lundi 11 juillet 2011

Numérique et pédagogie

Bruno Devauchelle, formateur au Cepec et président de l’association éditrice du café pédagogique, commente une intéressante enquête Ipsos -Café pédagogique sur l’usage des TIC à l’école. Il observe que « le développement d’Internet (dans le système éducatif) ne touche pas fondamentalement l’acte d’apprendre, sauf pour ce qui est de l’environnement informationnel... Les véritables usages pédagogiques et didactiques des TIC restent encore du domaine de l’innovation et pas de la banalisation. L’approche ministérielle de l’incitation à l’usage des TIC dans l’enseignement à largement pris cette option ».

Selon cette enquête, 66% des répondants font utiliser les TIC par leurs élèves dans leur classe. Il s’agit d’enseignants intéressés par l’informatique, lecteurs du café pédagogique, ce qui est loin de représenter l’ensemble du corps enseignant. La réalité est donc difficile à estimer. L’hypothèse de la pratique pédagogique semblerait tenir selon B. Duvauchelle, Mais il corrige immédiatement le constat apparent : « L’analyse des autres tableaux doit nous alerter sur l’analyse inverse. Enfait l’usage dans le cadre de la classe n’est pas lié à des choix pédagogiques, maisplutôt à des choix culturels : il faut permettre à nos élèves de donner une juste place au numérique dans leur culture. (…) La maturité d’intégration des TIC dansles établissements scolaires touche d’abord la question de l’informationcommunication, c’est à dire la fonctionnalité sociale et culturelle des TIC, mais pasou peu la fonctionnalité pédagogique. En fait le domaine du pédagogique estd’abord un domaine non technique pour la plupart des enseignants. Reconnaissonsle ici, le plus "pédagogique" des TIC est une illusion pour la plupart desenseignants. Au contraire même, à entendre de nombreux témoignages, les TICgênent la pédagogie et donc ne favorisent pas réellement les apprentissages, sauflorsque les contenus de ces apprentissages sont liés à ces technologies ». ...

Nous envisageons d’ouvrir un nouveau dossier sur ce problème et de solliciter les avis des plus grands spécialistes du monde de l’éducation et du monde de la numérisation.

Ouvrons simplement quelques pistes ou provocations à la réflexion :

1° l’éducation du futur devra faire le pari de l’intelligence en optimisant les potentialités du cerveau et celles des technologies nouvelles. Le développement de l’intelligence générale au sens donné par Edgar Morin entre autres doit devenir un objectif transversal explicite et lisible au-dessus des objectifs disciplinaires

2° l’éducation du futur devra permettre à l’élève (enfant, jeune, adulte) de construire ses savoirs et ses compétences par une démarche active de construction personnelle ou en groupe. La part du temps donné à l’expression réelle des élèves doit être fortement augmentée avec une valorisation du « je pense que » du « tu » et du « nous ». Il s’agit à la fois de favoriser la prise en compte des savoirs initiaux et des représentations des élèves, leurs savoirs et réflexions extra scolaires et d’abandonner le jeu traditionnel des questions fermées prévues et des réponses attendues, sans expression de la pensée

3° l’éducation du futur devra développer l’importance de la métacognition en lien logique avec les deux axes précédents. La description des cheminements de la pensée et du raisonnement, la comparaison des procédures, le dialogue élève / élèves en autonomie ou accompagné, les phases d’élaboration de conclusions provisoires, de formulation de nouveaux problèmes, d’ouverture de nouvelles recherches et de nouveaux tâtonnements expérimentaux seront nécessairement valorisés. ...

Nous n’en sommes pas là. Malraux écrivait : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Faisons le pour que l’école du futur ne soit pas qu’un ravalement de façade de l’école du passé.

Pierre Frackowiak
lundi 11 juillet 2011

Lire le texte intégral  http://www.educavox.fr/Numerique-et-pedagogie

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