonge économique, et la liberté du marché est nécessaire à la recherche vertueuse de la vérité économique.
Lien raccourci: http://www.contrepoints.org/?p=73773
Publié le 18/04/2012
L’esprit de créativité s’exprime pleinement quand il inspire les jeunes générations et pour cela imprègne la société et sa culture. Pour s’exprimer facilement dans un domaine précis, il doit aussi s’être exprimé à la vue de ses futurs créateurs dans de vastes domaines. Certaines pensées religieuses, magiques ou tout simplement traditionnelles peuvent freiner ou empêcher cet esprit de créativité. L’immense chance de la civilisation européenne est d’avoir bénéficié des influences greco-romaines et chrétiennes, bien plus rationnelles et libérales que la plupart. Ce n’est donc pas un hasard si les révolutions scientifique, puis industrielle, puis informationnelle sont nées dans les pays de culture européenne. La joie de découvrir, consubstantielle à l’esprit humain, s’y est ainsi épanouie plus vite et plus complètement, avant de voir ses résultats et une grande partie de ses valeurs être adoptés par d’autres cultures.
Outre cette joie de découvrir et cette liberté d’explorer, le processus technologique est aujourd’hui principalement un processus économique participant à des flux commerciaux complexes répondant à des besoins individuels s’intégrant en un contexte social évolutif. Pour connaitre les préférences des consommateurs, pour arbitrer l’affectation des ressources disponibles et pour stimuler l’émergence des meilleures solutions, une économie libre est nécessaire.
Durant près d’un siècle les pays communistes ont prétendu administrer la production, donc la consommation, sans laisser de véritable choix aux individus. Aux premières années de l’URSS, le débat jusque là théorique porté par le marxisme prenait un tour politique spectaculaire, embrasant les sphères intellectuelles de l’Occident. Dès 1920 l’économiste autrichien Ludwig von Mises, dans un article devenu célèbre intitulé Calcul économique dans le marché commun socialiste , souligna la nécessité d’un marché libre pour établir des prix rationnels et pertinents. Dans sa foulée le futur prix Nobel Friedrich Hayek qui sera reconnu notamment pour ses travaux sur l’économie de la connaissance, publiait en 1945 un article complémentaire sur ce thème, intitulé L’utilisation de la connaissance en société. Il expliquait « La concurrence est précieuse précisément parce qu’elle constitue une méthode de découverte qui serait inutile si ses résultats pouvaient être prédits ».
Sans marché libre pas de prix libres. Sans prix libres, pas de mutualisation de l’immense richesse informationnelle portée par les innombrables acteurs économiques et leurs contraintes ou souhaits individuels. Sans cette mutualisation, on ne sait ni arbitrer rationnellement les ressources productives ni même décider quels besoins satisfaire en priorité. Arbitrer rationnellement quelles technologies développer, quels produits adopter, quels chercheurs ou ingénieurs promouvoir, nécessite les flux informationnels portés par les prix libres sur un marché libre. Cet arbitrage, fondamental pour tous les flux économiques est particulièrement crucial pour ceux dont le contexte est rapidement ou amplement évolutif, au premier rang desquels les processus technologiques.
Le communisme prétendait dépasser le libéralisme dans le domaine de la technologie. Hormis certaines technologies militaires hyperfinancées, il n’a finalement réussi que difficilement à dépasser le stade de la recherche fondamentale. A la Chute du Mur, l’écart entre Occident et monde soviétique était immense, des pâtes dentifrices aux voitures, de l’informatique aux soins médicaux. Les régimes communistes avaient pourtant tenté de puiser dans un massif espionnage industriel et un maladroit plagiat des prix occidentaux la connaissance que jamais le socialisme n’a su faire jaillir.
Durant les années 1990 mon travail de recherche puis de jeune entrepreneur a été consacré aux logiciels statistiques capables d’apprendre grâce à l’expérience du monde réel. Les systèmes automatisés mis au point par notre startup française et ses clients mondiaux ont lu une proportion importante des chèques aux USA, filtré des pièces industrielles aéronautiques défectueuses à l’aide d’images infra rouge ou prévu avec une fiabilité inégalée les affluences autoroutières. A la Chute du Mur nous avons suscité l’intégration du grand mathématicien russe Vladimir Vapnik au sein des prestigieux laboratoires privés AT&T Bell Laboratories (depuis dispatchés) qui virent naitre d’innombrables découvertes fondamentales ou technologiques du domaine des technologies de l’information. Les extraordinaires recherches mathématiques de Vladimir Vapnik incorporaient alors en quelques années aux USA et en France des technologies de l’information utiles à la vie de tous. En 30 ans jamais l’URSS n’avait su en tirer parti.
Cependant au prétexte d’une recherche fondamentale prétendument trop en amont pour motiver les entrepreneurs sur des critères lucratifs, les puissances publiques de la plupart des pays ont largement investi le champ de la recherche et biaisé celui de la technologie. Au fil du 20ème siècle les démocraties sociales ont dilapidé des ressources de plus en plus considérables dans une recherche publique subventionnée qui décourage la concurrence privée sans en avoir le dynamisme de l’investissement ni la vision entrepreneuriale.
Là encore, une observation des résultats comparatifs est radicalement éclairante. La France obtient, via les anciens de l’ENS, nombre de médailles Fields récompensant la recherche mathématique faite de réflexion solitaire et d’échanges entre pairs. Cependant la France échoue en matière de prix Nobel scientifiques où dominent les USA dont la recherche est conduite sur contrats commerciaux par des structures concurrentielles aptes à gérer efficacement des coordinations complexes mobilisées de nos jours par les disciplines scientifiques autres que mathématiques.
Au début de la décennie 1990 l’un d’entre nous, mondialement célèbre pour les avancées industrielles qu’il avait portées aux USA envisagea de revenir en France afin d’accorder une éducation francophone à ses enfants. Les grands groupes français, empêtrés dans les grilles salariales restrictives imposées par les syndicats furent incapables de lui proposer un salaire supérieur à une fraction de ce qu’il gagnait alors outre-Atlantique dans un marché de l’emploi libre. Consterné, il prit alors la décision inattendue de rester en pays anglo-saxon, où se trouvaient en outre, une chose engendrant l’autre, les meilleures compétences.
La fin du XXe siècle a vu monter en puissance des problématiques environnementales prétextes éventuels commodes à des filières technologiques parasites peuplées notamment de politiciens véreux, de militants péremptoires, de chercheurs subventionnés ou d’industriels boiteux. L’accroissement du rôle public conduit à un résultat dans la droite ligne de celui prévu par les économistes de l’Ecole des choix publics et perfectionné par l’économiste François Guillaumat : la recherche d’une subvention incite à dilapider à l’avance sa valeur en efforts pour l’obtenir, et son obtention ne signifie pas qu’il en sera fait un usage efficace et loyal répondant réellement aux objectifs recherchés, eux mêmes étant éventuellement par démagogie ou corruption fort éloignés de ce qui serait réellement utile. L’enseignement de l’Ecole des choix publics enseigné par Jean-Jacques Rosa à Sciences Po une année fut empêché l’année suivante. Ses rudes vérités économiques furent jugées trop subversives pour cet établissement formant nombre de futurs haut fonctionnaires et leurs interlocuteurs. L’autruche qui se cache sa tête sous le sol n’empêche pas véritablement le danger de venir. De fait, la fertilité du processus technologique se trouve aujourd’hui menacée par la puissance publique.
Le premier chapitre des relations entre liberté, éthique et technologie est ainsi le respect de la liberté et de la responsabilité des créateurs et des acteurs économiques, qui fonde leur esprit de créativité et se trouve au cœur de la rationalité de leurs décisions. L’arbitraire des puissances publiques porte un vice de mensonge économique, et la liberté du marché est nécessaire à la recherche vertueuse de la vérité économique.
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Publié le 18/04/2012
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